1.6 : Définition des concepts et termes de
l'étude
Pour toute étude scientifique, la définition des
concepts et /ou des termes clés est d'une nécessité
absolue. Ainsi pour mieux aider à cerner l'analyse, il est
intéressant d'expliciter ces notions fondamentales.
Sécurité alimentaire :
Le concept de sécurité alimentaire fait référence
à la disponibilité ainsi qu'à l'accès à la
nourriture en quantité et en qualité suffisantes. Selon la FAO
(1996), « La sécurité alimentaire est assurée quand
toutes les personnes, en tout temps, ont économiquement, socialement et
physiquement accès à une alimentation suffisante, sûre et
nutritive qui satisfait leurs besoins nutritionnels et leurs
préférences alimentaires pour leur permettre de mener une vie
active et saine ». Cette définition amplement acceptée est
centrée sur les aspects suivants de la sécurité
alimentaire :
? Disponibilité alimentaire: La disponibilité
d'aliments en quantité suffisante et d'une qualité
appropriée, dont l'approvisionnement est assuré par la production
nationale ou les importations (y compris l'aide alimentaire).
? Accès à la nourriture: Accès de tous
à des ressources adéquates leur permettant d'acquérir une
nourriture adéquate et nutritive.
? Utilisation: L'utilisation de la nourriture dans le cadre
d'une diète adéquate, d'eau potable, d'assainissement et des
soins de santé de façon à obtenir un état de
bien-être nutritionnel qui permette de satisfaire tous les besoins
physiologiques. Tous ces éléments soulignent le rôle des
facteurs non alimentaires dans la sécurité alimentaire.
? Stabilité: Pour parvenir à la
sécurité alimentaire, une population, un ménage ou une
personne doit avoir un accès permanent à une nourriture
adéquate. Cet accès à la nourriture ne doit être
menacé ni par l'émergence de chocs soudains (par exemple, une
crise économique ou climatique) ou par des événements
cycliques (par exemple, une insécurité alimentaire
saisonnière). Le concept de stabilité peut donc concerner
à la
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fois la disponibilité et l'aspect lié à
l'accès à la sécurité alimentaire.
Insécurité alimentaire :
Elle découle du concept de sécurité alimentaire.
Elle est la traduction d'un accès insuffisant en quantité et en
qualité à une nourriture saine et socialement acceptable.
On parle d'insécurité alimentaire, lorsque les
personnes n'ont pas accès à une quantité suffisante
d'aliments sains et nutritifs et ne consomment donc pas les aliments dont elles
ont besoin pour se développer normalement et mener une vie active et
saine (INS, SAP, 2008). Cette situation peut être due la pénurie
d'aliments, à un pouvoir d'achat insuffisant ou à une
répartition ou utilisation inadaptée des besoins alimentaires au
niveau des ménages.
On parle également d'insécurité
alimentaire, une situation par laquelle les ménages ne disposent pas
d'un accès sûr et régulier d'une quantité suffisante
à l'alimentation (PAM, 2005). Lorsque l'accès à la
nourriture devient un problème constant, elle se traduit par la vente de
bétail qui constitue l'épargne sur pied, l'endettement, la
pratique des activités inhabituelles, etc.
Enfin, la question de l'insécurité alimentaire,
introduit la notion de risque et de vulnérabilité. Ainsi, le
risque à l'insécurité alimentaire se définit
comme la probabilité de voir un danger (insécurité
alimentaire) se concrétiser dans un ménage. C'est donc la
probabilité pour un individu ou un groupe de personnes de voir sa
sécurité alimentaire menacée par la survenue d'un
évènement climatique et/ou économique (sécheresse,
hausse des prix agricoles, etc.).
La vulnérabilité à
l'insécurité alimentaire : elle se définit par
l'exposition au risque et qui peut être atténuée par la
capacité à faire face. Cette vulnérabilité peut
avoir un caractère structurel (techniques de productions
archaïques, faible pouvoir d'achat, moyens techniques et financiers
limités, etc.) ou conjoncturel (caprices climatiques, attaques
périodiques des cultures par les ennemis, etc.). Ainsi, « est
vulnérable, celui qui, se trouvant confronté à un
environnement à haut risque est sous-assuré par rapport au risque
encouru ». Elle intègre également l'ensemble des
mécanismes d'adaptation et de réaction mis en oeuvre à une
situation difficile. Lorsque les mécanismes ne sont pas efficaces, le
foyer entre dans une situation de vulnérabilité conjoncturelle ou
chronique (INS, SAP, 2008).
Indicateurs : un indicateur est un
élément ou une donnée qui reflète l'état ou
la situation de quelque chose (Encarta, 2007). Il est une information ou un
ensemble d'information contribuant à l'appréciation d'une
situation par le décideur. Il peut être qualitatif ou quantitatif.
C'est également un indice permettant d'évaluer l'état ou
la situation d'un phénomène. C'est aussi une information de
synthèse qui aide à apprécier une situation dans le
système placé sous sa responsabilité. C'est une
donnée quantitative qui permet d'expliquer une situation
évolutive, une action ou les conséquences d'une action, de
façon à les évaluer et à les comparer à leur
état à différentes dates.
Un indicateur a pour objectif de présenter une image
simple et précise d'une situation donnée. Il doit cependant
répondre à trois critères de validité qui sont la
pertinence face aux objectifs, la sensibilité face au
phénomène étudié et l'observabilité à
travers des méthodes appropriées
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(Dubois, 2004 cité par Droy et Rasolofo, 2004). De tous
les documents consultés, le constat qui s'est dégagé est
qu'il n'existe pas d'indicateurs standards ou génériques.
