B- LES POINTS D'OMBRE.
Nous avons décelé des points d'ombre dans la
réalisation de ce projet, et ceci à 2 niveaux: Le non-respect des
engagements de la SODENKAM et les contraintes administratives.
B-1. Le non-respect des engagements de la SODENKAM.
Devant les premiers succès de l'opération de
colonisation des terres de la région de Nkondjock, le projet de son
extension est rallié aux oubliettes et beaucoup d'autres manquements
à l'accomplissement du projet s'en sont suivis. Ainsi, d'après
les études préliminaires effectuées sur le projet, seuls
55000 ha sont aménagés, sur plus de 100 000 ha
considérés comme faisant partie du patrimoine collectif national
et devant servir de cadre au Périmètre de mise en valeur Yabassi-
Bafang. Le reste de la surface à mettre en valeur se trouve à 1
'Est du fleuve Makombé, surface inusitée à cause de
l'absence de l'axe routier et d'un pont. Cette première extension ne
s'est pas réalisée et il en est de même pour la
deuxième, qui doit se faire en direction de la région de Houng,
si une route la relie à Bidjen.
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Figure 3 : Projet de mise en valeur de
l'opération
Source : Archives SODENKAM
La mise en valeur du périmètre Yabassi-Bafang
devait s'effectuer en trois phases:
? L'opération débutera sur une zone
expérimentale de 3000 ha où peuvent s'installer 120 familles.
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? Elle s'entendra sur une région de test de 50000 ha
correspondant à une surface agricole utile de 25000 ha où peuvent
s'implanter 4500 familles.
? Dans un troisième stade, le périmètre
de colonisation atteindra 100000 ha correspondant à l'installation de
7000 familles.
Au regard de la situation sur le terrain, 1 ' opération
de la colonisation se limite à la deuxième phase et n'est
même pas intégralement réalisée. i L en est ainsi
pour de nombreux projets qui, depuis les études préliminaires
restent à l'état de projet. Parfois ces projets n'aboutissent pas
à cause des ambitieux programmes qui doivent selon les autorités
administratives, hâter le recul de la forêt.
Selon les promoteurs de l'opération, 500 familles
doivent être installées chaque année et on doit atteindre
le chiffre de 4500 familles au bout du compte. Or ce chiffre n'a jamais
été atteint, en dépit du nombre croissant des immigrants.
En 1985, on dénombre seulement 1678 familles Installées dans 17
villages au lieu de 24 prévus. l
Le domaine effectif à mettre en valeur devait
être de 24300 ha répartis de la façon suivante:
? 9300 ha pour le café
? 9300 ha pour le cacao
? 700 ha consacrés aux poivres
? 500 ha destinés aux avocatiers
? 4500 ha réservés à l'élevage et aux
vivriers
Cependant en 1980, 2500 ha seulement sont
aménagés sur les 5863 ha prévus pour le café, soit
42,6% des prévisions. D'après une enquête personnelle, la
caféiculture domine sur la cacao culture et pour cette dernière,
les prévisions se situent en deçà de 30%. Le tableau
d'évolution de la superficie des plants de cacao et de café
atteste bien cet échec de la mise en valeur.
Un autre point sombre dans l'évaluation de cette
colonisation agricole réside dans le fait que les promesses faites aux
immigrants avant leur installation, n'ont été que des mirages.
Dans les campagnes de sensibilisation à travers les médias, il
est promis aux pionniers une aide désintéressée en
finance, matérielle agricole et végétale. Or la SODENKAM
étant le seul client de la zone, ces dons non remboursables au
départ sont défalqués progressivement sur les revenus de
café et de cacao de chaque pionnier. Ceci n'a pas moins
déçu certains paysans, qui ont préféré
déserter au bout de 3 ans. Il faut aujourd'hui ajouter à cette
déception, les tracasseries administratives.
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