3.2 Dangers vis-à-vis du
multilatéralisme :
Il est enfin à noter que la constitution d'espaces
économiques régionaux réduit le nombre de
négociateurs lors des réunions de l'OMC (l'Union
européenne est par exemple représentée en tant que membre
de l'organisation), ce qui peut faciliter les accords. En permettant le
développement des économies dans un cadre protégé,
le régionalisme peut être une étape préalable au
multilatéralisme, permettant à certains pays de prendre de
l'assurance. C'est ainsi que Mike Moore, ancien président de l'OMC,
déclarait que le régionalisme pouvait servir à
compléter et à promouvoir le multilatéralisme, mais qu'il
ne devait en aucun cas le remplacer. Mais le risque est grand selon lui de voir
les économies se refermer sur des zones restreintes de commerce
privilégié, encourageant en retour les autres économies
à faire de même, spirale négative qui pourrait mener
à une contraction des échanges mondiaux et du PIB mondial.
L'autre danger est une focalisation des ensembles
économiques régionaux sur leur compétitivité face
aux autres grandes économies. Le vocable de « guerre
économique » ou la recherche systématique de la «
compétitivité » sont les symptômes d'un retour des
dogmes mercantilistes, de ce que Paul Krugman appelle la « théorie
pop du commerce international ». Cette mentalité qui associe le
commerce international à une compétition où il y aurait
des gagnants et des perdants se manifeste régulièrement dans les
discours politiques liés à la constitution de zone de
coopération économique : « il faut faire l'Europe pour faire
le poids ! » disent certains. Sur le long terme, la diffusion de ce genre
d'idées pourrait nuire au libre-échange et donc au commerce
international.
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