III. Discussions
III.1. Evaluation de la
productivité des aquifères
L'étude du bilan hydrologique révèle que
pour 1030,19 mm de pluie tombée chaque année sur le
département de Didiévi, la part qui revient à
l'infiltration est estimée à 76,42 mm soit 7,41% des
précipitations. Les aquifères du département mobilisent
pour une superficie totale de 1770 km2 environ 135 263 400
m3 d'eau. La quantification du potentiel de recharge des nappes des
bassins en Côte d'Ivoire a fait l'objet de nombreuses études (ces
études concernent le bassin versant de la Mé (Soro, 1987 in
Kouassi et al., 2012), le bassin de la Marahoué
(Biémi, 1992 in Kouassi et al., 2012), la
région d'Odienné (Savané, 1997 in Kouassi et
al., 2012) et l'ouest montagneux (Kouamé, 1999 in
Kouassi et al., 2012) (Kouassi, 2007 in Kouassi et
al., 2012). Ces études réalisées en utilisant
l'approche du bilan hydrologique selon Thornthwaite ont montré que la
recharge est généralement faible et pour la plupart inferieures
à 10% des précipitations (Koita, 2010). Le résultat obtenu
pour le département de Didiévi est conforme à ceux obtenus
par Kouassi et al., 2012 dans la région du
N'zi-comoé (105,61 mm soit 9,15 % des précipitations) et Koita
(2010) pour le bassin de Dimbokro (50 mm soit 5% des précipitations).
La profondeur totale des forages varie de 45 à 90 m
avec une moyenne de 69 m. Cette profondeur, fixée lors des études
de bureau est assujettie à l'obtention d'un débit appelé
débit positif (Soro et al., 2010). L'épaisseur des
altérites est comprise entre 2,7 et 31 m avec une moyenne de 11,906 m.
Elle est inférieure à la moyenne obtenue dans la zone de
Yamoussoukro (25 m) (Leblond 1984) et dans la région des lacs (16,52 m)
(Soro et al., 2010). Le débit des forages est compris entre 0,2
et 10 m3/h pour une moyenne de 2,35 m3/h. Les valeurs de
transmissivité obtenues par la méthode de Cooper-Jacob en
descente sont comprises entre 2,58.10-6 et 4,78.10-4
m2/s avec une moyenne de 4,07.10-5 m2/s. Les
valeurs de débit spécifique estimées varient entre
5,4.10-6et5,63.10-4 m3/s avec une moyenne de
5,19.10-4 m2/s. Ces valeurs sont faibles dans la grande
majorité et peuvent être expliquées par le fait que dans
les campagnes d'hydraulique villageoise, la recherche d'une fracture
très productive n'est pas une priorité. Ainsi, un forage est
déclaré positif si, le débit atteint est supérieur
ou égal à 1 m3/h quelle qu'en soit la profondeur du
forage (Soro et al., 2010).
L'absence de relation significative entre les
paramètres (Pt, EA, Ns et T) au niveau des différents graphes
considérés de façon individuelle, a conduit à
adopter une étude statistique à partir de l'analyse en composante
principale (ACP).
L'analyse des résultats de la matrice de
corrélation montre une bonne corrélation entre Q et Qs (0,799).
Aussi faut-il souligner à un degré moindre les relations
existantes entre T et Q (0,664), Pt et Ns (0,527) et T et Qs (0,503). Cette
faible corrélation observée entre T et Qs montre le rôle
joué par les altérites dans la perméabilité des
formations du département. En effet, il est prouvé par plusieurs
études menées sur le socle que lorsque la profondeur
d'altération est importante la probabilité d'obtenir un
débit important est très grande (Kouassi et al., 2012). Ce qui
n'est pas le cas pour les aquifères du département de
Didiévi où l'épaisseur d'altération est très
faible. Dans ce contexte, l'obtention d'un important débit est
lié à l'état de fracturation ou de fissuration de
l'aquifère (Soro et al., 2010). Les résultats de l'ACP ont permis
de mettre en évidence les relations entre les différents
paramètres. Les trois premiers facteurs expliquent à eux seuls
83,749% des variables exprimées dans les données. Au niveau du
plan factoriel F1-F2, deux regroupements de facteur hydrodynamique s'observent
sur le cercle de communauté. Il s'agit d'une part de T, Q et Qs sur
l'axe F1 et de Pt, Ns et EA sur l'axe F2. Le facteur F1 exprime la
productivité des ouvrages et révèle l'existence d'une
relation entre T, Q et Qs. Cette corrélation montre la facilité
avec laquelle les cuirasses (altérites) se laissent traverser par l'eau.
Ce résultat pourrait expliquer en partie le taux élevé de
forages négatifs ainsi que les faibles débits très souvent
observés dans ces terrains. Ce taux d'échec peut être aussi
dû à l'état de fracturation qui reste un
élément essentiel dans la capacité transmissive des roches
cristallines et cristallophylliennes car, en l'absence de
phénomènes tectoniques et de désagrégation, ces
roches sont pratiquement imperméables (Lasm, 2000 in N'go et
al., 2005). Les fractures générées conditionnent
une bonne ou une mauvaise transmissivité selon qu'elles sont ouvertes ou
fermées (N'go et al., 2005). Le facteur F2 exprime quant
à lui l'accessibilité de l'eau dans les aquifères du
département. Il montre essentiellement la variation du niveau de l'eau
dans ces aquifères. Dibi et al., (2004) soulignent le fait que
sur les terrains granitiques, le niveau d'eau dans les aquifères est
souvent soumis aux fluctuations saisonnières à cause de la
faiblesse de l'épaisseur d'altération constatée au niveau
de ces formations. Ce qui peut donc expliquer le fait que la
productivité soit moins importante en terrain granitique. Au niveau du
plan factoriel F1-F3, le facteur F3 peut représenter la
disponibilité de la ressource en eau. Mais cette ressource est
menacée non seulement par les conditions climatiques du milieu mais
aussi par les pompages qui peuvent occasionner un important rabattement du
niveau de la nappe.
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