B-2 La résurgence d'un antagonisme latent entre
immigrants et autochtones.
Les populations autochtones de la région de Nkondjock
n'ont pas été consultées, lors de
l'élaboration du projet de colonisation de leur territoire. C'est ainsi
qu'avec la mise en exécution du projet, l'opération
Yabassi-Batang les a longtemps marginaliser ; ces derniers vivant à
l'écart de la zone pionnière, n'ont jamais
bénéficié du bon traitement dont jouissent les immigrants.
Très tôt, ils se sont sentis délaissés.
Leur attitude aujourd'hui, remonte à la création
de l'Opération Yabassi-Bafang. Les autochtones ont accueilli avec
satisfaction la route Yabassi-Bafang et les équipements
socio-économiques réalisés par la SODENKAM. Cependant,
leur mécontentement se situe au niveau de la perte d'une partie de leur
territoire. L'implantation progressive des immigrants a provoqué le
déplacement des autochtones vers la route et vers la zone de mise en
valeur.
Avec la dissolution de la SODENKAM, beaucoup d'autochtones
estiment qu'un terme est mis à l'extension de 1 ' occupation de leur
territoire. Leur satisfaction est ainsi justifiée. Mais au-delà,
certains d'entre eux prétendent récupérer leur terre ;
dès lors ceux les plus rapprochés de la zone de 1 '
opération, l'hésitent pas à occuper les plantations
pionnières non encore rais en valeur. Faute de garantie sur la
propriété, des pionniers, il est à craindre dans un proche
avenir, que l'accentuation de la compétition foncière entre
autochtones et immigrants ne dégénère en conflit. Le
problème de la cohabitation des deux groupes resurgit et se pose
déjà avec acuité,
B-3 La relance des petits métiers et la
création d'une coopérative agricole de commercialisation.
La relance des petits
métiers.
La plupart des pionniers s'est exercée dans les emplois
non avant de s'installer dans la zone de l'Opération. D'ailleurs
beaucoup d'entre- eux font leur premier pas dans le secteur agricole. Une
enquête de terrain nous permet ~de repartir les professions
antérieures des pionniers comme suit:
44
Tableau 6 . Répartition des emplois
antérieurs des pionniers
Profession villages
|
N'jingang
|
N'dock samba
|
Didipé
|
Malé
|
Moyenne
|
salariés
|
a
6
|
b
16,6%
|
a
12
|
b
21,8%
|
a
26
|
b
39,3%
|
a
9
|
b
18%
|
23,9%
|
Petits métiers
|
6
|
16,6%
|
12
|
21,%8
|
13
|
19,6%
|
10
|
20%
|
19 ,5%
|
Commerçants
|
6
|
16,6%
|
5
|
9%
|
9
|
13,6%
|
4
|
8%
|
11,8%
|
Agriculteurs
|
5
|
13,8%
|
8
|
14,5%
|
7
|
10,6%
|
10
|
20%
|
14,7%
|
Élèves
|
3
|
8,3%
|
3
|
5,4%
|
1
|
1,5%
|
8
|
16%
|
7,8%
|
Chômeurs
|
2
|
5,5%
|
2
|
3,6%
|
4
|
6%
|
1
|
2%
|
4,2%
|
Autres
|
4
|
11,1%
|
5
|
9%
|
6
|
9%
|
4
|
8%
|
9,27%
|
Gardes civiques
|
5
|
13,8%
|
8
|
14,5%
|
0
|
0%
|
4
|
8%
|
9,07%
|
Total
|
36
|
100%
|
55
|
100%
|
66
|
100%
|
50
|
100%
|
100%
|
Source : enquête directe.
a : effectif brut
b : pourcentage correspondant.
En général, il ressort que 14, 7% des personnes
enquêtées ont été des agriculteurs, signe que le
savoir-faire des paysans est étendu. Le développement des petits
métiers est pour l'essentiel le fait des paysans eux-mêmes. C'est
de ces métiers que découlent les activités secondaires qui
doivent être élucidées; car leur influence dans
l'orientation du devenir de la région est primordiale.
Création d'une coopérative agricole
de commercialisation.
Lors de la vente du matériel de la SODENKAM, l'usine de
décorticage du café, a été l'un des
équipements stratégiques, vu importance dans la région. En
effet, cette usine est l'unique dans l'arrondissement de Nkondjock. La
posséder peut amener le propriétaire à contrôler une
partie considérable de la : production de caf é. C'est, pourquoi,
il a fallu que le contrôle de l'usine se tasse à partir de
Nkondjock.
Aucun individu pris dans la région ri ' étant
capable de s'approprier l'usine, les paysans du département du Nkam ont
dû se regrouper en 1990 à Yabassi et ont créé: la
Coopérative .Agricole des Planteurs du Nkam (CAPLAN). Compte tenu de
l'écrasant effectif des planteurs
45
de l'Opération Yabassi-Bafang, 44, 4%15 de
l'importance de la production caféière 3/4 par rapport au du
département, la coopérative est gérée et
contrôlée à [partir de Nkondjock.
Faute de moyens financiers suffisants, pour faciliter l'achat
et le décorticage du café, les paysans ont cédé le
fonctionnement de l'usine à une société privée de
commercialisation de café : la CACEP qui doit verser après chaque
campagne 12 millions de F. CFA. Au bout de 3 ans, ceci peut permettre à
la coopérative de payer ses créances et d'assurer elle-même
le fonctionnement de l'usine.
Cette coopérative doit se battre avec les autres
sociétés privées de commercialisation du café, pour
gagner la confiance des paysans, et réparer le tort que leur cause la
dissolution de la SODENKAM. La tâche s'avère difficile pour la
jeune coopérative dans la mesure où la concurrence entre ces
sociétés est déjà rude et les dirigeants de la
coopérative n'ont pas une grande expérience.
15 Pourcentage obtenu à partir du recensement
de 1987.
LES DIFFICULTÉS ACTUELLES DE LA
RÉGION
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