Paragraphe 2 : La redynamisation de la
coopération en matière cacaoyère
Du fait de la bonne place que le cacao occupe sur
l'échelle des produits surclassés du commerce international et de
son importante contribution au financement du budget de l'Etat camerounais (15%
du PIB), les questions se rapportant à la gestion durable de
l'économie cacaoyère ne sauraient être
gérées efficacement de manière autarcique,
c'est-à-dire purement au plan interne de l'Etat du Cameroun. Il s'agit
d'un produit stratégique, dont la valorisation continue impose
l'ouverture au monde. La convocation et l'instrumentalisation de la
coopération en matière cacaoyère se signale ainsi comme
une nécessité.
Redynamiser la coopération en matière
cacaoyère, oblige à la repenser dans l'optique de la rendre
performante, c'est-à-dire efficace et efficiente aux fins de servir au
mieux les intérêts de la filière cacaoyère
camerounaise. Selon le Professeur Pierre MOUKOKO MBONJO enseignant des
Relations Internationales, la coopération internationale s'entend comme
un ensemble de rapports et flux divers entre les acteurs du système
international. Elle est à la fois classique : Etat à Etat
(bilatérale), Etat(s) à OI ou OI à OI
(multilatérale) ; et décentralisée
(c'est-à-dire, de collectivité territoriale
décentralisée à collectivité territoriale
décentralisée).
Point 1 : Positionner l'O3C au centre de la
coopération internationale classique
La coopération internationale classique est une
affaire d'Etat à Etat(s) ou d'Etat à organisation(s)
internationale(s) et repose au préalable sur des conventions bi et/ou
multilatérales.
Redynamiser la coopération internationale classique
revient pour l'Etat à positionner l'Office Camerounais de Cacao et de
Café (O 3 C) dans la dynamique de partenariats nécessaires
à l'amélioration de ses compétences, et partant à
la réalisation de ses missions telles que définies dans son
agenda 21 d'entreprise.
A ce titre, la coopération avec le Brésil a
tout intérêt à être refondée et
rationnalisée dans le sens de faciliter et d'améliorer la
fourniture en matériel végétal en qualité et en
quantité par l'Office Camerounais de Cacao et de Café (O 3 C).
Dans le même élan, un cadre partenarial devrait
être aménagé avec les grands producteurs tels que le Ghana
et la Côte d' Ivoire dans une visée d'échange d'expertise
et de formation continue du personnel. De même l'expertise des grandes
puissances agroindustrielles en matière de cacao tels que les USA ou la
Suisse devrait être sollicitée dans le contexte d'un partenariat
favorable à l'émancipation de son bras industriel
sus-indiqué.
Point 2 : Instrumentaliser la coopération
décentralisée comme levier d'optimisation de l'activité
cacaoyère dans la Lékié
La coopération décentralisée est une
donne nouvelle dans le cadre des initiatives locales de développement.
Au Cameroun, suivant le décret du Premier Ministre de 2011 s'y
rapportant, elle repose sur un accord entre deux collectivités ou leur
groupement et se rapporte à l'ensemble des initiatives et actions
qu'elles mène ou prévoit de mener conjointement.
Inscrite dans une logique de développement et de
valorisation ou d'ouverture et d'échanges, et traduite en termes
d'action internationale selon le jargon latino-américain, la
coopération décentralisée se présente comme une
aubaine à la fois pour les collectivités territoriales
décentralisées des bassins nationaux de production en
général et de la Lékié en particulier, par
ailleurs plus proches des producteurs de cacao que l'Etat au sommet ; et
pour les perspectives d'essor de l'activité cacaoyère.
De façon concrète, il s'agit pour les
communes du département de la Lékié de définir et
structurer leurs politiques de développement, de les ouvrir à
l'international en tissant des partenariats plus construits et plus
fouillés s'appuyant sur les besoins et potentialités locaux, des
compétences techniques fortes et des ressources
nécessaires. Et à l'O3C, il revient d'embrayer sur les
communes du département de la Lékié, afin qu'elles fassent
de la cacaoculture et du cacao un thème de coopération
décentralisée.
Ainsi ces communes pourront par exemple aller vers leurs
homologues ou consoeurs du Canada, de Suisse (...), grands consommateurs de
cacao, pour susciter leur intérêt à venir soutenir, mieux,
investir dans l'activité cacaoyère, car elles seront
désormais reconnues pour la bonne qualité de la fève qui y
est produite, et favorable à l'organisation permanente des mini comices
à l'instar du FestiCacao ou de la Journée Départementale
du Cacao sus présentés.
Pour ce qui est de l'essor de l'activité
cacaoyère, les producteurs de cacao pourront à la faveur des mini
comices agropastoraux, périodiquement organisés sous la coupe de
la coopération décentralisée, nouer de nouveaux
partenariats aux fins de bénéficier des appuis en
matériel, en expertises techniques (structurelles et organisationnel) et
opportunités de financements.
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