I.2. Mise en évidence de l'effet de la
libéralisation du compte de capital sur la croissance
économique
Dans la pratique, l'impact de la
libéralisation du compte de capital sur la croissance économique
est étroitement fonction des conditions initiales et des politiques
adoptées dans les pays, y compris un cadre macroéconomique
favorable et pratique. La libéralisation du compte de capital est un
processus complexe dans la mesure où sa réussite nécessite
l'adoption de séquences appropriées et une coordination avec les
politiques macroéconomiques et structurelles dans le but de renforcer le
système financier intérieur. Plusieurs modèles
théoriques ont identifié un canal direct aussi bien qu'indirect
par lequel l'ouverture financière est susceptible de promouvoir la
croissance dans les pays en développement. A s'en tenir aux travaux
d'Edison et al. (2002), c'est à travers un meilleur ajustement
du déséquilibre entre l'épargne et l'investissement, une
bonne diversification du risque et un ajustement de la volatilité du
taux de croissance économique que la libéralisation du compte de
capital agit sur a croissance économique d'un Etat.
I.2.1. La libéralisation du compte de capital et
le réajustement du déséquilibre entre l'épargne et
l'investissement
En se référant à la théorie
néoclassique, il existe plusieurs canaux par lesquels la
libéralisation financière affecte la croissance. D'abord, le
libre mouvement des flux de capitaux permet la diversification du risque tout
en poussant à la baisse le coût du capital, d'où un effet
prix positif et relativement permanent (Bekaert et Harvey, 2000). Il permet
aussi d'accroître l'investissement, de lisser la courbe de consommation,
d'épargne et d'investissement, d'où l'accélération
de la croissance et donc l'amélioration du bien-être en offrant
une meilleure allocation des ressources, en l'occurrence des risques et de
l'épargne. En effet, la mobilité des capitaux permet au projet
d'investissement rentable un financement. D'autre part, un titre financier est
un échange de liquidité disponible dans le futur. Autrement dit
c'est un échange de risque. La libre circulation des capitaux permet
donc une mutualisation des risques. Il existe aujourd'hui une très large
littérature sur l'impact du développement des marchés
financiers et de l'intermédiation sur la croissance. Obstfeld et al.
(2003) montrent qu'en diversifiant son portefeuille sur les marchés
mondiaux, l'investisseur peut faire plus d'investissement rentable dans son
propre pays, ce qui favorise la croissance nationale. L'idée est que
l'accès aux marchés de capitaux internationaux permet un
découplage entre l'épargne et l'investissement national.
De plus, en se référant à la
théorie économique classique, la mobilité des capitaux
permet une allocation optimale de l'épargne mondiale et permet d'attirer
des financements pour des projets d'investissement productifs. Il en
résulte une meilleure diversification du risque et incontestablement, un
remède aux déséquilibres entre épargne et
investissement (Eggoh, 2010). Les flux de capitaux représentent les
transactions intertemporelles d'actifs financiers entre plusieurs pays. En
effet, ils permettent à un pays qui se trouve dans une situation
d'épargne excessive sur une période donnée de profiter
d'opportunité d'investissement dans un autre (Fuchs-Schundeln et Funke,
2001). Il est évident que le taux de rendement dans le dernier pays soit
plus élevé. Ce transfert permet aux deux pays d'atteindre des
niveaux de bien être plus élevé et une croissance plus
forte. Autrement dit les agents économiques peuvent emprunter lorsque
leurs revenus sont faibles et rembourser lorsqu'ils sont élevés,
ce qui a pour effet de lisser la courbe de consommation, d'épargne et
d'investissement. L'accès au marché de capitaux internationaux
permet donc d'assouplir les fluctuations du cycle économique en
évitant aux ménages et aux entreprises de limiter radicalement
leur consommation, leur épargne et leur investissement.
L'intérêt de la libéralisation du compte de capital est
donc central pour le réajustement de ce déséquilibre.
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