La gestion durable de la filière cacao dans la région du centre du Cameroun : le cas du bassin de production de la Lékié.( Télécharger le fichier original )par Dieudonné MBARGA Intitut des Relations Internationales duCameroun-IRIC/Yaoundé 2 - Master 2 « Coopération internationale, Action humanitaire et Développement Durable » 2011 |
Paragraphe 2 : Les facteurs imputables au producteur de cacaoSi la grande part de responsabilité de la gestion non durable de l'activité cacaoyère incombe à coup sûr à l'Etat, nous devons également relever que le producteur de cacao de la Lékié par ses pratiques et son contexte est aussi, à bien des égards, responsable de son non épanouissement. Point 1 : La responsabilité du producteur de cacao au plan individuel Individuellement, la responsabilité du producteur de cacao dans la gestion non durable de son activité découle de ce qu'il laisse vieillir son verger de cacaoyer, au lieu d'épouser une dynamique de réhabilitation planifiée, caractérisée par l'acquisition d'un nouveau matériel végétal plus productif et plus durable, et la mise en oeuvre de techniques culturales modernes. Outre le fait que l'usage de l'outillage rudimentaire (machette et lance pour la cueillette) perdure, témoignant de l'absence de mécanisation de l'activité cacaoyère certes justifiée par une insuffisance des ressources financières, le producteur de cacao de la Lekié manque de vision de diversification de son activité à l'instar du développement d'une industrie de transformation artisanale des fèves de cacao31(*), et de l'investissement de ses ressources issues de la cacaoculture ailleurs dans d'autres activités, que viennent complexifier les pratiques de location des cacaoyères à des prix dérisoires, condamnant les producteurs de cacao à la paupérisation voire à la misère totale. Point 2 : La responsabilité des cacaoculteurs du point de vue collectif Collectivement, il faut relever le manque d'engouement de l'écrasante majorité des producteurs de cacao pour le regroupement en collectivité (GIC, coopérative) pourtant salutaire à la défense des intérêts collectifs et au bénéfice de certaines facilités, à cause de leur gestion taxée d'approximative car empreinte de corruption, de détournement de fonds, de spéculation et donc impropre à leur promotion. A ce titre, notre examen des Rapports annuels des activités des GIC et Coopératives de la délégation départementale du MINADER de la Lékié nous a permis de constater que de 1995 à 2010 sur les près de 400 organismes collectifs que comptait ce département, on en dénombre plus qu'une centaine, les autres ayant soit déposé le bilan, soit fusionné. A ces facteurs se mêlent ceux découlant de l'environnement extranational. De même, le déficit démocratique et le type de management qui y ont cours semblent impropres à favoriser la promotion du mouvement associatif de défenses et promotions des intérêts collectifs. En effet, le management ici est surtout de type patrimonial où dans les 2/4 des cas que nous avons pu apprécier, le père de famille s'entoure d'abord de sa femme et ses fils à des postes stratégiques (caissier, secrétaire ...) de la coopérative pour ensuite prétendre gérer des intérêts collectifs.
* 31 MBARGA Dieudonné, Contribution de la SODECAO au développement de la transformation artisanale et à la valorisation des fèves de cacao, Projet de fin de formation, Codev 2012. |
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