1-2-2-La
déconstruction statutaire des détenteurs de terres
Selon Akaffou, l'exploitation minière a
générée une situation anomique caractérisée
par la multiplicité de propriétaires de terres et la
montée des répertoires de justifications. Dans cette situation
selon lui, les acteurs font usage de rhétoriques, de constructions
d'acteurs symboliques pour s'approprier le titre de propriété de
parcelles au détriment des ayants droits.
Ce discours traduit une stratégie de
légitimation de certaines catégories sociales aux dépens
d'autres par la mobilisation du référent l'idéologique de
l'autochtonie. Celui-ci dégage de la même occasion la
représentation sociale de la rente foncière. En fait, cet acteur
en plus d'être chef de village, est vice-président du
comité et aussi détenteur de terre. Il appartient
également au groupeethnique Dida. A cet effet, certains acteurs à
priori sont construits comme n'étant pas propriétaires terriens
à Hiré. Il s'agit plus particulièrement des migrants. Du
coup, ce discours vise une disqualification aprioriste des allochtones et
allogènes de la propriété foncière pour faciliter
l'appropriation des indemnisations liées à la terre aux
autochtones.
De même, au sien des familles autochtones, la
représentation de cette rente entraine l'effritement du tissu social au
profit de la montée des individualismes. Cette configuration des
rapports sociaux met en lumière des relations de rejet,
d'inégalité et de conflitentre allogènes, allochtones et
autochtones. Au niveau des pratiques symboliques, il s'observe des pratiques
de surenchère d'arbitrage, d'appropriation individuelle de la rente
foncière et d'affaiblissement des liens de parenté.
Extrait du discours d'Akaffou
« Je le dis parce que cette histoire d'or fait
qu'il y a aujourd'hui de grands menteurs. Des gens qui sortent de n'importe
où pour s'accaparer les terres».
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1-2-3-Le cadre social de
gestion des conflits comme élément de fabrication des
perceptions différenciées du statut du comité.
Selon Dago, la qualité de gestion des conflits fonciers
fait appel à des critères d'objectivité,
d'impartialité et de confiance. La dialectique entre cet idéale
et les réalités effectives qui ont cours au sein du comité
mettent en difficultés l'impartialité des membres face aux
acteurs en situation de conflits. Sur ce,la question de la durabilité de
la gestion d'un cas de conflit donné et la reconnaissance sociale des
membres du comité par les populations locales en sont des enjeux.
En réalité, ce discours traduit un rapport de
force entre les membres du comité et les populations locales dans
lequel les premiers sont déjà inscrits comme dominants. Cela met
également en lumière une forme d'hégémonie qui se
caractérise par le pouvoir exclusif dévolu aux membres du
comité quant à la gestion des conflits fonciers liés aux
compensations agraires et foncières. Ce pouvoir absolu s'accompagne de
la légitimation de la surenchère d'arbitrage. Cette perception
traduisant la négation du statut du comité induit des relations
d'influence,de dépendance, de rejet, d'opposition et de conflit entre
les membres du comité et les populations locales. De même, ces
types de relations sont observables entre le comité et les autres
structures de gestion et d'arbitrage des conflits.Il s'observe également
des relations de collaboration entre la société Newcrest et le
comité de gestion. Ainsi donc,la multiplicité des instances
d'arbitrageinduit la production de normes contradictoires. Du côté
des acteurs en situation de conflit, ceci s'opère par les
contournements des instances de gestion.
Extrait du discours de Kouassi :
« Il y a trop de malhonnêteté au
niveau de la gestion des conflits. Le comité de gestion foncière
ne fonctionne pas bien. Surtout dans les villages, les personnes au sein du
comité font du faux. Ils gèrent les conflits en fonction des
liens qu'ils entretiennent avec les concernés. Il faut que le
comité fasse correctement le travail. Il doit être
impartial ».
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