2.3. Quelles en sont les conséquences ?
Les stéréotypes influencent l'attribution
causale, celle-ci influence le jugement porté sur la
responsabilité de la personne et les prédictions quant à
son comportement futur, et ces trois facteurs influencent les décisions
prises à propos de l'individu stéréotypé qui peut
ainsi être à l'origine de discriminations.
La tendance spontanée à organiser l'afflux
d'information sociale en ensembles stéréotypés de traits
ne serait pas si grave si les sujets savaient ce qu'ils faisaient. Mais nous ne
sommes pas
tous conscients des effets déformants des
stéréotypes sociaux implicites sur les jugements qu'ils
portent.
Dans le monde du travail, l'attribution causale du
succès et de l'échec joue un rôle crucial dans toutes les
décisions concernant l'évaluation du salarié, sa
rémunération, son avancement, voire son licenciement. Tout
indique qu'en l'absence de mesures correctrices, des biais
systématiques d'attribution causale désavantageront les membres
de certains groupes stéréotypés.
2.4. Contrôler le biais implicite
Wilson et al. (1994) ont avancé le postulat que les
principales sources d'erreur de jugement chez les individus se divisent en deux
grands types :
? Les erreurs du premier type proviennent de
l'ignorance ou de l'application incorrecte des règles normatives
d'inférence
? Les erreurs du second type résultent
d'un phénomène qu'ils appellent « contamination mentale
». C'est ce qui se produit quand le jugement ou le
comportement d'une personne est dévié par des
processus mentaux inconscients
Pour ces auteurs, la correction des erreurs de jugement dues
à une contamination mentale est difficile, notamment parce que ce n'est
pas en enseignant aux gens telle règle à suivre dans la prise de
décision qu'on peut lutter contre des processus inconscients. Par
exemple, un cadre qui évalue ses subordonnés pour décider
de ceux qui auront une augmentation, peut connaître la loi qui interdit
toute forme de discrimination. Le fait de connaître les règles
peut permettre d'éliminer une politique consciente
consistant à exclure d'emblée certains groupes,
mais elle ne peut pas empêcher ou corriger les
phénomènes subconscients relatifs aux stéréotypes,
à l'attribution causale ou à l'inférence spontanée,
parce qu'elle ne fournit pas d'outillage permettant sa propre application.
Comme l'expliquent Wilson et Brekke (1994), trois conditions
doivent être satisfaites si l'on veut maîtriser les « biais de
jugement » que nous avons exposés :
27
? Premièrement, il faut connaître
leur existence et avoir la volonté de les corriger
28
? Deuxièmement, il faut disposer de suffisamment
d'informations et être tenu de se conformer à une procédure
de prise de décision structurée
? Troisièmement, il faut disposer de suffisamment
d'attention, d'informations et d'autres ressources cognitives pour corriger les
effets de ces influences indésirables
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