B-2. Les contraintes administratives
Les pionniers de L'opération ont des devoirs à
assumer vis-à-vis de la société qui exerce un monopole de
gestion dans la région. Ces devoirs sont plus que des obligations; ce
sont des contraintes, car les pionniers n'ont aucun choix.
C'est ainsi qu'il n'est pas facile pour un paysan
d'accéder au crédit foncier ou au crédit FONADER. Pire
encore, l'exploitation agricole ne peut être cédée à
une tierce personne, sans que l'on ne se voit pénalise
lourdement.{déchéance du titre de pionnier).
L'obtention du titre foncier est l'objet d'une tracasserie
bureaucratique sans fin; le paysan est amené de Nkondjock à
Yabassi, puis à Nkongsamba afin de faire avancer le dossier. Dans ces
conditions, plusieurs pionniers préfèrent abandonner. La
conséquence est qu'aujourd'hui on compte moins d'une dizaine de paysans
ayant le titre foncier et ceci a des répercussions sur
l'aménagement de la région comme nous allons le constater.
Au regard de ce bilan quelque peu flatteur, c'est à
juste titre que ESSECK qualifie cette période de reprise humaine, suivie
d'une relance économique.
Photo : 2 du 15-03-91
Photo 2: N'jingang : une évolution du bâti
très retardée
. Au premier plan sur la photo, une maison en parpaings
abandonnée, faute de garantie sur la
propriété terrienne ; c'est la
conséquence d'un cahier de charges très exigeant pour le
pionnier.
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Au moment où de mise en valeur Yabassi- Bafang prend
racine, le gouvernement se désintéresse davantage de ce projet
qu'il a initié en 1966. En 1988, c'est-à-dire 22 ans après
le lancement de l'Opération, une analyse du parcours effectuée
jusque-là, peut paraître hâtive pour une colonisation
agricole jeune. Cependant la région connaît de profondes mutations
socio-économiques qu'il est difficile d'éluder dans notre
étude; car nous ne saurons envisager
le devenir d'une région sans faire une
rétrospective sur son passé. En effet, la région de
Nkondjock bénéficie de nombreux atouts que nous pouvons
considérer comme un héritage, qui est à la fois physique
et humain. L'arrivée massive des immigrants et grâce à leur
dynamisme, le paysage de la région est entièrement
transformé. C'est ainsi qu'on a vu des villages pionniers se
créer avec une nouvelle organisation de l'espace rural. Ceci a
accéléré la mise en valeur de la région et quand on
évalue le chemin parcouru, le bilan est nettement positif, même si
quelques points obscurs subsistent.
Telle est la situation de l'Opération Yabassi-Bafang
après 22 ans passés sous la direction de la SODENKAM. Cette
analyse de l'état des lieux à la veille de la dissolution de la
société est très utile pour mieux comprendre toute
l'évolution de la région sans encadrement étatique. Au
regard de l'action menée par la SODENKAM, cette dernière est
considérée comme le pilier et le bouclier de la région.
Dès lors, une question s'impose à l'esprit: qu'adviendra-t-il aux
paysanneries de la région au moment où le tuteur n'est plus?
DEUXIÈME PARTIE :
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