Conclusion
Le défi d'ancrer l'économie cacaoyère
dans la durabilité aux fins de promouvoir son essor et
l'épanouissement du producteur de cacao ainsi que des bassins de
production, nous a conduit à élaborer une architecture
susceptible de permettre sa réalisation de manière factuelle. A
cet effet, nous avons envisagé, d'une part, une redéfinition de
la tutelle de l'Etat avec pour unique organe représentatif, l'Office
Camerounais de Cacao et du Café (O 3 C), cheville ouvrière de ce
dernier dans tous les aspects de la gestion de la filière, ainsi qu' une
redynamisation de la coopération en matière
cacaoyère ; et d'autre part, nous avons indiqué une
nécessaire structuration du monde rural qui implique une appropriation
préalable du concept de développement à la base ou
développement endogène, avec pour cadre d'expression les GIC, les
coopératives, les comités locaux de développement et le
CICC, occupant la position centrale.
CONCLUSION GENERALE
Malgré l'immense potentiel qui sous-tend la culture
du cacao au Cameroun en général et dans la Lékié en
particulier, les perspectives d'essor de cette activité demeurent
grippées, à cause de certaines entraves imputables conjointement
au planteur, à l'Etat et à la conjoncture internationale.
Le désengagement de l'Etat imposé par la mise
en oeuvre de Plans d'Ajustement Structurel a jeté le monde rural
agricole, totalement désorienté, dans les bras des
prédateurs qui l'ont précipité dans la
précarité.
L'essor de la cacaoculture dans ces conditions reste
tributaire, d'une part, d'une structuration adéquate du monde rural
à travers le renforcement des capacités de la sphère
associative et des espaces de formulation et d'expression des initiatives de
développement à la base, ainsi que d'une redéfinition de
la place de l'Etat en tant que régulateur et facilitateur de
l'activité économique et sociale d'autre part.
Suivant l'exemple des pays Africains leaders en matière
de cacaoculture (Côte d'ivoire, Ghana notamment), une meilleure
organisation de la filière cacao café régie comme au Ghana
par un organe faitière unique (la Cocoa Board) pourrait nous
éviter le déficit managérial constaté au Cameroun
en raison d'une pluralité de structures qui font au mieux double emploi
et au pis se chevauchent, créent des blocages nuisibles et provoquent
une dispersion d'énergie regrettable. Interlocuteur souvent
oublié, relégué tout au bout de la longue chaine des
décideurs imbus de leur puissance incarnée, paradoxalement, c'est
le pauvre planteur perçu à tord comme simple force de travail,
mal rémunéré et sans la moindre voix au chapitre qui tient
fermement dans ses mains frêles, la clé vers le
développement de notre cacaoculture. La mutation à opérer
consiste à le positionner au coeur des divers projets à
réaliser. Le professionnalisme adossé aux exigences de la bonne
gouvernance devrait ouvrir la voie à la performance escomptée.
A cet effet, l'organisation locale et surtout la
qualité du produit made in Cameroon constituent des ingrédients
essentiels pour accéder à la notoriété
internationale. Ce label indispensable sert de visas pour ouvrir les portes
des principales places où se négocient le cacao et le
café. Et sur ces places hélas, le Cameroun ne siège pas
aux premières loges.
De plus, et en référence à la
rhétorique du penser local et agir global (et vis versa)
indispensable pour un bien-être collectif international, la
systématisation d'une gestion durable de l'économie
cacaoyère se signale comme une nécessité non seulement
pour le maintien et la motivation du producteur de cacao dans cette
activité, mais aussi et surtout pour la prospérité de
l'économie cacaoyère toute entière tel que souligné
par la récente Conférence Mondiale sur le Cacao.
|