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Le rôle disciplinaire des OPA durant la vague de rachats des années 80 aux USA.

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par Antoine SUZZONI
Université de Nice Sophia Antipolis - DEA MASTER 2 2004
  

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§5 Les risques inhérents au LBO

Si le fort taux d'endettement a des avantages, il a aussi des inconvénients. Durant la deuxième moitié des années 80 environ un tiers des LBO ont été mis en cessation de paiement . Plusieurs explications ont été avancées, la plus communément admise est celle de la surévaluation des firmes cible lors des rachats. Les très bonnes performances des LBO lors de la première moitié des années 80 ont été à l'origine de la multiplication du nombre d'offreurs potentiels, précisons que les enchères pour le rachat de firmes ont été nombreuses à cette époque. Les offreur se sont véritablement affrontés, ce qui les a conduits à surévaluer les cibles ( Holmstrom et Kaplan 2001) .

En matière de LBO il n'existe pas de règle absolue pour déterminer le levier optimal ; on est dans le domaine du sur mesure (Chérif 2004). Ces rachats, lors desquels les cibles ont été surévaluées, ont été à l'origine de montages financiers trop tendus. Il est arrivé que le montant de la dette soit dix fois supérieur à celui des capitaux propres (Jensen 1988). Dans ces circonstances, les dividendes remontés au holding sont si élevés que la firme ne peut financer son BFR ou des investissements nécessaires au maintient et au développement de son activité .

On peut aboutir à des situations de sous investissement concernant l'outil industriel,  les systèmes d'information ou la recherche et développement et finir avec des équipements non adaptés aux contraintes réglementaires . Ainsi un fort taux d'endettement peut se traduire à long terme par une diminution de la valeur de l'entreprise. A ce sujet Stulz (1990) cité par Shérif (2004) souligne que dans les firmes où le free cash-flow est insuffisant, l'utilisation de la dette peut entraîner une diminution de la richesse des actionnaires. En effet dans une telle situation, les dirigeants ne peuvent pas convaincre les actionnaires que les fonds sont insuffisants pour investir dans tous les projets rentables. Ceci est dû à une asymétrie d'information entre actionnaires et dirigeants .

Dans une entreprise lourdement endettée, appartenant a une industrie high-tech , si un choc technologique se produit elle risque de ne pas avoir les moyens d'investir massivement et rapidement pour ne pas perdre ses parts de marché, on a donc un exemple de l'impact négatif de la dette sur la richesse de l'actionnaire .

Bien souvent, ces situations de surendettement conduisent à la mise en cessation de paiement des entreprises concernées. Même si les méthodes d'évaluation sont de plus en plus sophistiquées  «  monter un LBO , c'est faire un pari sur la rentabilité future de l'entreprise, sur sa capacité à maintenir ou à faire progresser ses parts de marché » Cherif (2004).

Le deuxième écueil qui guette les LBO correspond aux retournements conjoncturels, ils peuvent entraîner soit une baisse du chiffre d'affaire soit une augmentation des coûts d'achat ou encore l'apparition de charges ou d'investissements exceptionnels nécessaires au maintient de l'activité (par exemple notre principal concurrent sort un nouveau produit qui rend le notre obsolète). Ainsi on va avoir des cash-flow inférieurs à ceux qui étaient prévus dans le business plan initial du LBO et donc insuffisants pour servir le remboursement de la dette .

Cela nous conduit à nous interroger sur l'utilité d'un certain pouvoir discrétionnaire pour le manager et de la présence d'un trésor de guerre dans les caisses de l'entreprise.

Incontestablement, c'est la discipline imposée par la dette qui permet de réduire les coûts d'agence. Ainsi on explique les très bonnes performances des LBO et par là même les sources des gains issus des rachats .

D'une certaine manière la dette permet de légitimer la discipline imposée. Plus précisément, les restructurations sont entreprises sans états d'âme, elles font partie du plan de remboursement de la dette.

Concernant la réduction du pouvoir discrétionnaire des managers  il n'y a pas que des aspects positifs. Si un endettement trop faible peut conduire à une diminution de la valeur de l'entreprise à cause des investissements non rentables réalisés par les managers, un endettement trop fort peut aussi se traduire par une diminution de la valeur de l'entreprise (parce que l'entreprise n'aura pas les moyens de faire les investissements nécessaires au maintien de l'activité ).

Jensen (1988) nous dit : « Le ratio optimal dette/actions est celui qui maximise la valeur de la firme ; le point où les coûts marginaux de la dette compensent juste le profit marginal. »

Le problème réside dans le fait que des évènements imprévisibles peuvent se produire ; l'avenir est irréductiblement incertain. Aucune entreprise n'est à l'abri d'une nouvelle technologie lancée par un concurrent qui l'obligerait à investir à son tour pour ne pas perdre ses parts de marché. Ainsi vouloir enlever tout pouvoir discrétionnaire au manager en lui imposant un taux d'endettement maximal correspond à une importante prise de risque pour l'investisseur.

L'idéal est d'avoir un taux d'endettement qui permette à l'entreprise d'avoir une marge de manoeuvre en cas de problème. C'est là que le conseil d'administration doit jouer pleinement son rôle de contrôleur et de guide pour les managers.

Quoi qu'il en soit, le LBO dépasse aujourd'hui le statut de montage juridico- financier et apparaît comme un modèle emblématique de gouvernement d'entreprise. Il a permis de démontrer que les grandes entreprises cotées dans les années 80 aux Etats Unis étaient loin d'être efficientes. Le mode de gestion des LBO dans les années 80 a servi d'exemple aux managers des firmes cotées, les LBO ont forcé les dirigeants à admettre que tous les capitaux ont un coût et ainsi contribué à imposer la shareholder value.

Le financement des LBO par les junk bonds a véritablement bouleversé le fonctionnement de l'économie américaine dans la mesure où pour la première fois dans l'histoire, la taille n'était plus une protection contre les OPA.

Face à cette menace, les managers des firmes cotées ne sont pas restés sans réactions. Au début de la décennie ils ont commencé par endetter leurs firmes

afin de racheter leurs propres actions, puis,  durant la deuxième moitié de la décennie la riposte s'est organisée sur le terrain juridique.

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