Paragraphe 2 : Les modalités de la
structuration du monde rural
La présentation schématique des structures
à mettre en place pour l'épanouissement de l'activité
cacaoyère et de son acteur en milieu rural, notamment à la
Lékié, constitue l'objet de notre paragraphe. Il s'agit
concrètement d'une promotion des GIC, des comités locaux de
développement, des coopératives et du CICC.
Point 1 : L'encadrement et promotion des
organismes locaux
La nécessité de lutter contre la
pauvreté, les excès du libéralisme notamment l'exclusion
sociale accélérée par les rudesses des Plans Ajustement
Structurel, la logique du marché fondée sur le profit à
tout prix, soulignent l'urgence de promouvoir un autre mode de gestion
économique mieux adapté au monde rural qui privilégie la
vie associative, l'entraide et la solidarité.
Un Groupement d'Intérêt Communautaire (GIC) est
une personne morale de droit privé qui a pour but de faciliter ou de
développer les activités de ses membres, alors qu'une
coopérative (Coop) est un regroupement d'acteurs (producteurs,
acheteurs...) ayant des intérêts communs ; et un
Comité Local de Développement (CLD), une association de personnes
ressortissantes d'une même localité ayant à coeur
l'impulsion et amélioration du cadre et conditions de vie de leur
localité.
Partant de la démarche individuelle, ces
institutions associatives peuvent constituer de véritables
ingrédients de promotion de l'activité cacaoyère dans le
bassin de production de la Lékié. Ceci dans la mesure où,
quand elles ne sont pas directement propriétaires des exploitations,
elles peuvent prendre en charge certains aspects de cette activité
(transformation, vente des produits dérivés). Le cadrage
juridique (Loi n° 90/053 du 19 décembre 1990 sur la liberté
d'association au Cameroun et Loi n°92/006 du 14 Août 1992 concernant
les sociétés coopératives et Groupes d'Initiative Commune)
sur lequel elles sont adossées, a favorisé leur
foisonnement dans la Lékié. Sauf que ce régime attrayant
par les exemptions fiscales qu'il accorde conduit à des dérives
importantes au rang desquelles, les usurpations permanentes de ce statut par
des sociétés privées de prestation de services n'ayant
rien à voir avec les activités agricoles ou pastorales dans le
but d'échapper à la fiscalité ; l'autre faiblesse
relevée tient au déficit managérial se traduisant soit par
la mise en avant d'une logique de regroupement familial aux dépens
même d'une dynamique d'efficacité, soit par des fréquents
détournements de fonds qui mènent ces regroupements
inexorablement à la ruine.
Il devient alors indispensable que les Comités Locaux
de développement, les GIC et les sociétés
coopératives sortent des logiques désastreuses sus
décrites pour épouser véritablement leur destin de cadres
et instruments démocratiques de développement, en adoptant des
processus managériaux de compétence et d'efficacité
fondés sur la promotion de l'intérêt communautaire.
Dans cette perspective, une refondation du CICC
s'avère nécessaire. La nouvelle structure aura
pour mission principale d'organiser et de défendre les
intérêts de ses membres auprès de l'Etat, désormais
rationnellement et efficacement représenté par l'O3C, dans
l'optique de garantir la discipline et l'efficacité de
l'activité.
Point 2 : la réforme du CICC et son
positionnement au centre de cette structuration
La reforme vise à ameliorer l'organisation du CICC et
à optimiser l'efficacité et effectivité de ses missions
dans le sens d'e l'epanuoissement de et par la cacaoculture dans les bassins de
production en priorité et pour l'Etat du cameroun dans sa
globalité .
1- Nature et vocation du CICC
Le Conseil Interprofessionnel du Cacao et du Café
(CICC) sera refondé sur les nouvelles dispositions législatives
et réglementaires de gestion des filières cacao-café.
Le CICC regroupe les organisations Professionnelles de
l'Agriculture, du Commerce, de l'industrie et des Services des filières
cacao/cafés qui adhèrent à ses Statuts et constitue une
association d'action, de représentation, de coordination, de liaison et
d'information.
Conformément à la nouvelle
législation sur les filières cacao et cafés, le CICC aura
pour missions :
- de donner son avis ou de présenter ses propositions
sur toute question ou reforme du système de développement, de
commercialisation, de taxation et de financement des Cafés et du Cacao
;
- de déterminer les critères d'exercice dans les
professions de la commercialisation des Cafés et du Cacao et fournir une
caution morale du bon déroulement des opérations ;
- de veiller à l'application des règles qui
assurent une concurrence saine et loyale entre les opérateurs membres
des organisations professionnelles affiliées au CICC et adhérant
aux présents statuts ;
- de gérer la Caisse Mutuelle de Cautions et de
Garanties Professionnelles, et de concevoir dans le cadre de la Caisse Mutuelle
de Cautions et de Garanties Professionnelles un système d'assurances et
de réassurance professionnelles ;
- d'apporter à toutes les Organisations
professionnelles constituant les différents collèges
représentés à son Assemblée Générale
tout concours et/ou service en vue d'accroître l'efficacité de
l'ensemble de l'organisation professionnelle ;
- de représenter les professionnels des filières
camerounaises auprès des organisations internationales du cacao et du
café.
- Organisation du CICC
Le CICC disposera de :
Une Assemblée Générale
(AG) constituée de
représentants de différents collèges, chacun de ces
collèges correspondant à une catégorie professionnelle
présente dans les filières de production et de commercialisation
du cacao et des cafés à savoir, les organisations des
producteurs ; celles d'acheteurs, d'usiniers, et de conditionneurs ;
et les organisations professionnelles d'exportateurs ; les organisations
professionnelles des Transformateurs Industriels locaux suivant des conditions
precises.
