B- LES PREMIÈRES ATTITUDES PAYSANNES.
Les paysanneries de l'Opération Yabassi-Bafang sont
dans l'imbroglio total, d'après la situation actuelle. Leurs attitudes
diverses au lendemain de la dissolution de la SODENKAM, en est l'expression.
B-1. Enthousiasme précaire des paysans.
Les paysanneries de 1'Opération Yabassi-Bafang ne
peuvent rester indifférentes à la mort du tuteur. Ces derniers
pris individuellement ont des attitudes variées et ceci en fonction de
leurs relations qu'ils ou leurs villages ont entretenues avec la
société.
Une enquête sur le terrain nous permet de constater que,
les premiers villages créés tel N'jingang n'éprouvent pas
tellement de gêne quant à la dissolution de la SODENKAM. Cette
attitude trouve son origine dans le fait que ces villages ont longtemps
bénéficié de l'encadrement étatique (depuis 1966)
et que pendant le déclin de la société, celle-ci leur
accordait très peu d'intérêt. Par contre les villages de
création récente comme Didipé sont mécontents de la
dissolution de la société, mais cela n'a entamé en rien le
dynamisme des paysans. En effet, ce village n'est qu'au début de son
organisation spatiale, de sa mise en valeur ainsi que de l'encadrement
matériel;
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Au niveau des paysans, la satisfaction de certains est
perçue d'emblée comme la libération de la tutelle d'un
tuteur très exigeant avec une bureaucratie qui abuse d'eux. C'est
pourquoi avec] 'amorce de la dissolution de la SODENKAM, c'est
déjà la liesse-Cet enthousiasme des débuts peut
s'expliquer à partir de certains 1 à 1 T. S ;
? Les promesses faites par la société au moment de
recrutement ne sont gué des mirages. ? Les paysans qui sont de gros
débiteurs insolvables ne peuvent que s'en réjouir; car
jusqu'aujourd'hui, le recouvrement de ces dettes s'avère douteux.
? Certains paysans manifestent soit par contagion
émotionnelle, soit avec l'espoir d'une perspective meilleure de
1'après SODENKAM.
Ce zèle précoce des paysans n'a pas duré
car très tôt, beaucoup d'entre eux se sont heurtés à
la réalité. Ce changement d'attitude se traduit par une amertume
croissante au fil du temps, venant ainsi grossir l'effectif des paysans
déjà inquiets depuis 1988. Aujourd 'nui, près de 70,05% Je
personnes interrogées sont pessimistes, après la dissolution de
la SODENKAM.
Tableau 5. Opinion des paysans sur la dissolution de la
SODENKAM. La dissolution de la SODENKAM vous a-t-elle
arrangé?
Villages Réponses
|
N'jingang
|
N'dock- Samba
|
Didipé
|
Malé
|
Moyenne
|
OUI
|
19,4 %
|
31,4 %
|
4,5 %
|
30 %
|
21,3 %
|
NON
|
75 %
|
59 %
|
78,5 %
|
67,5 %
|
70, 05 %
|
S. O
|
5,5 %
|
9,2 %
|
16,6 %
|
2,5 %
|
8, 4 %
|
TOTAL
|
100 %
|
100 %
|
100 %
|
100 %
|
100 %
|
S.O= Sans Opinion.
Source: enquête directe.
L'amertume de ces paysans est profonde, d'autant plus qu'il ne
se profile à l'horizon aucun espoir de ré encadrement
étatique ou d'un projet de relance de l'opération.
Néanmoins 21,3 % de paysans sont satisfaits de la dissolution de la
société et 8, 4% demeurent sans opinion.
Les charges que supportait la SODENKAM, incombent dès
à présent aux paysans eux-mêmes et ceci ne se fait pas sans
difficulté. Ces charges entraînent de nouveaux besoins. Pour faire
face à la nouvelle situation dans l'opération, la
nécessité de se réorganiser individuellement ou par groupe
s'impose à tous.
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Le départ de la quasi-totalité des
employés de la SODENKAM n'a pas moins inquiété les
commerçants de la région qui perdent ainsi une clientèle
de qualité. Le centre de Nkondjock dans ces conditions perd au fil des
jours son ambiance d'antan. La réaction la plus intéressante
à la dissolution de la SODENKAM est celle des autochtones. Ils ont des
attitudes mitigées à l'instar de celles des immigrants. Mais dans
l'ensemble, leur attitude n'est pas très conciliante vis-à-vis
des étrangers; ceci risque à l'avenir de soulever de graves
problèmes dans la région.
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