II. 1764 - 1767, le carnage trois années durant
Entre 1764 et 1767, une bête qui va très vite
être connue sous le nom de « la Bête » attaque
femmes, hommes et enfants des deux sexes. Bien que les attaques soient le plus
souvent localisées autour des bois et des pâturages, l'animal ne
recule pas devant les zones habitées 139. La plus grande
partie des attaques n'est pas mortelle (62,8 %) 140 mais les
blessures sont graves et les décès relatifs aux suites de
celles-ci sont chose commune (37.2 %). Au vu du nombre total des victimes
décédées, on peut noter que les enfants sont les plus
touchés, ceci dans une proportion de 69,3% . Ensuite viennent les femmes
(54,8 %) et les hommes (24.8 %). La Bête attaque les jeunes
garçons, les jeunes filles, les femmes adultes et enfin les hommes
adultes avec par ordre décroissant respectivement une proportion de 31.4
%, 25.6 %, 22 %, 21.1 %. A l'époque, c'est l'extrême
cruauté des attaques qui frappe les esprits. En effet, on
dénombre 21 victimes décapitées 141 et celles
dont les parties du corps sont en partie déchiquetées sont
nombreuses.
De plus, il faut ici tenir compte des dégâts
psychologiques causés par les méfaits de la Bête. Bien que
ce genre d'information soit difficile à obtenir, on peut tout de
même noter qu'un témoignage y fait référence. A la
vue de ce qu'il pense être la Bête « Pailleyre dit
Bégou de
137 Archives départementales de l'Hérault cote
44/106, 2 Mi 116/106
138 Archives départementales de l'Hérault cote
44/106
139 L'épisode de la « femme jouve »
confirme cette affirmation : « (...) Jeanne Jouve était
devant sa maison avec ses trois enfants au Mas de la Vessière, non loin
de Saint Alban, vers midi le 14 mars 1765. Soudain attirée par un bruit,
elle s'aperçoit que sa fille de 9 ans vient d'être saisie par la
bête qui est passée pardessus la muraille (...) » (DE
LAVIGNE, 2007 : 45)
140 Les calculs relatifs aux méfaits de la Bête du
Gévaudan ont été effectués par Alain Bonet.
141 BONET, Alain (conversation téléphonique du
14.02.2016).
42
Pontajou » eut tellement peur qu'il ne
« qu'il faillit ne pas en revenir » 142. Quant
à l'étendue de la prédation, le croisement des sources
nous renseigne. Etabli par Alain Bonnet, le tableau ci-dessous fait état
de plus de 289 victimes des attaques de l'animal. Ces attaques forment, selon
Jean-Marc Moriceau,143 la seconde vague la plus meurtrière
recensée entre 1571 et 1870 la première étant celle qui
prit place entre 1688 et 1697 lors de la guerre de la ligue d'Augsbourg 144.
Victimes des attaques de la Bête du Gévaudan sur
trois années
|
Attaques
|
Blessures
|
Décès
|
Total
|
Sources officielles145
|
79+
|
38
|
83
|
200+
|
Sources non-
officielles146
|
52+
|
10
|
24
|
86
|
Historiens147
|
1
|
1
|
1
|
3
|
Total
|
132+
|
49+
|
108
|
289+
|
|