3. LES NOUVELLES THÉORIES DU COMMERCE INTERNATIONAL
:
3.1 Théorie stratégique du commerce
:
La théorie traditionnelle de l'échange
international s'intéresse aux effets du commerce international sur les
nations en retenant comme hypothèse de base que la concurrence est pure
et parfaite. Il est déduit que le libre-échange améliore
la position des nations qui échangent, incitant donc au
démantèlement des barrières protectionnistes.
Toutefois les situations de concurrence pure et parfaite sont
rares: "l'essentiel du commerce industriel est réalisé pour des
produits de secteurs que nous considérons comme des oligopoles lorsque
nous les étudions sous leur aspect domestique" (Krugman, 1989). Dans la
majorité des cas les marchés sont en situation de concurrence
imparfaite où le nombre de firmes produisant un bien et agissant sur le
marché est faible.
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L'environnement oligopolistique ainsi obtenu est appelé un
environnement stratégique. Cet environnement stratégique se
caractérise par l'émergence et la résistance du profit.
Dans ces conditions, il peut être rationnel d'imposer une
règlementation protectionniste.
Ces idées constituent la base théorique de la
politique commerciale stratégique et ont donné naissance à
une nouvelle approche économique de l'échange international,
dénommée "nouvelle économie internationale".
Initiée par Brander et Spencer, Paul Krugman a participé à
cette nouvelle approche. L'apparition de cette théorie remonte à
la fin des années 70, mais elle s'est surtout développée
dans les années 80.
3.2 Concurrence monopolistique :
Selon la théorie de la concurrence monopolistique des
années 1930, la concurrence entre les entreprises ne se fait pas
seulement sur les prix, mais aussi sur les produits. Chaque entreprise dispose
d'un monopole sur un produit qui n'est pas strictement identique à ceux
des entreprises concurrentes. Si on s'intéresse à l'application
de cette théorie sur le commerce international on découvre que
:
· vu que la création d'un nouveau produit n'est
limitée que par la taille du marché, alors l'ouverture au
commerce mondial permet d'accroître la variété des biens,
ce qui permet une meilleure adaptation de l'offre aux demandes
spécifiques des consommateurs.
· le commerce international se fait de manière
intra-branche : un pays peut à la fois importer et exporter une
même catégorie de produit.
3.3 Rendements d'échelle croissants et effets
de réseau :
Les économies d'échelle peuvent justifier la
spécialisation internationale. Si l'on prend deux pays semblables en
tous points : même niveau technique, même dotation en facteurs,
même taille et les consommateurs y ont les mêmes goûts
variés... et si l'on prend deux biens fabriqués dans les
mêmes conditions mais avec des rendements croissants dans les deux pays,
on montre que malgré la similitude des coûts comparatifs qui ne
justifierait aucun échange entre les deux pays, chaque pays peut trouver
avantage à la spécialisation et au commerce international pour
obtenir plus de biens qu'en autarcie : le commerce international permet
à chaque pays de produire plus efficacement un registre limité de
biens sans sacrifier la variété des biens consommés. En
effet, l'augmentation de la production dans l'un des biens génère
des gains de productivité, grâce aux économies
d'échelle, et donc un avantage comparatif. Mais celui-ci ne
résulte pas de différences initiales entre les deux pays puisque
par hypothèse ils étaient parfaitement semblables ; en revanche,
cet avantage comparatif trouve son origine dans la spécialisation
elle-même, recherchée pour bénéficier
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de rendements croissants. C'est pourquoi on qualifie cette
explication de « théorie endogène » de l'échange
international, car c'est la spécialisation et l'échange
international qui créent l'avantage comparatif issu du
phénomène d'économies d'échelle.
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