La conception de l'éducation chez les betsimisaraka: analyse à travers les proverbes. Cas du village de Rantolava( Télécharger le fichier original )par Anonyme Université de Rouen - Master 2 en Sciences de l'éducation 2014 |
III.2.2.3. La préparation à la vie sexuelle et conjugaleMême si les proverbes relatifs à la préparation à la vie conjugale n'ont pas été vraiment évoqués lors de nos enquêtes auprès des ménages, l'entretien auprès des cibles particulières tels que les notables de la région nous a permis de connaître suffisamment de proverbes pour justifier que ce thème figure parmi les objectifs de l'éducation en terre betsimisaraka. Nous citons ici alors quelques proverbes cité par LAVA Jean-Claude, un enseignant de Malagasy retraité : 58 FANONY Fulgence, Öhabölaña betsimisaraka (Proverbes betsimisaraka). Université de Toamasina. Article disponible sur : www.anthropomada.com/ibliothèque/FANONYFulgence-ohabolana betsimisaraka ou proverbes.pdf 66
A travers de ces proverbes, la société transmet à ses membres, en particulier aux jeunes garçons, des réflexions sur la question relative à la vie sexuelle, d'une part, mais aussi, sur la préparation à la vie conjugale, d'autre part. De la première observation, ces proverbes autorisent les jeunes garçons à entamer des relations sexuelles avec les femmes. Seulement, pour ce faire, ils doivent respecter certaines limites. Ainsi par exemple, en se référant au premier proverbe évoqué, le message est tout à fait clair. Oui, un jeune garçon a le droit d'avoir une relation sexuelle et de sortir avec une jeune fille de son goût, mais surtout, il ne faut pas la détruire. Vous n'avez pas droit de l'en abuser que si vous êtes prêts de la demander en mariage. Ici, le mot « tuer » ne signifie pas strictement « ôter la vie », mais ruiner et détruire l'avenir de quelqu'un. Devenir une mère célibataire est une honte pour la famille betsimisaraka. En plus, cette femme risque de ne pas trouver de mari tout au long de sa vie car, en principe, aucun homme ne veut s'occuper d'un « zana-bady » ou encore d'un « zana-drafy » (littéralement : « enfant de l'épouse » ou « enfant d'un rival »). Dans la vie quotidienne, cette volonté éducative se manifeste par la pratique de certaines formes de plaisanterie entre les membres de la famille. Les plus remarquables sont celles qui existent entre oncles et nièces, oncles et neveux ou neveux et tantes, ainsi que celle qui existe entre le grand-père et ses petits-enfants. Dès son enfance, la fille est habitué à être appelée par son oncle comme étant « madamo », c'est-à-dire « épouse ». Sur le même principe, c'est ce qui se présente également entre la tante et son petit neveu. La tante l'appelle « ramose » qui signifie « mari ». C'est surtout dans ce sens que le deuxième öhabölaña intervient. La tante et 67 son petit neveu sont considérés (selon la plaisanterie des betsimisaraka) comme étant un couple (mari et femme). C'est pourquoi on dit que lorsque le petit neveu se couche avec sa tante, il s'agit d'une situation normale. Son oncle ne devrait pas se fâcher. De la même manière, mais avec un objectif différent, il se peut que le grand-père et l'oncle appelle respectivement leurs petit-fils ou leurs neveux comme étant de « beaux-frères ». Et, c'est le sens véhiculé par le second proverbe. Si on veut aller un peu plus loin, cette appellation signifie que le garçon est le mari de sa mère. Autrement dit, dès son enfance, il doit prendre soin de sa mère en tant que l'homme de la maison. A l'absence de son père, il n'est pas considéré comme étant un enfant, mais un homme de la famille. Comme ce qui se présente avec les jeunes filles, ces différentes formes de plaisanteries préparent psychologiquement les jeunes betsimisaraka, à prendre leur responsabilité conjugale ou familiale, une fois devenus adultes. 68 CHAPITRE IV - APPROCHES PEDAGOGIQUES D'UNE ECOLE
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