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Analyse des indicateurs de l'insécurité alimentaire et stratégies paysannes d'adaptation dans la commune rurale de Dogonkiria (département de Dogondoutchi)au Niger.

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par Sanoussi YAGI
Université Abdou Moumouni de Niamey Niger - Diplôme d'études approfondies en géographie 2012
  

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1.4 : Hypothèses de recherche

? Les populations sont de plus en plus dans une situation d'insécurité alimentaire.

? Les indicateurs de cette insécurité alimentaire sont naturels, socioculturels et économiques.

? Les paysans ont développé des stratégies adaptatives face à des menaces sur leur vie et/ou les moyens de subsistance.

1.5 : Revue de la littérature

La recherche de l'équilibre alimentaire aussi bien dans les pays du Nord comme dans ceux du Sud a suscité l'intérêt de multiplier les études pour apporter des réponses adéquates aux problèmes vécus.

Si dans les pays du Sud, les problèmes alimentaires ont été et sont depuis fort longtemps une préoccupation nationale, dans certains grands pays du Nord, il a fallu attendre les années 80 et 90 pour que le manque d'accès aux aliments soit reconnu comme des problèmes affectant les personnes pauvres. En effet, identifié par diverses appellations comme la faim, la pauvreté alimentaire, l'insuffisance alimentaire et enfin l'insécurité alimentaire, ce phénomène a été décrit par des chercheurs en nutrition au Canada, aux Etats-Unis, au Royaume Uni, en Australie et en Nouvelle-Zélande (Tarasuk, 2001). Depuis lors, les problèmes alimentaires sont abordés par les économistes, les agronomes, les sociologues, les anthropologues, les géographes, etc.

Aujourd'hui encore, des Institutions Internationales, des Chercheurs, des Développeurs, etc. font de ce problème leur cheval de bataille. Ainsi, en 1996 s'est tenu le Sommet mondial de l'Alimentation (SMA) avec comme objectif, réduire de moitié le nombre de personnes souffrant de sous-alimentation à pas plus de 420 millions en 2015. Mais, les récentes publications de la FAO sur l'état de l'insécurité alimentaire dans le monde font ressortir que le nombre de personnes affectées par ce phénomène ne cesse de s'accroitre. Ainsi, de 2003 à 2009, le nombre de personnes touchées par l'insécurité alimentaire est passé de 848 millions à 1,02 milliard en 2009 (FAO, 2008 et 2009) et représente plus d'affamés que jamais dans le monde depuis 1970. Abordant dans le même sens, Mason (2006) met en exergue l'aggravation de cette situation en Afrique. Selon la même source, la moyenne de la sous alimentation en Afrique subsaharienne est de 33% alors qu'elle est de 18% dans le monde en voie de développement. C'est pourquoi, selon le NEPAD (2009), il faut un investissement de 18 milliards de dollars par an dans l'infrastructure rurale africaine pour que soit réalisé l'objectif du SMA qui est de réduire de 50% la faim sur ce continent.

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Traitant les causes de l'insécurité alimentaire, la FAO (2009), estime que l'augmentation de l'insécurité alimentaire n'est pas due à de mauvaises récoltes, mais à l'envolée des prix alimentaires nationaux, à la baisse des revenus et à une augmentation du chômage, qui ont réduit l'accès des pauvres à la nourriture. C'est pourquoi, elle a préconisé l'approche du droit à l'alimentation dans l'éradication de l'insécurité alimentaire à l'égard des limites des mesures jusque-là utilisées.

Au Niger, les causes de l'insécurité alimentaire, ses manifestations, les réponses paysannes ainsi que les mesures prises par les gouvernements nigériens ont été abordés par le Rapport National sur le Développement Humain (RNDH, 2009) ; CPM/CNPGCA/SAP (2009) ; ALPHA GADO (2010,1993 et 1988) ; BALLA, et al, 2008) ; etc.

Ainsi, selon le document intitulé Rapport National sur le Développement Humain (2009), les principales contraintes pour la sécurité alimentaire sont de trois (3) ordres : les contraintes physiques (faiblesse et irrégularité des précipitations, sols épuisés et soumis à l'action de l'érosion hydrique et éolienne), les contraintes socio-économiques (faibles revenus des producteurs, faible maintien des stocks de sécurité privés, pauvreté, croissance démographique, etc.) et les contraintes technologiques ( les producteurs utilisant moins les technologies modernes font recours à un système dunaire de monoculture de mil entretenu par la jachère adaptée à chaque situation écologique, faible utilisation de la science, etc.). Balla et al (2008) estiment que les déterminants de l'insécurité alimentaire sont d'ordres climatiques et socio-économiques. Cet ouvrage a également permis l'identification des causes profondes de la vulnérabilité des ménages agropastoraux et pasteurs à l'insécurité alimentaire et nutritionnelle mais aussi à l'établissement d'une méthodologie d'alerte précoce et de réponses aux urgences intégrant les niveaux communautaire et communal. Abordant dans le même sens, les études de ALPHA GADO (1988 et 1993) ont permis de mettre en évidence la spécificité du milieu sahélien et les corrélations qui existent entre les différents facteurs de déséquilibre alimentaire dans un écosystème.

Les manifestations de l'insécurité alimentaire dans la région de Dosso sont analysées dans les travaux du CPM/CNPGCA/SAP (2009). Il ressort de ce document que l'insécurité alimentaire se manifeste à travers l'exode inhabituel, la faible disponibilité alimentaire des ménages, la consommation des aliments moins préférés, etc.

