2.3.2. La
libéralisation et l'approche basée sur les résultats
Le retrait du secteur public de nombreux projets associatifs
et socio-politiques et la crise financière, associés aux efforts
pour l'ajustement structurel, se sont traduits par une raréfaction des
ressources disponibles pour soutenir ou suivre les activités socio
éducatifs. Et l'on voit de plus en plus actuellement l'adoption de
pratiques commerciales et de l'idéologie libérale dans le secteur
social. Les projets sociaux et projet des jeunes devaient être autonomes
car les emplois n'étaient plus assurés et les structures
n'étaient plus soutenues. La priorité allait désormais aux
résultats et le soutien aux projets, et non plus aux organisations en
tant que telles.
La prédominance de l'idéologie (néo)
libérale et de ses principes se sont indubitablement traduits par
l'application de critères « commerciaux » dans le
secteur non commercial, la société civile et le secteur public.
Parmi les principes qui nous intéressent le plus dans cette nouvelle
orientation, citons notamment la responsabilité, la rentabilité
et plus généralement les techniques de management des entreprises
appliquées au secteur non commercial et à but non lucratif. Il
faut donc survivre dans cet atmosphère où tout ce qui
n'était pas du domaine commercial est suspect, voire voué
à l'échec à plus ou moins longue
échéance.
En outre, il y a déplacement des accents en
matière d'aide politique et au développement. Les principes qui
régissent la coopération et l'aide au développement entre
le Nord et le Sud ont connu un changement d'orientation. Les pays donateurs et
les Bailleurs de Fonds ont associé l'aide au développement
à la notion de résultats. A présent, le soutien va presque
exclusivement aux projets, notamment de faible envergure
démontrant des résultats tangibles, et non plus aux
politiques.
En plus, le programme de financement ne prévoyait pas
la couverture des coûts structurels des organisations. Pour les projets
au niveau de la MJ, il incombe à l'Etat de trouver des contributions
complémentaires.
2.3.3.
Individualisation et fragmentation de la jeunesse et des groupes de
jeunes
Du fait de l'érosion des modèles collectifs
d'association et de participation sociale des jeunes, combinée au
développement de leur prise de conscience personnelle et de leur
réflexion et au rejet ou au déclin des modèles
traditionnels - les engagements à long terme sont devenus de plus en
plus obsolètes chez les jeunes d'aujourd'hui, parce que moins en phase
avec la réalité qu'ils vivent.
Dans la société de risque d'aujourd'hui,
l'individu doit davantage prendre ses propres décisions, faire des choix
et assumer la responsabilité de sa vie et de son avenir. La disparition
progressive de certains modèles de référence collectifs
sociaux, culturels a aussi conduit à une fragmentation de la jeunesse et
à la multiplication des processus d'identification, tant synchroniques
que diachroniques.
Dans ce nouvel environnement, les organisations de jeunesse et
les institutions, notamment les MJ, doivent relever le défi de
l'adaptation et de la modernisation : Assurer la réponse aux
besoins pressants et immédiats exprimés par les jeunes tout en
proposant un ou des programmes d'action immédiate et des engagements sur
le long terme, même si cela semble beaucoup plus difficile. Aujourd'hui,
pour la plupart de jeunes, les mots d'ordre sont le court terme et si possible
tout de suite.
A l'idéalisme et à l'engagement politique
caractérisant le siècle dernier sont venus se substituer le
réalisme et l'action, qualités associées à des
projets de petite envergure, qu'ils soient des projets propres de la MJ ou au
bénéfice de la collectivité. De ce fait, les
résultats visibles et les expériences vécus maintenant
gagnent en attrait du fait de leur nouveauté et de leur potentiel
socialement vendeur.
Les jeunes sont aujourd'hui moins susceptibles de se mobiliser
pour une organisation, un programme ou une cause. A la place des
préoccupations globales, l'environnement, la démocratie, on
trouve à présent des préoccupations liées à
la pauvreté, l'emploi, la vie quotidienne et dans une certaine mesure
à la globalisation et aux possibilités d'y participer via des
moyens tels que l'informatique et l'internet. La Maison des jeunes devront donc
à mesure de répondre à ces attentes. Mais cela suppose,
bien sûr que l'on révise les façons traditionnelles avec
lesquelles on a procédé pour gérer ces structures.
Le management stratégique trouve donc sa justification et
son terrain de prédilection dans ce contexte pour que ces centres
puissent identifier les orientations nécessaires tout en s'engageant
dans les activités à court terme qui ne sont que de jalons pour
atteindre les objectifs fixés au préalables et à
moyen / long terme.
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