III. Le stress et la souffrance au travail
Le stress et la souffrance au travail
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Ce qu'en pense le soignant
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IDE 1 : « surcharge de travail » - idéal de
soins - « faire de l'abattage » -
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IDE 2 : Manque de reconnaissance de la part des cadres de
santé - Pression de la part des cadres - « elle valorise pas ton
travail » - « remarque que les points négatifs » - «
souffrance » - « sur le moral, ça peut jouer » - «
elles nous écoutent pas vraiment »
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IDE 3 : « Manque de personnel » -
« Manque de moyens » -
« Communication avec les supérieurs pas toujours
adaptée »
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IDE 4 : « Mauvaise relation avec ta collègue » -
« Frustration » - « Charge de travail » - « Transfert
sur mes parents » - « Du mal à trouver du boulot » -
« Tu prends le boulot qui te vient » - Idéal de soins
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IDE 5 : « Souffrance psychologique » - « Pas tant
dans l'aspect technique du métier » - « Le larbin de service
» - « Il faut être disponible à tout bout de champ
»
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Le vécu du soignant
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IDE 1 : « il m'arrive de ne pas me sentir bien » -
« je me sens pas efficace » - Idéal de soins - «
ça me tient à coeur » - « déçu de ce que
je fais » -
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IDE 2 : « pleurer » - « rare »
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IDE 3 : « Ça m'est déjà arrivé
» - « On stresse quand même » - « Craquer »
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IDE 4 : « Frustrant » - « Ça m'est
déjà arrivé » - « Très grosse frustration
»
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IDE 5 : « On n'est pas surhumain » - « On peut
pas sauver tout le monde » -
« impuissant » - « On n'a pas le bon rôle
»
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Au sujet de la souffrance au travail, voici ce qui en ressort
:
- Cinq infirmiers sur cinq évoquent un contexte de
travail difficile : surcharge de travail, manque de moyens humains et
techniques.
- Deux infirmiers sur cinq évoquent des
difficultés avec leurs supérieurs hiérarchiques : manque
de reconnaissance, manque de valorisation du travail.
- Cinq infirmiers sur cinq estiment avoir déjà
ressentis de la souffrance au travail.
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Pour aborder le thème de la souffrance au travail, j'ai
demandé aux soignants ce que ce terme évoquait chez eux et c'est
alors qu'on retrouve les sources de stress évoquées
précédemment.
Premièrement, on entend à nouveau parler de la
surcharge de travail. Ce facteur semble être un poids important dans le
quotidien des soignants puisqu'il revient tout au long de chacun des
entretiens. Certains des interviewés font également le lien avec
le manque de personnel. Même si le terme « souffrance
» ne semble pas adapté pour tous les soignants, ils parlent
alors de mal-être, ou de déception.
Aussi, le manque de reconnaissance des supérieurs
hiérarchiques, et notamment des cadres et des médecins, a
déjà été générateur de souffrance
chez quatre soignants sur cinq. Par manque de reconnaissance, les soignants
entendent aussi manque de valorisation du travail et manque de communication,
ils ne se sentent pas toujours écoutés. Dans ma situation de
départ, c'est le manque de reconnaissance principalement qui avait
d'ailleurs amené l'infirmière à se retrouver en situation
d'épuisement professionnel.
Pour l'IDE 4, la souffrance au travail évoque pour elle
le thème de la précarité de l'emploi : difficulté
à trouver un emploi ou travailler dans un secteur qu'on
n'apprécie pas forcément. Ce thème avait été
abordé à travers les risques psychosociaux dans la partie «
Cadre conceptuel ».
Enfin, tous les infirmiers m'ont parlé de la
confrontation entre leur idéal de soins et la réalité du
terrain. J'ai ressenti chez les soignants une envie de faire de leur mieux, une
envie de donner le meilleur d'eux-mêmes mais le fait que cela ne semble
pas être possible dans la réalité semble
générer une grande frustration voire une souffrance.
Bien que certains infirmiers arrivent à se
détacher de leur travail et se dire que quoi qu'il arrive ils n'y
peuvent rien (« on n'est pas surhumain »), certains
soignants se remettent en question continuellement. Alors que la remise en
question peut entraîner une amélioration des pratiques
professionnelles, utilisée en excès elle peut être
responsable d'une pression psychologique trop importante pouvant causer des
risques psychosomatiques.
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Pour faire le lien avec les recherches
précédemment menées, le stress dont m'ont parlé les
soignants durant les entretiens ne semblent pas être du « bon
stress ». Pour rappel, un bon stress pousse à donner le
meilleur de soi-même. Ici, le stress semble au contraire être
générateur de souffrance.
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