ALPHA GADO (2010) a abordé l'attitude du paysan sahélien face aux sécheresses et famines : ses réponses immédiates mais aussi les stratégies d'adaptation de longue durée face aux variations saisonnières et aux changements. Il a été également procédé à une analyse approfondie des stratégies de survie de type « traditionnel » ainsi que les réponses actuelles des agriculteurs et éleveurs du Sahel. L'auteur distingue trois types de stratégies d'adaptation aux variations climatiques. Il s'agit des institutions de prévoyance, des stratégies d'adaptation et des stratégies de subsistance ou de survie. Selon la même source, en temps de crise, les mécanismes de mise en oeuvre de ces stratégies s'effectuent en étapes de mécanismes d'assurance : une étape intermédiaire de liquidation des ressources domestiques, et une étape d'échec ou d'incapacité de faire face à la crise.

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Concernant les approches d'évaluation de la vulnérabilité à l'insécurité alimentaire, plusieurs méthodes sont utilisées. Il s'agit entre autres de la méthode d'identification des zones vulnérables du SAP ; de la méthode de FEWS-NET ; de la méthode du Projet d'Alerte Précoce et des Prévisions des Productions Agricoles (AP3A) ; de l'approche Vulnerability Assesment Method (VAM) du PAM et de l'approche Système d'Information et Cartographie sur l'Insécurité Alimentaire et la Vulnérabilité (SICIAV) de la FAO. Si toutes ces méthodes ont le mérite de prendre en compte les trois dimensions essentielles de la sécurité alimentaire à savoir la disponibilité, l'accessibilité et l'utilisation, cependant aucune n'est arrivée à donner une procédure d'estimation des populations vulnérables de manière satisfaisante. C'est dans ce contexte que le cadre harmonisé du CILSS a été développé pour mettre les méthodologies afin de disposer d'une approche commune et consensuelle dans les analyses de la vulnérabilité au Sahel. Abordant également les questions de l'analyse de la vulnérabilité et de l'atténuation des risques, FIVIMS (2011) estime que les politiques et interventions visant à réduire la vulnérabilité doivent pour être efficaces, prendre en considération non seulement ceux qui vivent actuellement dans l'insécurité alimentaire mais aussi ceux qui lui sont vulnérables. Car, aborder la question de l'insécurité alimentaire du point de vue de la vulnérabilité permet de manière dynamique et prospective, d'analyser les causes et surtout les possibilités de réduire l'insécurité alimentaire.

Pour ce qui est des indicateurs de mesure de sécurité alimentaire, il en existe une multitude. Mais chaque catégorie d'acteurs dispose d'un certain nombre d'indicateurs pour appréhender la situation de sécurité alimentaire. Par exemple, dans le plan national de contingence, volet sécurité alimentaire et nutritionnelle pour le Niger, les principaux indicateurs dont il est question pour un suivi des seuils afin de dégager la situation qui prévaut sont, entre autres : déficit du bilan céréalier, prix des céréales, taux de sous-nutrition, bilan fourrager, mouvement des populations, etc.

Les deux manuels d'évaluation de la sécurité alimentaire en situation d'urgence (MESASU) du PAM (2005 et 2009) fournissent des instructions pour une approche plus large, alignée sur les priorités stratégiques de sauver les vies et de protéger les moyens de subsistance dans les situations d'urgence, tout en tenant compte des problèmes nutritionnels. Ces manuels développent une méthodologie à la production d'un Indice de Stratégie de Survie (ISS), outil important pour la surveillance de la sécurité alimentaire ainsi que l'analyse de la vulnérabilité.

La récurrence de l'insécurité alimentaire a amené les autorités politiques du Niger à l'intégrer dans les programmes nationaux (SDR, SRP,...) et internationaux (NEPAD, OMD,...) de développement. Ainsi, pour mettre fin à cette situation, un symposium international sur la sécurité alimentaire et nutritionnelle au Niger a été tenu du 28 au 31 mars 2011 à Niamey. Ce symposium a regroupé plus de 300 participants : décideurs politiques, institutions africaines et sous-régionales, pays amis, PTF, experts (nationaux et internationaux), chercheurs, cadres techniques, acteurs régionaux et locaux du développement rural, agroindustriels, autorités administratives et coutumières, ONG et Associations du développement, organisations paysannes, secteur privé, etc. A l'issue de ce symposium, une déclaration dite de Niamey a été adoptée (HASA, 2011). Elle vise à mettre fin au phénomène de l'insécurité alimentaire au Niger, à travers le doublement des rendements au sein des différents systèmes de productions

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agricoles et pastorales, dans un horizon temporel de 10 ans en mettant un accent sur la maîtrise de l'eau pour les besoins de production ; la gestion durable des terres et le soutien aux exploitations familiales agricoles et pastorales.

Dans la majorité des communes rurales au Niger, comme le cas de la commune rurale de Dogonkiria, la question de l'insécurité alimentaire est également une donnée constante. En effet, selon le Directeur Départemental de l'Agriculture (2011) citant le Secrétariat Permanent du Système d'Alerte Précoce (SP/SAP), le déficit vivrier est permanent et la commune figure régulièrement parmi les zones vulnérables du pays. Ainsi, selon le SAP, en 2005, Dogonkiria faisait partie des douze (12) zones dans une situation alimentaire extrêmement critique. Cette situation soulève donc la question d'adaptation.

Au terme de cette revue, beaucoup de questions se posent encore sur la problématique de l'insécurité alimentaire notamment sur le plan local. Comment les paysans intègrent-ils la problématique de l'insécurité alimentaire dans leurs activités quotidiennes ? Quelles sont les stratégies d'adaptation mises en oeuvre par les paysans face à ce phénomène ? Quels sont les risques qu'encourent les paysans en période d'insécurité alimentaire? Autant d'interrogations qui seront abordées dans la présente étude.

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