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La conception de l'éducation chez les betsimisaraka: analyse à  travers les proverbes. Cas du village de Rantolava

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par Anonyme
Université de Rouen - Master 2 en Sciences de l'éducation 2014
  

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VI.1.2. L'importance de la monnaie

L'évolution de la société modifie les priorités de ses membres. L'affirmation de LEIF et RUSTIN nous semble importante à ce propos : « nous appartenons à une nation, mais aussi à beaucoup de sous-groupes de cette nation, et nous appartenons également à la civilisation occidentale et à l'humanité »63. L'argent devient un

63 LEIF, RUSTIN (1970), op.cit., p.132

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facteur déterminant de cette modification. L'entraide sociale ne résout plus grand-chose, en ce qui concerne les besoins fondamentaux. Dès l'accouchement de l'enfant, les parents déboursent de l'argent pour la maternité, les vêtements. A l'âge de 6 ans, ils doivent inscrire leur enfant à l'école primaire publique et payer des frais de scolarité, des articles et fournitures scolaires. Dans certains cas, avec la framisation64 des écoles publiques, les charges parentales pourraient augmenter au cours de l'année scolaire. Ensuite, à la fin du primaire, si les parents décident de poursuivre les études de leur enfant, ils devront encore, outre les frais de scolarité et la participation parentale aux enseignants-FRAM, se préparer au frais de loyer mensuel. Le village de Rantolava ne dispose que d'un enseignement primaire. Pour les études secondaires, les élèves doivent étudier au chef-lieu de la Commune (5 km à pied) ou au chef-lieu du District (15 km en vélo ou en moto).

Toute est alors question d'argent. Le fihavanana si cher au betsimisaraka n'arrive plus à lui tout seul à garantir le fonctionnement de la vie en société si on ne se réfère qu'aux charges liées à l'éducation de l'enfant. Or, nous ne pouvons non plus ne pas envoyer nos enfants à l'école. Non seulement c'est un droit, mais c'est aussi une exigence sociale.

VI.1.3. L'entraide et la cohésion sociale

Toutes les situations que nous avons évoquées plus haut constituent des faits vécus dans la société. D'ailleurs, comme l'affirment toujours Leif et Rustin, la société est à la fois un fait et une valeur. Cette mutation de la société se justifie par le proverbe : « Miasa tsy mitamby haniña : miasa tsy hömaña, tsy fataon'ôloño » (Travailler n'est pas demander de la nourriture : travailler sans rien manger, ne se fait

64 Framisation : ce terme est né de la FRAM qui est une association des parents d'élèves. Dans un grand nombre d'établissements scolaires, les maîtres fonctionnaires payés par le gouvernement ne sont pas suffisant. Cette situation oblige la FRAM à recruter des maîtres suppléants dont elle prend la charge.

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pas). Désormais, l'idée de travail contre nourriture devient un concept nouveau de la société betsimisaraka d'aujourd'hui. Ici, la nourriture ne doit pas être considérée au sens propre du terme, il s'agit plutôt de l'argent.

Mais comme Kant, nous partageons l'idée qu'il n'y a pas chez l'homme de dispositions au mal. Le mal vient de ce que la nature n'est pas réglée65. A Madagascar, on dit : « Ny kakazo no vañon-ko lakaña, ny tany naniriàny no tsara » (un arbre devient pirogue66, c'est parce que le sol où il a poussé est bon). Le tambirô, le fandriaka comme le lampoño demandent du temps. Imaginons si pendant une semaine, on a laissé notre foyer pour travailler dans les champs de nos semblables sans apporter de l'argent. Comment allons-nous couvrir les charges financières du mois ? Comment allons-nous payer les frais de scolarités de nos enfants ? L'argent devient une exigence fondamentale dans le fonctionnement de la vie familiale. Si auparavant, l'argent ne servait qu'à l'achat de vêtement, au frais de transport et, pour un petit nombre de personnes, à l'achat des matériaux de construction, il est actuellement présent à tous les pas à franchir. Une précision s'impose par rapport à l'idée que nous venons d'évoquer : un petit nombre de personnes. Il faut savoir qu'à l'époque, les maisons étaient construites en matériaux locaux, donc on n'avait pas besoin d'argent pour s'en procurer. Seules, les personnes aisées construisaient des maisons dont les toits sont en tôle ou des bâtiments en matériaux durs.

En plus, au village de Rantolava, nous avons déjà indiqué que la plupart des habitants vivent de l'agriculture et de la pêche. Ce ne sont pas des salariés, ils gagnent de l'argent en fonction de leur quantité de poisson au quotidien. A chaque fois qu'ils

65 KANT Emmanuel, De la pédagogie.

66 Généralement, les Betsimisaraka construisent des pirogues en bois. Cependant, il faut un grand arbre pour la construire. Ce proverbe signifie que le comportement d'un individu ou des membres d'une société est le reflet de l'environnement où il a vécu. Ici, le proverbe parle d'un résultat positif de l'éducation, mais il peut également expliquer le contraire. Autrement dit, si un arbre ne peut devenir une pirogue, c'est parce qu'il a été mal poussé.

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laissent leurs activités quotidiennes au profit de travail communautaire, un manque à gagner est constaté.

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