WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

La convention sur la cybercriminalité et le droit pénal congolais

( Télécharger le fichier original )
par Christophe Kawe Kasongo
Université de Kinshasa RDC - Licence en droit 2003
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

CONCLUSION GÉNÉRALE

Nous voici au terme de notre réflexion qui a porté sur « Le droit pénal congolais et la Convention sur la cybercriminalité ». Nos cogitations dans ce travail ont tourné autour de la question de rechercher les dispositions de la Convention qu'il fallait rattacher au droit congolais. Nous avons à cet effet subdivisé ce travail en trois chapitres dont le premier présentait une approche générale de l'Internet et de la cybercriminalité ; alors que le deuxième montrait la répression de la cybercriminalité en droit congolais ainsi que les failles qui résultent de l'application des dispositions pénales ; et le troisième a parlé de la Convention sur la cybercriminalité ainsi que des apports en droit congolais.

Après avoir démontré que le cyberespace tend à devenir un simple reflet de l'espace réel, avec quelques problèmes particuliers,  de nouveaux agissements criminels spécifiques ont vu le jour. Ces actes vont des atteintes aux biens, aux personnes ainsi qu'aux intérêts nationaux. Pour une meilleure approche du phénomène, nous avons distingué deux situations différentes : celle dans laquelle les moyens informatiques ne sont que des instruments facilitant la commission des infractions classiques et celle dans laquelle les moyens informatiques sont la cible même de la criminalité.

Face à ces comportements et vu l'âge respectable de la plupart de nos dispositions pénales actuelles, nous avons recouru à l'interprétation évolutive pour tenter de réprimer la cybercriminalité avec la difficulté que certains actes n'étaient pas réprimés ou, en forçant le raisonnement, de risquer de tomber dans l'analogie, qui est prohibée en droit pénal.

La répression de ces infractions se heurte à une difficulté fondamentale : la transnationalité de l'Internet. En effet, avec les réseaux informatiques, les barrières disparaissent pour les délinquants mais pas pour les enquêteurs ou les magistrats. La territorialité de la loi pénale renferme les autorités judiciaires dans la sphère d'un territoire. En plus de l'inadaptation des dispositions pénales, nous avons relevé l'inadaptation du système judiciaire du fait que les autorités judiciaires sont sous-formés en matière des NTIC et les mécanismes de perquisition et de saisie sont, en l'état actuel, juridiquement inadaptés au monde virtuel.

A ces difficultés de l'ordre interne, nous avons signalé dans l'ordre international que notamment l'exigence d'une double incrimination comme condition d'entraide, n'est pas pour faciliter la répression de la cybercriminalité.

Devant ces difficultés, des mesures nationales sont indispensables, mais elles ne seront guère utiles sans une collaboration au niveau international car les conséquences de la cybercriminalité sont ressenties de la même façon dans tous les pays, riches ou pauvres.

C'est dans ce cadre qu'a été signée, dans le cadre du conseil de l'Europe, une Convention sur la cybercriminalité le novembre 2001. La Convention réglemente l'harmonisation des législations nationales concernant la définition des crimes, définit les moyens d'enquête et de poursuites pénales spécifiques à la mondialisation des réseaux et met en place un système sui generis de coopération internationale.

Elle prévoit quatre grandes catégories d'infractions : les infractions contre la confidentialité, l'intégrité et la disponibilité des données et systèmes (accès illégal, interception illégale, atteinte à l'intégrité des données, atteinte à l'intégrité du système, abus de dispositifs) ; les infractions informatiques (falsification et fraude informatiques) ; les infractions se rapportant au contenu (actes de production, diffusion, possession de pornographie enfantine, propagation d'idées racistes et la xénophobie à travers les réseaux) ; les infractions liées aux atteintes à la propriété intellectuelle et aux droits connexes.

Du point de vue procédural, elle prévoit de nouvelles règles destinées à faciliter les enquêtes comme : la conservation des données stockées ; la divulgation rapide des données relatives au trafic ; la perquisition des systèmes et la saisie de données informatiques ; la collecte en temps réel des données relatives au trafic et l'interception de données relatives au contenu.

En matière internationale, la Convention prévoit de nouvelles formes d'entraide pénale notamment un réseau de contact disponible 24 heures sur 24 ; sept jours sur sept (Réseau 24/7) afin de prêter une assistance immédiate aux investigations en cours.

C'est donc sur base de ces recommandations que nous avons proposé au législateur congolais, même si le Congo n'est pas membre du Conseil de l'Europe ou n'a pas encore adhéré à la Convention, de prendre des mesures utiles afin de lutter contre la cybercriminalité. Ces mesures ont concerné tant le droit pénal matériel, le droit procédural que la coopération internationale.

Mais il faut dès lors reconnaître que ce rapprochement des législations nationales en matière pénale est bien en retard par rapport au droit civil et commercial que les exigences de la vie économique et les intérêts commerciaux ont depuis longtemps mis sur ce chemin-là. Ce retard s'explique par le fait que les dispositions pénales sont toujours liées à la culture et aux traditions éthiques et juridiques d'un Etat et protègent de plus toujours les intérêts politiques de la classe dominante de l'Etat donné. Mais la protection des intérêts de la communauté des nations doit faire évoluer cette situation, ce qui peut s'étendre et avoir des conséquences bénéfiques sur d'autres domaines du droit pénal également.

Dans la mise en oeuvre de ces dispositions dans l'ordre interne, le législateur devra subordonner la poursuite de ces infractions à l'exigence d'une plainte préalable de la victime pour ne pas nuire aux intérêts des particuliers ou des entreprises.

Le plus difficile peut-être dans la mise au point d'une stratégie efficace de lutte contre la cybercriminalité sera de former des enquêteurs et des magistrats et de les tenir informés des dernières innovations techniques et des nouvelles tendances de la criminalité. Une telle formation pose d'énormes difficultés même pour les pays riches et techniquement avancés et des services d'experts seront nécessaires pour éviter les vides juridiques que les délinquants informatiques pourraient exploiter. Enfin, l'objectif est de faire en sorte que chacun puisse participer à la communauté électronique sans craindre d'être victime de la criminalité informatique car, à l'heure où le «village planétaire » tend à diluer le concept de nation, les mots de Cesare Beccaria, initiateur des principes fondamentaux de notre droit pénal, écrits il y a plus de deux siècles, doivent nous interpeller sur l'application du droit pénal aux infractions commises sur l'Internet : « Si l'on veut prévenir les délits, il faut faire en sorte que les lois soient claires et simples, et que tous les membres de la nation unissent leurs forces pour les défendre, sans qu'aucun ne puisse travailler à les détruire ».

Le cyberespace étant en perpétuelle évolution, nous craignons que les cyberdélinquants n'adoptent des nouveaux mécanismes de criminalité au point que les recommandations proposées dans cette étude ne deviennent inefficaces. C'est que nous proposons que d'autres études ultérieures puissent se pencher sur ce phénomène en préconisant des nouvelles mesures adaptées aux circonstances.

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Nous devons apprendre à vivre ensemble comme des frères sinon nous allons mourir tous ensemble comme des idiots"   Martin Luther King