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La gestion durable de la filière cacao dans la région du centre du Cameroun : le cas du bassin de production de la Lékié.

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par Dieudonné MBARGA
Intitut des Relations Internationales duCameroun-IRIC/Yaoundé 2 - Master 2 « Coopération internationale, Action humanitaire et Développement Durable »  2011
  

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Conclusion

La présentation de l'historique et des potentialités économiques, sociales et naturelles de la cacaoculture dans le bassin de production de la Lékié nous a permis de distinguer deux grandes périodes, celle d'avant la libéralisation et celle d'avec la libéralisation.

Elle nous a également permis de relever que, si en période d'économie dirigée (c'est-à-dire avant la libéralisation), la présence de deux acteurs (l'Etat et le producteur) favorisait une identification et une gestion simples et faciles des intérêts en présence ; tel n'est pas le cas pour la période libérale en cours qui, offre le spectacle d'un foisonnement d'acteurs aux intérêts divergents et parfois, difficiles à concilier.

Nous avons également relevé l'effectivité des potentialités naturelles, sociales et économiques qui constituent des facteurs motivants et donc, catalyseurs de l'essor de la cacaoculture dans cette zone de production.

Cependant, malgré ce riche potentiel, l'activité cacaoyère dans le bassin de la Lékié présente des signes d'essoufflement qui annoncent son déclin, prélude à son abandon certain. Qu'est ce qui peut donc bien expliquer cet état de fait ? Les éléments de réponse à cette importante interrogation constituent la trame de fond du chapitre qui suit.

Chapitre 2 : Les entraves ou pesanteurs à la gestion durable de la cacaoculture dans la Lékié

C'est en constatant l'inefficacité de près de trente années de pratique d'une politique d'économie administrée et en réponse aux défis de la mondialisation, que le Cameroun s'est engagé dans la libéralisation de son économie ; ce qui, espérait-on, devait se traduire par le désengagement de l'Etat, une responsabilisation plus accrue des acteurs concernés, de meilleures perspectives sur le plan de la rémunération du travail à travers la logique des prix compétitifs...

Il en résulte à contrario un réel sentiment de démotivation, voire, de non épanouissement susceptible d'aboutir à un abandon pur et simple de la cacaoculture pourtant chère à la Lékié comme l'attestent de nombreux sondages et études30(*). Qu'est qui peut alors bien expliquer ou justifier cet état de fait ?

Cette situation du non épanouissement de la cacaoculture et du producteur de cacao dans le bassin de production de la Lékié, peut trouver des éléments d'explication dans l'analyse des entraves ou pesanteurs à la gestion durable de cette filière agricole dans cette région, objet du présent chapitre.

Les entraves à la gestion durable de la cacaoculture sont l'ensemble des facteurs endogènes (c'est-à-dire ceux qui se rapportent au contexte national) et exogènes (ceux découlant de l'environnement international) qui freinent et même, empêchent l'épanouissement et l'émancipation de la cacaoculture et du producteur de cacao dans la Lékié.

Section 1 : Les facteurs endogènes structurant la gestion non durable de la cacaoculture dans la Lékié

Monsieur NTCHOUWAT Amadou, enseignant de Droit à l'université de Yaoundé II appréhende les facteurs endogènes structurant la gestion non durable de l'économie cacaoyère, comme l'ensemble des dynamiques qui dérivent originellement de l'environnement interne de l'Etat et gênent l'essor et l'épanouissement de la cacaoculture et du producteur de cacao. Si certains de ces facteurs dans le contexte national relèvent de l'acteur étatique (paragraphe 1), d'autres par contre sont imputables au producteur de cacao lui-même d'une part, et d'autre part, à l'acheteur (paragraphe 2).

Paragraphe 1 : Les facteurs imputables à l'acteur étatique

De nombreux facteurs imputables à l'Etat n'ont pas favorisé l'émancipation et l'épanouissement de/par la cacaoculture. Ces facteurs se traduisent globalement en termes d'inappropriation même de la donne libérale dans notre contexte, d'un malaise organisationnel et managérial de la filière, de baisse du prix réellement perçu par les planteurs et de déficit infrastructurel.

Point 1 : L'inappropriation de la donne libérale et le problème d'organisation et de management de la filière

Imposée à marche forcée par les PAS, la libéralisation du secteur cacao n'a pas été suivie d'une appropriation nationale de nature à impulser son efficacité (adaptation) et son efficience (adéquation) au contexte « Cameroun ». Les réformes initiées au pas de charge ont été dictées par l'urgence, insuffisamment pensées et donc insusceptibles de réaliser les ambitions escomptées. A titre illustratif, si la réforme de l'ONCPB, du fait de la venue de la libéralisation entraine en 1991 la création de l'ONCC et du FODECC, tel n'est pas formellement le cas de la SODECAO pourtant acteur phare de la gestion de la filière, qui a dû s'adapter tant bien que mal sur le terrain au lieu d'être au préalable formellement réformée pour correspondre à la conjoncture nouvelle. Ce qui a eu pour résultat de réduire ses performances avec une longue période de navigation à vue et une sérieuse menace de liquidation ou de fermeture (1996-2003). En d'autres termes, la Société de Développement du Cacao a continué de fonctionner en 1995 - période libérale, avec la logique d'économie administrée qui prévalait au moment des années de sa création en 1974, alors même que le contexte économique n'était plus le même ; d'ailleurs, il était désormais fondamentalement différent, aux antipodes de sa logique d'antan.

