IV. Synthèse
A travers les entretiens que j'ai pu mener au sein de ces
différents lieux de travail, j'ai tout d'abord pu me rendre compte qu'un
facteur de stress était prédominant chez les soignants ; il
s'agit de la surcharge de travail.
En effet, la surcharge de travail semble engendrer plusieurs
conséquences chez le soignant. Les soignants ressentent une
insatisfaction au travail, une déception face à la
différence entre les soins qu'ils voudraient effectuer et ceux qu'ils
effectuent. Certains d'entre eux évoquent même un lien avec la
souffrance au travail qu'ils peuvent ressentir par moment.
Même si la surcharge de travail prédomine parmi
les sources de stress, on peut aussi retrouver le manque de reconnaissance,
l'insécurité de l'emploi, les conflits de valeurs, les situations
d'urgences et l'agressivité des patients. Les données recueillies
lors de mes entretiens corroborent avec mes recherches menées dans le
« Cadre conceptuel ».
Je rappelle la définition de la souffrance au travail par
Christophe DEJOURS :
La souffrance au travail, c'est le vécu qui surgit
lorsque le sujet se heurte à des obstacles insurmontables et durables,
après avoir épuisé toutes ses ressources pour
améliorer l'organisation réelle de son travail vis-à-vis
de la qualité et de la sécurité. En d'autres termes la
souffrance pathogène commence lorsque le rapport du sujet à
l'organisation du travail est bloqué.
Devant certaines situations, j'ai bien ressenti que certains
soignants avaient l'impression d'être face à des obstacles qui
leur semblaient « insurmontables », comme par exemple la surcharge de
travail. Mais au sein d'un même service, le vécu de ces situations
sera différent pour chacune des personnes. Cependant, les sentiments
exprimés par chacun des soignants tels que la tristesse ou l'agacement
sont autant de signaux d'alerte à la souffrance au travail - tels qu'ils
étaient décrits dans mes recherches - qu'il faut prendre en
compte.
Pour compléter mon analyse il aurait aussi
été intéressant d'ajouter une question sur les
symptômes du stress puisqu'ils étaient évoqués dans
mes recherches. J'entends par là les troubles du sommeil ou troubles de
l'appétit par exemple.
44
Finalement, si je fais le lien entre ce qui a
été abordé dans mon cadre conceptuel et les propos des
infirmiers lors de mes entretiens, je constate qu'ils vont dans le même
sens. Alors qu'un stress ponctuel peut permettre d'améliorer sa pratique
et donner le meilleur de soi-même, un stress professionnel chronique peut
parfois être à l'origine de souffrance chez le soignant. Mais il
est important de préciser que ce n'est pas le travail qui rend malade,
ce sont certaines contraintes dans lesquelles il est exercé qui peuvent
être délétères pour la santé.
45
|