II. Le rôle de la culture
Comme nous venons de le constater, si la genèse d'une
croyance est en rapport avec une anomalie de départ, elle est aussi
liée à la culture. C'est alors la différence entre
l'analyse logique de l'anomalie et la perception ressentie qui donne naissance
à la formation d'un récit. Ce dernier, qui peut être en
relation avec un bestiaire populaire, « réintègre
l'épisode dans un cadre traditionnel » 226. et est tout
à fait propice à la création d'animaux alternatifs.
Par exemple, le folklore qui s'est au fil des âges
greffé à la figure du loup en tant que prédateur
insatiable, en à souvent fait une sorte de « surloup » 227
ou « loup magique » 228. l' identification
symbolique de l'animal a pu ensuite s'introduire dans l'imagerie populaire et
de ce fait avoir une influence non négligeable sur les
interprétations humaines. Ainsi, des êtres tout droit sortis des
mythes et des croyances ont pu comme l'écrit Meurger « gagner
une factualité illusoire » 229. Une illustration de
ce processus peut être constatée dans un écrit de 1579. Une
Bête inconnue alors « tourmente les gens par les champs et les
chemins » 230. Les soupçons se concentrent alors
sur la figure du sorcier et du loup-garou : « L'on a ouï cette
opinion que c'était quelque léopard ou loup-garou et que cette
bête était un homme vaudois qui, par l'art du diable, se
transformait en cette figure » 231
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