Un Conseil Exécutif, organe de
direction du CICC.
Un Comité Permanent, chargé de l'examen des
problèmes techniques et des aspects
pratiques de la mise en oeuvre des décisions prises.
Un Conseil de Discipline, garant du respect
du code de déontologie, et se réunit pour statuer sur les
infractions et les litiges liés à son application;
Un le Secrétariat Permanent,
chargé de mettre en oeuvre les résolutions de l'AG, d'assurer
l'administration et la gestion du CICC au quotidien, et du secrétariat
des autres instances. Il n'est pas constitué d'élus.
2- Ressources du CICC
Le CICC aura pour ressource un prélèvement de 2
200 F CFA/tonne effectué au niveau des exportations de cacao et de
cafés,pour un budget approximatif de 600 millions de F CFA par an.
Pour améliorer la modicité de ses moyens, le
CICC fera appel à des organismes et bailleurs de fonds amis pour
financer ses activités non institutionnelles, comme par exemple l'appui
aux producteurs et à leurs organisations.
3- Relations du CICC avec le monde rural
- RELATIONS INSTITUTIONNELLES
Le monde rural producteur de cacao et cafés est
constitué d'un très grand nombre de planteurs (plusieurs
centaines de milliers), dispersés, souvent isolés, toujours mal
informés.
Les actions en faveur des planteurs :
1. Organiser les planteurs :
- en GIC ou coopératives de base pour
produire et vendre à meilleur prix ;
- en Unions (et fédérations) de
GIC ou de coopératives pour vendre encore mieux et se faire
représenter, notamment dans les instances du CICC..
Le CICC collabore avec les projets d'appui à la
structuration du monde rural en ce sens
2. Appuyer la mise en place des
Collèges Régionaux de Producteurs dans les
différentes zones de production, afin de faciliter le processus de
désignation des délégués planteurs à l'AG,
et constituer une base représentative authentique des planteurs
vis-à-vis des autres catégories professionnelles et des Pouvoirs
Publics.
3. Appuyer la constitution des
Comités CICC d'Arrondissement dans lesquels les
représentants des organisations de planteurs désignent leurs
membres et assurent la présidence ; afin de concrétiser
l'interprofession au plan local et dans la pratique quotidienne (relations avec
les commerçants, vente bord champ).
- APPUI COMMERCIAL
1. En matière de
formation :
Réaliser des sessions de formation économique de
2 jours au bénéfice des responsables d'organisations de
planteurs : notions de commerce international, filières,
marchés, fixation des prix, vente groupée, qualité des
produits...
Former des membres des CCA (essentiellement planteurs) dans
les mêmes domaines, lors de stages de 4 jours.
- En matière
d'information :
Diffuser des prix bord-champ et des prix FOB pendant les
campagnes : le CICC devrait assurer le système d'information dans
le cadre du financement du Cameroun et de l'Union Européenne. Ce projet
est en cours de négociation.
Publier un bulletin trimestriel CACAO et CAFES en
français et en anglais sur tous les sujets intéressant les
professionnels du secteur.
Assurer la diffusion informelle d'information sur les prix
bord champ grâce à un ensemble d'informateurs à partir du
Secrétariat Permanent à Douala.
- Appui direct à la
commercialisation :
Diffuser par fax les offres de vente groupée
auprès des exportateurs.
- CONSEILS POUR L'AMELIORATION DE LA
PRODUCTION
Le CICC n'est pas un projet de développement
agricole, mais une institution pérenne des filières ; il n'a
pas vocation à intervenir directement dans la production. Il agit
cependant, notamment dans le domaine de la qualité :
- collaboration avec le MINADER à
travers des sessions de formation et d'information des responsables
d'organisations et d'agents et cadres du MINADER ;
- collaboration avec l'IRAD dans la recherche des
solutions aux problèmes du matériel végétal.
- Très forte implication du CICC dans la
réflexion sur la Relance de la Production en liaison étroite avec
le MINADER et le MINCOMMERCE.
Plus directement en matière de qualité :
- financement d'ateliers de formation de
vérificateurs de qualité cacao et cafés au sein des
organisations de producteurs ;
- programme d'émissions de radio en
français, en anglais et en langues locales sur la qualité du
cacao et des cafés;
- cession à prix subventionné de
matériel de contrôle de qualité, de pesée, de
stockage et de traitement phytosanitaire aux organisations de
producteurs ;
- diffusion dans le monde rural de plusieurs
milliers d'affiches portant sur la qualité du cacao ;
Au-delà de ces actions ciblées, il va de soi que
les planteurs sont chez eux au CICC, et le Secrétariat Permanent recevra
de nombreuses visites à Douala, appels téléphoniques,
lettres(...) émanant des planteurs et de leurs organisations ; lui
conférant de ce fait un rôle considérable de
« plaque tournante » tant pour les planteurs, leurs
organisations, que pour leurs relations avec les commerçants des
filières.
La clarification législative et réglementaire
à l'entame de ce point et l'application de toutes les dispositions
qu'elle prévoit permettra au CICC d'assurer l'autodiscipline entre les
operateurs de ces filières, gage de la gestion interprofessionnelle des
filières libéralisées.
Diagramme de venn d'interaction des Structure du Moude
rural
Figure 2 : Diagramme de Venn d'interaction des
Structures du Monde rural
CLD : Comité local de
développement GIC: Groupement
d'intérêt Communautaire
Coop : Coopératives
Action Interaction
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