3.4 Pêche
La pêche est une activité pratiquée par
toutes les couches sociales dans la vallée du Dallol Bosso. Elle est
artisanale ou traditionnelle, tout comme à l'image des autres
activités de valorisation des eaux dans ce milieu, notamment agricoles.
Donc, la pisciculture au sens propre du terme, c'est-à-dire entant
qu'activité moderne, n'existe pas dans le Dallol Bosso. Cependant, on
distingue deux systèmes de pêche : le système semi-moderne
et le système traditionnel.
50
Le système traditionnel pratiqué par la
majorité des populations, il est cependant caractérisé par
une très faible utilisation d'engins de pêche modernes. Il faut
ici entendre par engin de pêche, tout instrument permettant d'emprisonner
ou d'immobiliser et de capturer les poissons dans le but de les faire sortir de
l'eau. Ces matériels archaïques et dépassés ne
respectent aucune norme réglementaire pour la pratique de la
pêche. Il s'agit de nasses, épervier, harpon, filet maillant,
senne, etc. Ces engins non conventionnels sont frauduleusement utilisés
par les pêcheurs à l'insu des agents des eaux et forêts. Il
faut signaler que la majorité de mares ne sont pas
empoisonnées.
Dans le système semi-moderne les mares sont
empoissonnées par les autorités compétentes avec ou sans
l'appui des partenaires. Ici, les pêcheurs sont suivi et encadrés
par les agents des eaux et forets et le contrôle d'utilisation d'engins
conventionnels est stricte. Les pêcheurs sont dans la plupart de cas
organisés en association ou groupement.
A l'instar de toute activité de production, comme on
vient de le voir précédemment, la pêche aussi demande un
minimum d'investissements pour sa pratique. Et des ces moyens et techniques
utilisés par les pêcheurs dépende la production
halieutique, c'est-à-dire la quantité de poissons
capturés. Ainsi, dans le Dallol Bosso, la quantité de poissons
capturés en 2012 s'élève à 142 398kg dont 94 627kg
de poisson frais et 47 771kg de poissons fumés (DDE, Boboye). De la
lecture du graphique n°10, on constate que la pêche est une
activité pratiquée durant toute l'année. D'une
manière générale la production évolue en dents de
scie d'un mois à un autre. Ainsi, on distingue deux pics sur la courbe
dépassant chacun 16 000kg. Un premier sommet, le plus important qui dure
prés de deux mois, situé entre Février et Mars et le
deuxième pic situé dans le mois de Mai, très court et en
suite la courbe décroît progressivement pour atteindre la
production minimale en octobre avant de remonter à nouveau. Le premier
pic, s'explique par l'augmentation de nombre des pêcheurs sur les mares
avec l'arrivée des pêcheurs des pays voisins (Nigeria, Benin et
Burkina Faso), ce qui accroit la quantité des poissons capturés.
La baisse de production après le pic de Février et Mars, est
dû au fait que le nombre de poissons dans l'eau est limité, ce qui
diminue la quantité de poissons capturés de jours en jours. Quant
au deuxième pic, il s'explique par la migration des pêcheurs vers
la zone du fleuve, précisément à Boumba où ils
exploitent frauduleusement les poissons du fleuve, malgré les
patrouilles des agents forestiers. Il faut préciser que dans cette zone,
le fleuve se trouve dans le parc du W, une aire protégée ou la
pêche est interdite.
51
Graphique 10: Evolution de la production
halieutique du Dallol Bosso (DDE Boboye, 2012)
Bien que la pêche procure d'importants revenus aux
pêcheurs et à l'Etat grâce à la taxe et à la
délivrance de permis de pêche. L'exploitation des mares demeure
toujours dans l'informel, car beaucoup des mares potentiellement
empoissonnables restent inexploitées et cela malgré les besoins
exprimés par les collectivités locales et les services
techniques. Le montant pour se procurer de permis de pêche varie de 10
000Fcfa par an pour les nationaux et 25 000Fcfa pour les étrangers.
Les conditions de conservation restent traditionnelles et
archaïques. La technique de fumage (photos n°14 et n°15) est la
principale méthode utilisée pour conserver la production. Elle
consiste à griller le poisson dans du four traditionnel afin de le
stocker dans des paniers. Cette pratique n'est pas sans conséquence sur
la qualité des produits, qui une fois mal grillés
périssent et occasionnant des pertes aux pêcheurs.
Photo 12 : Poisson fumés (Enquête,
2013)
52
|