I. 5. JUSTIFICATION DE L'ETUDE
L'importance de mener cette recherche peut se situer sur un
double plan : social et institutionnel.
Sur le plan social, les parents sont confrontés
à une difficulté méthodologique et sémantique de la
notion de gratuité. Ils ne savent pas toujours jusqu'où
l'école est gratuite et jusqu'à quelle période elle ne
l'est plus. Comment faire comprendre par exemple aux parents qu'une
éducation de qualité ne saurait être gratuite. Et qu'il y
aurait toujours des frais à payer sous diverses formes malgré le
discours sur la gratuité. C'est donc un travail de prise et
d'éveil de conscience.
Sur le plan institutionnel, on note l'absence d'une
véritable politique nationale axée sur la gratuité. Comme
Fozing l'a souligné, la gratuité est arrivée sans
préparation adéquate. Il s'agit pour nous de jeter les balises
aux décideurs en vue d'une reformulation de la politique de la
gratuité qui doit intégrer le volet qualité de
l'éducation pour atteindre les Objectifs du Millénaire et pour un
Développement durable.
Enfin, une telle étude peut contribuer à
apporter une modeste contribution pour tout chercheur qui voudrait
s'intéresser sur le sujet tant il est vrai que très peu
d'études ont été consacrées à l'étude
des effets de la gratuité de la scolarisation en Afrique en
général, et en particulier, au Cameroun.
I. 6. DELIMITATION DE L'ETUDE
Dans cette partie, nous essayons de fixer les bornes de notre
recherche. Nous pensons donc que la délimitation de notre étude
se situe sur un triple plan conceptuel, chronologique et
géographique.
Sur le plan conceptuel il y a lieu de relever qu'en
général, l'enseignement institutionnel se subdivise en quatre
cycles :
- Le préscolaire (la maternelle)
- Le primaire (l'enseignement primaire)
- Le secondaire (l'enseignement secondaire)
- Le supérieur (l'enseignement supérieur)
Au Cameroun, comme partout dans les pays africain, la
gratuité de l'école ne concerne que l'enseignement de base ou
primaire. Ce qui suppose que le préscolaire, le secondaire ou le
supérieur ne sont pas concernés par la gratuité. Cette
réalité des faits nous amène à axer notre recherche
sur l'enseignement primaire public uniquement C'est sans doute pour cette
raison qu'un ministère de l'éducation de base a
été crée en 2004 dans le but de rendre les actions de cet
ordre d'enseignement plus visibles et plus efficaces.
Sur le plan chronologique, au Cameroun, le discours sur la
gratuité de l'enseignement primaire n'est pas nouveau. En effet comme
nous l'avons souligné plus haut, la loi relative à la
gratuité de l'enseignement primaire a été adoptée
et promulguée en 1963. Cependant, le 10 février 2000, le
Président de la République lors de son traditionnel message
à la jeunesse, déclarait que l'enseignement primaire sera
désormais gratuit. Dès la rentrée scolaire 2000/2001,
cette gratuité a été effective du moins sur le plan
officiel à l'enseignement primaire public. L'enseignement privé
n'étant pas concerné, il est question pour nous de voir comment
cette gratuité s'est opérée depuis l'année scolaire
2000/2001 jusqu'à nos jours.
Sur le plan géographique, notre étude porte sur
la gratuité et la qualité de l'éducation à
l'enseignement primaire. Nous ne souhaitons pas faire l'étude d'une
région ou d'une localité précise. Les
réalités éducatives en matière de gratuité
pouvant être les mêmes d'une localité à une autre
pensons-nous, à des exceptions près.
Cependant, dans l'impossibilité et faute de moyens, de
faire une étude de terrain sur toute l'étendue du territoire,
nous nous limiterons à certaines écoles des zones urbaines et
rurales pour analyser et comprendre les complexités et les variations de
la mise en oeuvre de la politique de la gratuité à l'enseignement
primaire public.
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