Un indicateur se décompose en trois (3) phases :
l Analyse : Que dit l'indicateur ? Que lit-on ? Que
comprend-on ?
l Interprétation : Qu'elles peuvent être
les conséquences ? Quel est leur niveau de gravité ? Quels sont
les risques possibles ?
l Réaction : Quelles sont les actions
correctives ou d'amélioration à entreprendre ? Sur quels points
ou quels éléments ? De combien de temps dispose t-on pour le
faire ? Qui doit-on saisir ?
On distingue plusieurs types d'indicateurs. Mais pour le
besoin de la présente étude, retenons-en deux (2) :
? Les indicateurs d'alerte qui signalent la
présence d'un dysfonctionnement, d'un état anormal impliquant une
action corrective. Dans une gestion des produits agricoles, il peut s'agir des
produits en rupture de stocks, des déficits pluviométriques, du
retard des campagnes agricoles ...
? Les indicateurs d'adaptation (survie) qui fournissent
des renseignements sur les stratégies utilisées par un
ménage pour faire face à une insécurité
alimentaire. Ils permettent de connaitre l'ensemble des mécanismes
développés par un ménage pour faire face aux
problèmes alimentaires. Les renseignements fournis par ce type
d'indicateurs permettront au gestionnaire des crises d'évaluer
l'état de la situation et de cibler les actions à entreprendre
pour atténuer les effets de la crise.
Dans cette étude, les indicateurs dont il est question
correspondent à la fois aux indicateurs d'alerte et aux indicateurs
d'adaptation (survie). Ils constituent des indices à travers lesquels,
les paysans prévoient et gèrent l'insécurité
alimentaire.
Stratégies d'adaptation: Elles
désignent l'ensemble des activités auxquelles recourent un
ménage ou un groupe de personnes afin de se procurer de la nourriture,
des revenus et/ou des services, quand leurs moyens habituels de subsistance ont
été perturbés ou sont susceptibles de l'être. Elles
sont à la fois préventives et curatives, variables d'un
ménage à un autre et selon les zones agro-écologiques.
Lorsqu'elles sont développées par un ménage en
période de chocs, elles peuvent être qualifiées de
stratégies viables ou de détresse. Les stratégies viables
sont durables et préservent les futurs moyens de subsistance, la
dignité et l'état nutritionnel (PAM, 2005). Quant aux
stratégies de détresse, elles sont celles qui minent les moyens
de subsistance, la dignité ou l'état nutritionnel et augmentent
la vulnérabilité à long terme.
Pour appréhender les capacités d'adaptation des
ménages aux chocs, on analyse les différentes stratégies
de survie développées par les ménages pour faire face
à des difficultés alimentaires. Cette analyse a permis
également de calculer l'indice de stratégie de survie (ISS). Ce
dernier synthétise le degré d'exposition des ménages aux
chocs, plus il est élevé plus le niveau de
vulnérabilité augmente.
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Les stratégies d'adaptation des ménages peuvent
également être analysées selon le niveau de
réversibilité c'est-à-dire la possibilité pour un
ménage de retrouver sa situation initiale après avoir fait face
à un choc. On distinguera quatre (4) niveaux différents.
? Les stratégies de niveau 1 : ce sont les
stratégies les plus couramment utilisées par les ménages
à risque ou en insécurité alimentaire. Les
stratégies de niveau 1 présentent un risque faible sur
l'érosion des moyens de subsistance.
? Les stratégies de niveau 2 : ce sont des
stratégies utilisées par les ménages en
insécurité alimentaire. Elles présentent un risque moyen
à l'érosion et à l'ébranlement des moyens de
subsistance.
? Les stratégies de niveau 3 : elles concernent
l'ensemble des ménages qui sont confrontés à une
insécurité alimentaire. Elles préservent les conditions de
vie des actifs et des enfants et dégradent au contraire celles des
adultes et des inactifs.
? Les stratégies de niveau 4 : ce sont des
stratégies de détresse qui minent les moyens de subsistance,
l'état nutritionnel et augmentent la vulnérabilité
à long terme.
Ainsi, plus le ménage fait recours aux
stratégies dites de niveau 4, plus il est exposé dans une
situation où la réversibilité est difficile. A l'inverse,
plus le ménage utilise les stratégies de niveau 1 et 2, la
probabilité de retrouver sa situation initiale sera forte.
Capabilités : Elles
représentent l'ensemble des fonctionnements possibles, ceux qui sont
accomplis (et donc plus facilement identifiables) et ceux qui ne sont pas
accomplis, mais que l'individu peut mettre en oeuvre pour des raisons de choix
personnels ou sous la contrainte, pour faire face à la
concrétisation d'un risque et à l'altération de certaines
de ces capabilités (Droy et Rasolofo, 2004). Les capabilités
constituent l'ensemble des moyens (matériels et immatériels)
susceptibles d'être utilisés par un ménage en cas de
difficulté.
Les capabilités d'un ménage rural s'analysent
à travers ses potentialités sous forme de:
Capital humain : sexe, âge, nombre d'actifs agricoles,
personnes à charges, etc.
Capital physique : nombre de champs cultivés, leur
statut (location, propriété, ...), équipement agricole,
cheptel possédé.
Capital social : transfert en argent ou en nature, participations
aux cérémonies,...
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