CHAPITRE III: LA LIBERALISATION DE L'ESPACE AUDIOVISUEL
EN COTE D'IVOIRE
Après la libéralisation de la presse en 1990, le
paysage audiovisuel ivoirien attend une prochaine ouverture que des experts
suggèrent prudente. Très bientôt les deux chaînes de
télévision publiques RTI 1 et RTI 2 ne seront plus les seules
à occuper l'espace audiovisuel de la Côte d'Ivoire.
En radio, le problème ne se pose pas
réellement, d'où la multiplicité des chaînes de
station radio. La radio est le média le plus populaire en côte
d'ivoire. Les radios locales et nationales sont présentes dans tout le
pays et diffusent en français et en langues nationales. Les radios
communautaires sont les plus nombreuses et perçues comme une source
d'information crédibles par les auditeurs.
I. Du monopole d'Etat à la concurrence
L'entreprise audiovisuelle va évoluer d'un
environnement de monopole étatique (1960 à 1990) â un
environnement concurrentiel (1991 à 2004).
I.1. Le monopole de l'Etat
I.1.1. La mainmise du pouvoir politique
Le champ médiatique est sous le contrôle total du
parti unique. Les médias ont des missions bien précises et les
journalistes ne doivent faire que ce que le pouvoir politique veut voir et
entendre. L'avènement à la souveraineté nationale et
internationale imposait à la Côte d'Ivoire de construire son
unité et s'engager pour le développement. Le pays était
confronté à tant de défis qu'une certaine liberté
de presse était considérée comme un luxe. Pour les
décideurs, l'urgence était la consolidation de l'Etat
nouvellement indépendant. Il fallait, pour les nouvelles
autorités, créer la cohésion et l'unité nationale
et oeuvrer au développement, leitmotiv de toute la période
postcoloniale. Le mot d'ordre était la politique de construction
nationale, l'édification de la nation ivoirienne â
travers les moyens de communication de masse. En fait, la radio, la
télévision et la presse imprimée sont utilisées
comme instruments au service de la sensibilisation-mobilisation en faveur du
développement. Ces outils de communication étaient
contrôlés directement ou indirectement par le pouvoir central.
Le choix du système du parti unique était donc
plus que nécessaire parce qu'à même de garantir le
succès de ce chantier national. Tous les citoyens devaient
adhéreraux idéaux du parti. D'ailleurs, ils étaient tous
considérés comme des militants du parti-Etat, le Parti
Démocratique de Côte d'Ivoire (PDCI), issu du Rassemblement
démocratique africain (RDA).
Dans différents secteurs notamment celui de
l'information, la présence de l'Etat par le biais du parti unique au
pouvoir est sans partage. Le secteur audiovisuel est réservé
à la seule initiative de l'Etat. En d'autres termes, la radiodiffusion
est contrôlée par l'Etat et devient un outil de première
importance du parti unique au pouvoir. Cette mainmise de l'Etat se traduit par
la création de médias d'Etat.
Pour l'audiovisuel, c'est la Radiodiffusion
télévision ivoirienne (RTI) qui occupe l'espace
médiatique. L'article 2 du décret n°62-401 du 8
novembre 1962pris en application de la loi n°62-401 du 31
octobre 1962portant création de la RTI dispose
que « la RTI est détentrice du
monopole de l'Etat en ce qui concerne toutes les émissions de
radiodiffusion et de télévision destinés au public,
effectués sur le territoire de la République. »
L'article 3, quantà lui, précise que le Conseil
d'Administration de la RTI est présidé par le ministre
chargé de l'information. A ces médias d'Etat étaient
dévolus des missions très précises. Les médias,
en particulier la radio et la télévision, composantes du
système politique de parti unique, avaient pour missions principales:
- d'expliquer l'action gouvernementale;
- de contribuer à la formation de la conscience
nationale et de consolider l'unité nationale ;
- de vulgariser l'information pour susciter la discussion,
encourager et favoriser la prise de conscience; - d'encourager les
populations au travail; - de servir d'instrument de connaissance et de
civisme. Mais d'une façon générale, les
médias seront utilisés pour connaître les idéaux du
parti unique au pouvoir. Conscient de la force des médias, celui-ci va
chercher à les contrôler en occupant le paysage médiatique
et en en faisant un outil de son pouvoir. A l'instar des supports
médiatiques, les hommes qui les animent, les journalistes ont
également un rôle bien déterminé à jouer.
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