2. Origine et concepts
2.1. Aux Etats-Unis
La notion de diversité est une notion importée
des Etats-Unis. Dans le années 1960, à la suite des luttes pour
les droits civiques des minorités raciales et des femmes, les employeurs
ont dû adopter des politiques visant l'égalité des chances
appelées « Equal Employment Opportunities » (EEO).
Ces premières initiatives visaient à prévenir les
discriminations par l'adoption de procédures de gestion non
discriminatoires. Peu de temps après, il a été reconnu que
ces initiatives étaient insuffisantes et qu'ils fallaient prendre des
mesures correctrices pour compenser la discrimination dont font l'objet
certains groupes. Le gouvernement a ainsi incité les entreprises
à mettre en place des pratiques de « Affirmative Action
» (AA) favorisant les minorités raciales. L'objectif
étant que les décisions prises conduisent à l'embauche, la
promotion et la fidélisation de membres des groupes concernés
(femmes, minorités, handicapés) (Milkovitch et Boudreau, 1994).
De l'EEO à l'AA, il y a donc eu un passage d'un objectif
d'égalité des chances à des mesures de discriminations
positives.
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Dans les années 1980, ces politiques ont
été remises en question par les entreprises. Une nouvelle
problématique managériale, dénommée « gestion
de la diversité » a émergé. Aux yeux de ses
promoteurs, la gestion de la diversité serait susceptible de mieux
concilier enjeux économiques des entreprises et enjeux sociaux.
Très vite, cette approche connaît une expansion et commence
à se répandre en Europe.
2.2. En Europe
L'Union Européenne traite la diversité sous
l'angle de l'égalité professionnelle entre les hommes et les
femmes. Des mesures positives (concernant notamment les thèmes de la
rémunération, la formation, l'accès à l'emploi et
la promotion professionnelle) sont encouragées dans certaines
législations nationales dès les années 1980.
Dix ans plus tard, les entreprises européennes abordent
cette thématique dans le cadre plus large de la responsabilité
sociale des entreprises (RSE).
2.3. En France
La question de l'égalité professionnelle
hommes-femmes est une des bases essentielles de la notion de diversité
en France. Le point de départ n'est pas le même qu'aux Etats-Unis,
puisque le modèle de référence français est
différent : il s'agit du modèle républicain qui stipule
que « tous les hommes naissent et demeurent libres et égaux en
droits » selon la déclaration des Droits de l'homme de 1789. En
1998, le débat sur la parité en politique revient, suivi du
rapport Génisson un an plus tard. Il instaure l'obligation pour les
entreprises de diffuser des indicateurs précis sur la situation des
hommes et des femmes et de négocier sur l'égalité
hommes-femmes. Progressivement, il y a un glissement qui se fait de la
problématique de l'égalité professionnelle à celle
de la diversité.
C'est à partir des années 2000, et avec le
rôle intermédiaire joué par les pays de l'Europe du Nord
plus tournés vers le modèle anglo-saxon, que la France est
amenée à intégrer des notions de diversité. Et cela
provoque une prise de conscience de la part des pouvoirs publics et des
entreprises, et la question de l'intégration effective de la
diversité dans le travail se pose.
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