3.2. Historique de la varroase
Le Varroa a été récolté
pour la première fois par l'entomologiste Edward Jacobson sur des
abeilles de l'espèce Apis cerana de l'île de Java. Le Dr.
Oudemans, acarologue hollandais en a fait la première description en
1904 et lui a donné le nom de Varroa jacobsoni en hommage
à son découvreur (Oudemans, 1904). Varroa jacobsoni est
donc le parasite de l'abeille Apis cerana dont l'aire de
répartition, principalement asiatique, était
séparée de celle d'Apis mellifera par les zones
désertiques d'Iran et d'Afghanistan à l'ouest et les
régions sibériennes froides au nord. La relation
hôte-parasite existante entre l'abeille Apis cerana et l'acarien
est actuellement dans un état d'équilibre, si bien que Varroa
jacobsoni ne constitue pas aujourd'hui une menace pour Apis cerana
(Donzé, 1995).
Le parasite a été observé en 1951
à Singapour (Gunther, 1951), en 1953 en URSS (Breguetova, 1953). Le
passage de Varroa de son hôte originel Apis cerana
à son nouvel hôte Apis mellifera a sans doute eu
lieu au cours des années 1940 ou 1950 (Grobov, 1976). L'importation de
colonies d'abeilles de l'espèce Apis mellifera en Asie
où elles n'étaient pas présentes, dans les années
1930, a donné l'occasion de passer sur cet hôte fraîchement
arrivé (Donzé, 1995). La première observation de
Varroa dans le couvain d'Apis mellifera aurait eu lieu en
Corée dans les années 1950 (Topolska, 2001). Cette même
observation a été réalisée en 1958 au Japon et en
Chine (Ian Tsin-He, 1965; Topolska, 2001), en 1963 à Hong Kong et aux
Phillippines (Delfinado, 1963).En 1970, le parasite a été
découvert dans des ruchers bulgares. Il s'agit probablement de la
première description du parasite sur le continent européen
(Grobov, 1976). En France, la première observation de colonies
d'abeilles infestées par Varroa a été faite en 1982 (Colin
et al. 1983). En Tunisie, la varroase a été
découverte en 1976. L'Algérie est déclarée
infestée en 1981. En Espagne la maladie a été
dépistée pour la première fois en 1985. La varroase a
été déclarée en Portugal en 1988. Récemment,
en 2010, le Varroa a fait son apparition au Madagascar.
Au Maroc, deux enquêtes pour le dépistage de la
varroase ont été effectuées en 1981 et 1988 et ont
concerné l'ensemble du territoire national et notamment les zones
frontalières. Ces enquêtes n'ont pas révélé
la présence de Varroa et ce n'est qu'au mois d'Août 1989
que la varroase a été déclarée pour la
première fois dans la région du Loukkos
(précisément le 18 Août 1989) après confirmation par
les laboratoires
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d'Analyses Vétérinaires de Tanger et de
Casablanca ainsi que par le département de parasitologie de I.A.V.
HASSAN II (Rabat). La maladie s'est en suite propagée rapidement dans
d'autres régions et ce, en dépit des mesures d'urgences qui ont
été prises. Actuellement aucune région ne peut en
être déclarée indemne.
Vu qu'au moment de la déclaration, 1'infestation dans
ces zones était faible, la possibilité de l'introduction de la
varroase au Maroc par la voie naturelle (vol naturel d'essaims) est à
écarter, d'autant plus que le stade le plus avancé de la varroase
a été dépisté dans la province de Kénitra et
de Larache (zones éloignées des frontières) (El Bouhamid,
1994).
A travers le monde, ce n'est qu'en 1966 que l'on
déclare officiellement le danger et les dommages potentiels, pour
l'apiculture, provoqués par l'extension du parasite. La
répartition du Varroa dans les ruches est dès lors
devenue, au gré des échanges internationaux d'abeilles (colonies,
reines), peu à peu mondiale.
En 2000, Anderson et Truemann, dissocie l'acarien initialement
Varroa jacobsoni en 2 espèces distinctes. Le nom de
l'espèce qui regroupe les acariens infestant l'abeille domestique
Apis mellifera est désormais Varroa destructor. De nos
jours, de part le monde, peu de territoires sont épargnés par
l'infestation des colonies d'Apis mellifera par le Varroa
(Figure 4). Notons que l'Australie est encore l'un des territoires
déclarés indemnes de l'infestation grâce à la mise
en oeuvre de protocoles de quarantaine en cas d'introduction de colonies
d'abeilles (Anonyme, 2013).
![](Caracterisation-chimique-des-huiles-essentielles-de-differentes-provenances-de-thymus-satureioides7.png)
Figure 4. Répartition géographique de
Varroa destructor (Ellis et Zettel Nalen, 2010).
(Les zones colorées en rouge indiquent la
présence de Varroa destructor sur le territoire)
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