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Mutations et devenir des paysanneries de l'opération Yabassi Bafang.

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par Basile TENE
Université de Yaoundé - Maîtrise 1 2016
  

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B-2 La résurgence d'un antagonisme latent entre immigrants et autochtones.

Les populations autochtones de la région de Nkondjock n'ont pas été consultées, lors de l'élaboration du projet de colonisation de leur territoire. C'est ainsi qu'avec la mise en exécution du projet, l'opération Yabassi-Batang les a longtemps marginaliser ; ces derniers vivant à l'écart de la zone pionnière, n'ont jamais bénéficié du bon traitement dont jouissent les immigrants. Très tôt, ils se sont sentis délaissés.

Leur attitude aujourd'hui, remonte à la création de l'Opération Yabassi-Bafang. Les autochtones ont accueilli avec satisfaction la route Yabassi-Bafang et les équipements socio-économiques réalisés par la SODENKAM. Cependant, leur mécontentement se situe au niveau de la perte d'une partie de leur territoire. L'implantation progressive des immigrants a provoqué le déplacement des autochtones vers la route et vers la zone de mise en valeur.

Avec la dissolution de la SODENKAM, beaucoup d'autochtones estiment qu'un terme est mis à l'extension de 1 ' occupation de leur territoire. Leur satisfaction est ainsi justifiée. Mais au-delà, certains d'entre eux prétendent récupérer leur terre ; dès lors ceux les plus rapprochés de la zone de 1 ' opération, l'hésitent pas à occuper les plantations pionnières non encore rais en valeur. Faute de garantie sur la propriété, des pionniers, il est à craindre dans un proche avenir, que l'accentuation de la compétition foncière entre autochtones et immigrants ne dégénère en conflit. Le problème de la cohabitation des deux groupes resurgit et se pose déjà avec acuité,

B-3 La relance des petits métiers et la création d'une coopérative agricole de
commercialisation.

La relance des petits métiers.

La plupart des pionniers s'est exercée dans les emplois non avant de s'installer dans la zone de l'Opération. D'ailleurs beaucoup d'entre- eux font leur premier pas dans le secteur agricole. Une enquête de terrain nous permet ~de repartir les professions antérieures des pionniers comme suit:

44

Tableau 6 . Répartition des emplois antérieurs des pionniers

Profession villages

N'jingang

N'dock
samba

Didipé

Malé

Moyenne

salariés

a

6

b

16,6%

a

12

b

21,8%

a

26

b

39,3%

a

9

b

18%

23,9%

Petits métiers

6

16,6%

12

21,%8

13

19,6%

10

20%

19 ,5%

Commerçants

6

16,6%

5

9%

9

13,6%

4

8%

11,8%

Agriculteurs

5

13,8%

8

14,5%

7

10,6%

10

20%

14,7%

Élèves

3

8,3%

3

5,4%

1

1,5%

8

16%

7,8%

Chômeurs

2

5,5%

2

3,6%

4

6%

1

2%

4,2%

Autres

4

11,1%

5

9%

6

9%

4

8%

9,27%

Gardes civiques

5

13,8%

8

14,5%

0

0%

4

8%

9,07%

Total

36

100%

55

100%

66

100%

50

100%

100%

Source : enquête directe.

a : effectif brut

b : pourcentage correspondant.

En général, il ressort que 14, 7% des personnes enquêtées ont été des agriculteurs, signe que le savoir-faire des paysans est étendu. Le développement des petits métiers est pour l'essentiel le fait des paysans eux-mêmes. C'est de ces métiers que découlent les activités secondaires qui doivent être élucidées; car leur influence dans l'orientation du devenir de la région est primordiale.

Création d'une coopérative agricole de commercialisation.

Lors de la vente du matériel de la SODENKAM, l'usine de décorticage du café, a été l'un des équipements stratégiques, vu importance dans la région. En effet, cette usine est l'unique dans l'arrondissement de Nkondjock. La posséder peut amener le propriétaire à contrôler une partie considérable de la : production de caf é. C'est, pourquoi, il a fallu que le contrôle de l'usine se tasse à partir de Nkondjock.

Aucun individu pris dans la région ri ' étant capable de s'approprier l'usine, les paysans du département du Nkam ont dû se regrouper en 1990 à Yabassi et ont créé: la Coopérative .Agricole des Planteurs du Nkam (CAPLAN). Compte tenu de l'écrasant effectif des planteurs

45

de l'Opération Yabassi-Bafang, 44, 4%15 de l'importance de la production caféière 3/4 par rapport au du département, la coopérative est gérée et contrôlée à [partir de Nkondjock.

Faute de moyens financiers suffisants, pour faciliter l'achat et le décorticage du café, les paysans ont cédé le fonctionnement de l'usine à une société privée de commercialisation de café : la CACEP qui doit verser après chaque campagne 12 millions de F. CFA. Au bout de 3 ans, ceci peut permettre à la coopérative de payer ses créances et d'assurer elle-même le fonctionnement de l'usine.

Cette coopérative doit se battre avec les autres sociétés privées de commercialisation du café, pour gagner la confiance des paysans, et réparer le tort que leur cause la dissolution de la SODENKAM. La tâche s'avère difficile pour la jeune coopérative dans la mesure où la concurrence entre ces sociétés est déjà rude et les dirigeants de la coopérative n'ont pas une grande expérience.

15 Pourcentage obtenu à partir du recensement de 1987.

LES DIFFICULTÉS ACTUELLES DE LA RÉGION

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"Ceux qui rêvent de jour ont conscience de bien des choses qui échappent à ceux qui rêvent de nuit"   Edgar Allan Poe