De même à la suite de ce qui précède, il faut relever une mauvaise organisation et un management défaillant de la filière. La logique libérale au Cameroun a conduit à la création de plusieurs centres de décisions se traduisant entre autres par l'existence d'un trop plein d'organes aux compétences chevauchantes parfois mal définies et inadéquates, comme l'illustre la présence d'un CICC, du GEX (Groupes des Exportateurs de Cacao) à coté d'un ONCC, organismes qui revendiquent chacun la prérogative de la formation des producteurs et opérateurs de la filière en matière de contrôle de la qualité.

Les inconvénients de cette mauvaise organisation de la filière sont davantage complexifiés par une inefficacité managériale perceptible par l'absence de systématisation formelle d'outils de gestion tel, l'Agenda 21 d'entreprise, instrument technique de planification, suivi et évaluation dans la définition et atteinte des objectifs, de même que dans l'emploi des ressources s'y rapportant (humaines, financières, logistiques); conduisant in fine à une gestion opaque, non performante, c'est-à-dire inefficace et inefficiente de la filière cacao.

Enfin, l'Etat n'ayant plus les moyens de son interventionnisme d'antan et n'ayant pas suffisamment élaboré des modalités de soutien aux producteurs de cacao eu égard à la donne libérale qui s'imposait désormais à lui, c'est à un accompagnement approximatif auquel on assiste désormais, se traduisant :

- Au plan financier, par l'absence d'un système et organisme officiels de financement de l'activité cacaoyère, le projet de création d'une banque agricole n'étant encore à l'heure actuelle qu'à l'étape embryonnaire et le système FODECC pour sa part relevant toujours de l'opacité ;

- Et au plan purement technique, par la suppression de nombreux postes agricoles pourtant indispensables dans et pour certaines localités du pays en général et du bassin de la Lékié en particulier, à l'instar de ceux de Mvoua 1 et 2 ou d'Ebougsi à Okola en 1995 ; et de leur absence dans d'autres localités comme à Lobo, condamnant ainsi les producteurs à la débrouille et décourageant de facto des potentiels intéressés comme nous l'a confié M. MAMA MVONDO François, producteur de cacao, notable à la Chefferie de Tchek.

De même, le foisonnement de programmes agricoles aux contours spatio-temporels et utilitaires mal définis mais au fonctionnement budgétivore faisant très souvent concurrence à la SODECAO de manière injustifiée comme l'illustre l'existence de nombreux programmes semenciers (Le Programme de l'Union Européenne pour l'Amélioration de la Productivité Agricole - Relance des filières Cacao et Café-PAPA/RFCC) et d'entretien phytosanitaire logés au sein même du MINADER, est de nature à conforter la défaillance sus relevée.

Point 2 : La baisse du prix réellement perçu par les planteurs et le déficit infrastructurel

Nous savons que la baisse des cours mondiaux de la fève n'est pas un fait directement imputable aux Etats producteurs comme le Cameroun, sauf que la non effectivité des cours nationaux notamment à l'endroit du planteur est par contre un fait qui devrait directement leur être attribué. En effet, pour le cas du Cameroun, s'il est acquis que déjà dès 1966, le prix national était fixé par décret présidentiel au prorata de la qualité des fèves, de même que l'information sur ce dernier est depuis la période libérale relayée par l'ONCC par le biais de son système Infoshare, force est cependant de constater que l'Etat s'est dès lors juste cantonné à le fixer sans aménager les conditions de son effectivité. Résultat de cette posture, les planteurs sont spoliés, et dans un tel contexte, ils perçoivent que leur activité n'est plus rentable, ils ne sont plus motivés et envisagent son abandon au profit d'autres cultures rentables en tout temps à l'instar de celles vivrières ou de l'hévéa.

De même, le déficit infrastructurel qui se traduit par l'absence et/ou le piteux état des pistes de collecte à l'instar d'Elig Bikoun à la périphérie de Monatelé, l'inadéquation de la carte sanitaire et scolaire (...), est une entrave majeure à l'épanouissement du producteur de cacao et à l'émancipation de la cacaoculture. Ceci dans la mesure où, le Programme d'Entretien des Pistes de Collecte logé à la SODECAO depuis 1974, de même que le plan national de développement rural réaménagé à plusieurs reprises, n'ont plus depuis longtemps, les moyens de leur objectif, ce qui condamne ainsi les zones rurales enclavées qui se consacrent à la cacaoculture à l'incertitude de la commercialisation de leur production.

De plus, quand bien même, celle-ci (la commercialisation) est faite dans ces conditions d'enclavement, le prix versé aux planteurs de ces zones est très dérisoire car réduit à proportion de la difficulté d'accès de l'acheteur à ladite zone. Toutes choses qui empêchent un essor réel de la cacaoculture. Dans le même contexte, la couverture du réseau téléphonique est encore largement déficitaire avec de nombreuse localités encore non couvertes à l'instar de Lobo pourtant située à seulement 37 km de la ville de Yaoundé.

* 30 FOLEFACK Pompidou et GOCKOWSKI Jim, 12-01-2004, in «  Libéralisation et système de commercialisation du cacao en zone forestière du Sud Cameroun »

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"Je ne pense pas qu'un écrivain puisse avoir de profondes assises s'il n'a pas ressenti avec amertume les injustices de la société ou il vit"   Thomas Lanier dit Tennessie Williams