3.1.2. Agriculture irriguée
Le développement de l'agriculture irriguée s'est
inscrit au Niger, ces quatre dernières décennies dans la
politique de l'intensification et la diversification des productions agricoles.
Ainsi, dans le Dallol Bosso dont le potentiel irrigable s'élève
à 22 500ha, les populations ont développées un
système d'agriculture irriguée de vallée. C'est un
système de production agricole semi-intensif basé sur une culture
de contre-saison. Cette irrigation est principalement pratiquée à
partir des ressources en eau de surface notamment les mares mais aussi les eaux
souterraines. Dans la vallée du Dallol Bosso, plusieurs techniques sont
développées pour amener l'eau à la plante et chacune des
ces techniques présentent des avantages et des inconvénients aux
usagers. De ce fait on distingue :
y' L'arrosage manuel où l'eau est apportée aux
plantes avec des arrosoirs et les plantes sont installées sur des
planches, séparées par de petits passages de 40-50 Cm maximum. Ce
système est le plus développé par les producteurs
enquêtés, 42 producteurs soit 60%.
y' L'irrigation gravitaire, possible autours de points d'eau
importants (mares permanentes et semi-permanentes) et d'un système de
pompage à haut débit. Elle demande d'important aménagement
de surface, planage, canaux et ouvrages. Ce type est pratiqué par 24
enquêtés, soit 34,5% de producteurs.
y' L'irrigation par aspersion, l'eau est apportée aux
plantes sous forme de pluie par des asperseurs rotatifs alimentés par
des canalisations enterrées et une motopompe. Cette technique est
très peu développée dans la zone d'étude car
expérimentée par des hommes riches, généralement
des fonctionnaires d'Etat et nous avons rencontré un seul producteur qui
l'expérimente.
y' Et enfin, le système de goutte à goutte
pratiqué par des groupements avec l'appui des partenaires. C'est un
système d'irrigation localisée, utilisant peu d'eau, demandant
peu de main-d'oeuvre et a des rendements élevés. Ce
système est expérimenté par des particuliers et de
groupements féminins, il est en pleine expansion dans la vallée
du Dallol Bosso ces cinq (5) dernières années. Le Graphique
n°6, présentant les types d'irrigation dans le Dallol Bosso montre
clairement que les systèmes d'arrosage manuel et gravitaire sont les
plus pratiqués par les producteurs. Cela montre le caractère
traditionnel des activités irriguées dans cette zone.
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Graphique 6 : Types d'irrigation dans les Dallols Bosso
(source : enquêté, 2013)
L'agriculture irriguée dans la vallée du Dallol
Bosso reste dominée par les femmes car, elles constituent la
majorité des producteurs enquêtés 80% contre seulement 20%
des hommes. Par exemple pour la campagne irriguée 2012, dans le
département de Falmeye pour un effectif de 1989 producteurs, 1581 sont
des femmes soit 80% (DDA, Falmeye). Ces producteurs se déploient dans la
pratique des cultures de décrues, des cultures de contre-saison, de
l'arboriculture et des cultures maraîchères.
3.1.2.1 Cultures maraîchères
Le maraîchage est une activité pratiquée
majoritairement par des femmes dans cette zone. C'est une activité
pratiquée en plein temps, douze mois sur douze. Les principales cultures
sont : laitue, chou, tomate, pomme de terre, oignon, carotte, aubergine et
poivron. La principale contrainte liée à cette activité
reste le statut foncier, car les productrices ne sont pas propriétaires
des terres qu'elles cultivent. Elles accèdent à la terre
généralement par prêt pendant la période morte ou
très rarement par location. Cette situation bloque le
développement d'une activité très indispensable pour
l'autonomisation des femmes rurales. Il existe plusieurs sites
aménagés des cultures maraîchères dans la
vallée du Dallol Bosso, grâce aux appuis des ONG, projets et Etat
(PVDT, USADF, MOORIBEN, VECCO...) mais aussi par des particuliers. Ces sites
sont exploités par de groupements féminins dans la
majorité et des particuliers notamment des personnes nanties. Les
sources d'eau utilisées par les productrices sont les puits, forages,
mares et puisards. Il faut préciser que, les sites qui n'ont aucun appui
sont les plus nombreux ce qui met en évidence le caractère
traditionnel de cette activité très importante dans la vie des
populations locales. Cependant, l'irrigation motorisée prend de plus en
plus d'ampleur sur les sites et on rencontre même de technique
d'irrigation très modernisée, comme goutte à goutte (Photo
n°6 et n°7).
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Photo 5 : Tomate en irrigation goute à goute Photo
7 : Laitue en irrigation gravitaire
(Source : enquête, 2013) (Source : enquête,
2013)
Les rendements des cultures sont bons, cela est dû
grâce aux multiples appuis en intrants agricoles (semences
améliorées, fertilisants, pesticides et matériels tels que
motopompe, charrue, binette, râteau...) apportés par les
différents partenaires et l'Etat (FAO, NIG 18, etc.). Dans le
département de Boboye les rendements pour les principales cultures
maraîchères se résument par le graphique n°7. De
l'analyse du graphique n°7, il ressort qu'en termes du rendement les
principales cultures sont : oignon, chou, tomate et laitue. Leurs rendements
sont pour poivron (1416kg/ha), Aubergine (538kg/ha) et Carotte (250kg/ha).
Graphique 7 : Rendements des principales cultures
(Enquêt, 2013)
Les productions annuelles en 2012 des ces cultures
s'élèvent à 14030 tonnes pour l'oignon, 5698 tonnes pour
chou, 3876 tonnes de laitue et 2808 tonnes pour la tomate. De la lecture du
graphique n°8, on constate que ces cultures constituent les principales
productions du Dallol Bosso.
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Graphique 8: Principales productions du Dallol Bosso
(Enquête, 2013)
Cette activité du maraîchage contribue
énormément à l'amélioration de condition
nutritionnelle des populations, à l'autosuffisance alimentaire et elle
apporte de revenus monétaires considérables grâce à
la vente des produits.
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