La mondialisation financière et croissance économique au Cameroun.( Télécharger le fichier original )par ATIKOU HAOUA ABOUBAKAR Université de Ngaoundere - Maitrise 2014 |
II. Théories, facteurs et critiques de la croissance économiqueDans la section précédente, nous avons donné la définition, la nature et les différents modèles de croissance. Toujours dans une visée théorique, la deuxième section va se baser sur la numération des différentes théories de la croissance économique d'une part, ainsi que, l'analyse des différents facteurs et les critiques de la croissance économique proposées par les auteurs, d'autre part. II.1. Les théories de la croissance économiqueLes théories de la croissance économique appréhendées dans la littérature économique sont de deux ordres : les théories l'éxogénéité de la croissance économique qui ne prennent pas en compte les aspects mesurables de l'économie et les théories de l'endogénéité de la croissance économique qui considèrent la croissance économique comme un phénomène parfaitement dépendant de l'activité économique. II.1.1. Les théories de la croissance économique exogèneComme nous l'avons signalé précédemment, les théories de la croissance exogène considèrent la croissance économique comme un phénomène indépendant de l'activité économique et des variables mesurables de l'économie. Nous allons développer dans les lignes qui suivent les différentes positions des partisans de ces théories. II.1.1.1. Weber et les rendements décroissants Selon Weber (2011), la décroissance est un concept selon lequel l'accroissement permanent de la démographie mondiale et la croissance économique censée en découler ne sont pas des bienfaits pour l'humanité, mais représentent des dangers pour l'environnement, pour la paix, voire, selon les prévisions les plus pessimistes, pour la survie de l'Homo sapiens en tant qu'espèce. Les partisans de la décroissance affirment que la recherche d'une évaluation de l'évolution des richesses, liée aussi bien à des besoins politiques que scientifiques, a conduit les économistes à créer des indicateurs ne prenant en compte que les aspects mesurables des richesses qui sont unifiées à travers leur équivalence monétaire. Les tenants de la décroissance arguent que la mesure du PIB est une mesure abstraite ne prenant pas en compte le bien-être des populations ni la pérennité des écosystèmes.En effet, de nombreux éléments de la richesse ne sont pas pris en compte dans la mesure du PIB : les ressources naturelles, mais aussi les loisirs non marchands, les activités sociales et politiques qui représentent des déterminants importants de la qualité de vie perçue. Réciproquement, certaines activités sont prises en compte dans la mesure du PIB et sont pourtant généralement perçues comme n'allant pas dans le sens de « l'utilité et la jouissance de l'espèce humaine» (Weber, 2011). II.1.1.2. Malthus et la loi de la population Malthus (1820)8(*)fut l'un des premiers à se questionner sur la viabilité d'un accroissement indéfini de la population. Ce dernier chercha les causes du malheur des pauvres et proposa nombre desolutions pour les sortir de la misère. Selon lui, la cause de la pauvreté est le manque de nourriture dû à un accroissement trop grand de la population. Ce dernier a une position ecclésiastique par rapport aux travailleurs improductifs qui permettent de réaliser en tout état de cause une demande effective. Ainsi conclut-il, il faut « dans tout État un corps d'individus voués à différents genres de services personnels [...] des hommes d'État pour gouverner, des soldats pour défendre le territoire, des juges et des avocats [...]»9(*). Les adeptes de la critique malthusienne ne sont, quant à eux, pas valablement de cette avis. Pour eux, il faut présenter la population selon des catégories bien distinctes. C'est dans ce sens que Reugoat (2004) suggère de séparer la population en catégories active et inactive. Dans la population inactive, on retrouve des impotents, des voleurs et des chômeurs et dans la population active, on trouve des contributeurs à la croissance économique du pays. Dans la même perspective, Levi-Strauss (2008) souligne qu'un dénombrement permettrait d'identifier les personnes oisives de la société afin de les allouer des tâches précises. Il faut donc absolument contrôler la GRH afin d'affecter efficacement les chômeurs à des emplois dans l'industrie. Une meilleure connaissance des caractéristiques de la population s'avère importante. II.1.1.3. Théorie de la croissance instable de Harrod-Domar Le modèle Harrod-Domar est le premier modèle économique formalisé de lacroissance. Ce modèle a ouvert la voie aux modèles modernes de la croissance, en particulierau modèle de Solow. Le modèle Harrod-Domar vise à étendre sur la longue période lathéorie générale de Keynes, qui ne portait que sur le court terme. Tout comme la théorie générale, il vise à faire ressortir le caractère instable de la croissance économique, et la nécessité de l'intervention étatique. Ce modèle, même s'il est un peu « rudimentaire »etsoumis à nombreuses critiques, constitue un élément de base essentiel à la compréhension demodèles de croissance plus sophistiqués. Pour Domar (1957), l'investissement est une dépense considérée comme une variation du stock de capital qui dégage des capacités de production. L'hypothèse de Domar évoque que tout investissement a deux effets. A court terme, il augmente la demande globale puisqu'il implique une demande des biens de production. Au-delà de la courte période, l'investissement a également un effet sur l'offre : il conduit, en effet, à accroître les capacités de production. A ce niveau, Domar admet que l'investissement ne fait pas qu'augmenter le revenu de l'économie mais également augmente les capacités de production. Naturellement, ce sera logique de penser à première vue que, pour ne pas créer déséquilibre entre investissement et production, il faut que l'investissement soit tel que l'effet créateur de revenu et l'effet augmentation des capacités de production doivent être égaux. Harrod (1960)quant à lui va soutenir l'argument de son prédécesseur d'impossibilité d'une croissance équilibrée. Dès lors, la croissance ne peut qu'être instable et conduire soit à un suremploi des facteurs de production conduisant à l'inflation, soit à un sous-emploi aboutissant à un chômage permanent. Selon Harrod, le capitalisme est donc incapable de maintenir le plein-emploi. Sous l'influence de Keynes, Harrod appuie son raisonnement sur les anticipations de débouchés des entrepreneurs. II.1.1.4. Le modèle néoclassique de Solow L'intérêt du modèle de Solow (1957) est de mettre en avant le rôle crucial du progrès technique dans la croissance économique. Selon ce modèle, la croissance économique s'explique par trois paramètres : les deux premiers sont l'accroissement des principaux facteurs de production (le capital et le travail) et le troisième, le progrès technique. C'est surtout la qualité du travail qui détermine la croissance (beaucoup moins que sa quantité). Ainsi, on travaille moins et pourtant pour produire plus, grâce notamment au progrès technique incorporé dans le capital, ce qui exige une qualité de travail plus élevée, ceci du fait de moyens et méthodes de production de plus en plus sophistiqués et fortement exigeant en qualification. Il apparaît certain que travailler plus en nombre d'heures et en qualité effective, si les revenus sont proportionnels à la hausse de la productivité, joue en faveur de la croissance économique. Si la théorie de la croissance exogène ne prend pas en compte les motifs économiques liés à la croissance, qu'en est-il des théories de la croissance endogène ? * 8 Malthus T. R. 1798. « Essai sur le principe de population », Collection des principaux économistes, 687 p., cite par Brodeur A. (2010), « Etat, économie et population : de Malthus a Keynes et Myrdal », mémoire de maîtrise en Sciences Economiques, Université du Québec, Montréal. * 9Malthus T. R. (1820), « Principes d'économie politique », Préface de Jean-François Faure-Soulet. Paris : Calmann-Lévy, 366 p., cite par Brodeur A. (2010), « Etat, économie et population : de Malthus a Keynes et Myrdal », mémoire de maîtrise en Sciences Economiques, Université du Québec, Montréal. |
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