WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

La bête du Gévaudan, l'animal pluriel.

( Télécharger le fichier original )
par Laurent Mourlat
Université d'Oslo - Maitrise 2016
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

V. Présentation rédigée du plan général de l'étude

Première partie

La première partie de ce travail est consacrée à la présentation du Gévaudan et aux transformations sociétales du Siècle des Lumières. Des informations en rapport à la géographie du territoire de prédation de la Bête, à la condition sociale de ses habitants ainsi que des précisions relatives à l'évolution du statut du « monstre » en tant que tel seront données. En effet, tous ces éléments sont partie prenante du déroulement de l'histoire qui nous intéresse. Si l'isolement du Gévaudan du XVIIIè contribue à en faire une région où des règles quasi-féodales sont toujours en vigueur 83, il est possible que cette organisation sociale ait pu favoriser la conservation de croyances antérieures à ce siècle. Aussi, la confrontation de ces dernières avec les évolutions philosophiques et scientifiques de l'époque a pu être à l'origine de la genèse de nouvelles croyances.

82 Cette autorisation m'a été donnée par mon interlocuteur, ceci au cours de la conversation téléphonique qui a précédé notre entretien.

83 Ce détail m'a été donné le 13.07.2015 au cours d'une discussion avec Jean Richard, auteur de plusieurs livres sur la Bête du Gévaudan.

26

Deuxième partie

La deuxième partie de ce mémoire est dédiée à l'étude du processus de l'élaboration des croyances en rapport aux félins exotiques. Dans ce chapitre, je me fonderai sur un article 84 de Michel Meurger pour expliquer de quelle façon l'existence supposée de bêtes non indigènes suscite l'adhésion de certains. La présence d'une narration populaire propre au Gévaudan et à sa culture ainsi que des éléments constitutifs de la mise en place de ce récit apparaîtront à travers l'analyse d'une partie de l'entretien non directif évoqué précédemment. Ainsi, des éléments comme les « signes anomaliques » 85, la « réactivation de croyances locales » 86 ou la « réintégration de l'épisode dans un cadre traditionnel » 87 seront mis en évidence. Indispensable à la résolution de la problématique de cette étude, la compréhension du processus attaché au développement des croyances liées à la bête du Gévaudan 88 à l'époque des faits est à mon sens indispensable. C'est pourquoi, et ceci dans le but d'annoncer la stratégie utilisée dans la suite de ce travail, le cadre philosophique du siècle dans lequel se déroulent les faits décrits dans le témoignage de Mr Boisserie sera pris en compte. Comme nous le verrons, les changements paradigmatiques effectués entre le XVIIIè et le XXè siècles participent à la mutation de l'objet de l'animal imaginé.

Troisième partie

La troisième partie de ce mémoire est consacrée à une étude sectorielle des croyances car je soupçonne que dans le Gévaudan du XVIIIè siècle, ces dernières sont en rapport avec les catégories sociales dont elles sont issues. Ainsi, le Tiers-Etat peut avoir développé des croyances différentes de celles des populations éduquées. Afin de découvrir si cette hypothèse est vérifiée, il est utile de comprendre quelle était à l'époque l'influence réciproque des groupes sociaux et des individualités en présence. Ainsi, après avoir analysé les motivations et les intérêts de figures centrales issues de la noblesse, je me pencherai sur le rôle du prêtre en tant que représentant de la foi officielle puis, comme composante de la vie sociale des roturiers.

84 MEURGER Michel. « Les félins exotiques dans le légendaire français », Communications, 52, 1990. Rumeurs et légendes contemporaines, sous la direction de Véronique Campion-Vincent et Jean-Bruno Renard. 1990. pp.175-196.

85 MEURGER Michel. Loc. cit., p. 177. Par « signe anomalique », Meurger fait référence aux détails inhabituels tels que des griffures placées en hauteur sur les arbres, des cris étranges dans la forêt etc...

86 MEURGER Michel. Loc. cit., p. 179.

87 MEURGER Michel. Loc. cit., p. 178. Par cette formule, l'auteur fait référence au cadre dans lequel se développe la croyance ou à quoi cette dernière se rattache. Par exemple, dans le cas de notre étude, la « réintégration dans le cadre traditionnel » de l'épisode se rapporte à la culture du lieu et aux éléments qui favorisent la naissance de la croyance.

88 Dans ce cas, la Bête du Gévaudan est considérée comme un « félin exotique ».

27

Aussi, l'iconographie, en tant que vecteur de propagation d'un récit particulier, doit être prise en compte car il est probable que la presse ait tenté d'exploiter l'effroi causé par la Bête dans le dessein de résoudre les problèmes financiers auxquels elle devait faire face. Si cela était le cas, l'étude des estampes diffusées au cours des événements pourrait nous éclairer sur l'existence d'une narration spécifique. L'examen de l'iconographie et du discours médiatique qui lui est attaché sera mené en parallèle à une analyse des témoignages rapportés dans les archives puis, mis en rapport avec le cadre théologique dans lequel évoluent les croyances.

Enfin, pour résoudre notre problématique, il faut délimiter l'influence réciproque des éléments, examiner la possible subordination des uns aux autres et en tirer une ligne directrice. On cherchera donc à savoir si les multiples narrations (religieuses, médiatiques, populaires, etc....) autour de l'animal responsable des carnages ont une incidence sur la superstition à l'époque de la Bête. C'est en comparant les croyances déjà présentes dans cette région à celles qui ont pu naître pendant cette affaire qu'il sera alors possible de se rendre compte si l'inefficacité des chasses, le mandement de l'évêque de Mende, la réalité médiatique ou toute autre chose ont impacté les croyances attachées à cette histoire.

C'est bien le caractère multiforme de la représentation de la bête du Gévaudan qui concentre nos motivations pour cette étude. Du loup-garou à la hyène, cette entité polymorphe passe de l'animal de foire au monstre mythologique. C'est cette variété des apparences qui oblige le chercheur à se concentrer sur les multiples narrations qui parsèment cette histoire pour enfin, peut-être, arriver à définir en quoi la croyance affecte le réel.

28

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Le doute est le commencement de la sagesse"   Aristote