II. Du constat à la question de recherche
Dans la première situation, évoquée page
5, l'infirmière s'est retrouvée face à une situation
stressante. J'ai relevé plusieurs sources de stress à travers
cette situation ; certaines sont contingentes au soignant, d'autres à
l'organisation du service. Tout d'abord, l'adaptation à un nouveau
service. Je ne sais pas quand l'infirmière a été
prévenue de son changement de service, mais il m'a semblé qu'il y
avait eu peu de temps entre ces deux moments et donc l'adaptation au nouveau
service a dû se faire rapidement. Autre source de stress, la situation
d'urgence a obligé l'infirmière à réagir
rapidement. De plus, l»infirmière n'ayant été que
récemment diplômée, certaines situations (d'urgences
notamment) peuvent être appréhendées différemment.
En effet, on peut ne pas avoir connaissance de l'emplacement de certains
dispositifs, ou encore ne pas savoir comment réagir à certaines
situations nouvelles pour nous. Enfin, la dernière source de stress est
pour moi la charge de travail. Les infirmières n'étaient que deux
ce matin-là pour une vingtaine de patients. Dans un service où
les soins apportés au patient sont nombreux, il me semble que les
infirmières avaient dû supporter une charge de travail
importante.
L'ensemble de ces facteurs de stress cumulés a donc
provoqué chez l'infirmière de la tristesse et de la
culpabilité, qui s'apparente, selon moi, à de la souffrance
morale.
Dans la deuxième situation, c'est le manque de
reconnaissance de ses supérieurs hiérarchiques qui constitue un
des facteurs stressants, et qui a probablement amené l'infirmière
à souffrir. Et c'est de manière insidieuse que semble être
apparu le Burn-out, puisque l'infirmière s'est épuisée
à la tâche en se surinvestissant davantage encore jusqu'à
en arriver à l'épuisement. Je me souviens d'ailleurs des propos
de cette patiente : elle me racontait que c'est à la demande de ses
proches qu'elle s'était faite hospitalisée faute de quoi elle
aurait certainement continué à travailler, elle ne semblait pas
s'être rendu compte de son état. Ses proches avaient en effet
remarqué qu'elle présentait des troubles du sommeil et avaient
ressenti chez elle un très grand épuisement physique et
émotionnel.
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Le stress professionnel et la souffrance au travail, tel est
le lien entre mes deux situations. En effet, alors que j'ai ressenti de la
souffrance au travail chez l'infirmière remplaçante en chirurgie,
dans la deuxième situation celle-ci est avérée puisqu'elle
a amené une infirmière à entrer dans le Burn-out. Dans
chacune de ces situations, une ou plusieurs sources de stress étaient
présentes à la naissance de la souffrance.
De ce constat naît donc une question de recherche :
« Quel est l'impact du stress professionnel sur le
soignant ? »
Suite à l'analyse de mes deux situations de
départ, je peux émettre comme hypothèse :
« Un stress chronique chez le soignant peut
générer chez lui une souffrance
au travail. »
J'ai choisi d'aborder le thème du stress professionnel
et de la souffrance au travail car ce sont deux thèmes qui me tiennent
à coeur. En effet, dans certains services hospitaliers dans lesquels je
suis allée, j'ai été confrontée à des
soignants qui se plaignent, qui n'ont pas d'entrain pour aller au travail et
dont certains disaient être « à bout ». «
Le métier d'infirmier, c'est plus que c'était »,
« on nous en demande toujours plus mais avec de moins en moins de
temps » sont des phrases qui me laissent penser que certains
soignants sont en souffrance.
Etant prochainement jeune diplômée, je me suis
demandée ce qui avait bien pu amener les soignants à perdre leur
motivation et leur entrain de jeunes diplômés.
L'objet de ce travail est donc de croiser stress professionnel
et souffrance au travail afin de comprendre comment l'un peut amener
l'autre.
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