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Gratuité de l'enseignement primaire et qualité des apprentissages au Cameroun: une perception des enseignants et des parents.

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par Emile MESSI
Université de Yaoundé 1 - Diplôme d'études approfondies 2010
  

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CONCLUSION GENERALE

Au moment où le Cameroun adopte un nouveau document de stratégie de l'accroissance et de l'emploi en remplacement du document de stratégie de réduction de la pauvreté, il était important pour nous de faire le bilan de la réforme éducative sous la bannière du slogan de la gratuité de l'école primaire public au Cameroun.

En effet, la gratuité de l'enseignement primaire public a été « décrétée » au Cameroun au moment où le pays était en pleine négociation avec les Bailleurs de fonds dans le cadre de la stratégie de réduction ou de l'annulation de la dette extérieure.

Les bailleurs de fonds avaient alors recommandé sous forme de conditionnalité que l'argent issu de l'annulation de la dette soit investi prioritairement dans les secteurs susceptibles de booster le développement. C'est ainsi que l'éducation avait été choisie comme secteur prioritaire et notamment l'éducation de base ou primaire qui devait désormais bénéficier de la masse d'argent issu de l'initiative pays pauvres très endettés.

Lorsque que la gratuité est annoncée par le Chef de l'Etat, elle apparaît comme une nouveauté pour plusieurs. Et pourtant, elle est bien inscrite dans la loi. L'introduction des frais exigibles à l'enseignement primaire est donc considérée comme une violation flagrante de la loi relative à la gratuité de l'enseignement primaire.

En bref, devant l'imbroglio juridique observé, il était question dans cette recherche de voir comment la « nouvelle gratuité »s'est opérée près de dix ans après sa mise en application effective. Nous voulions savoir si la gratuité dans sa mise en oeuvre a amélioré ou diminué la qualité de l'éducation à partir de l'opinion des enseignants et des parents d'une part, et des études documentaires d'autre part.

Pour y parvenir, nous avons formulé une question générale de recherche qui a été éclatée en quatre questions spécifiques de recherche ou de terrain plus concrètes et plus opérationnelles. C'est ainsi que nous avions mis en relation d'une part, les éléments de la gratuité qui sont la suppression des frais exigibles, le paquet minimum, les contributions des parents et le recrutement des enseignants, et d'autre part, la qualité des apprentissages.

Notre population d'étude était constituée d'enseignants et des parents d'élèves, les Responsables des services centraux et extérieurs du Ministère de l'Education de base. Un questionnaire standardisé sur le modèle de l'échelle de Likert a été soumis aux premiers, alors que pour les seconds, on a eu recours à un guide d'entretien. Une exploitation minutieuse des données documentaires dans la perspective de l'analyse qualitative nous a permis d'avoir des éléments de réponse à nos questions de recherche.

A la fin de toutes ces opérations, il ressort que la suppression des frais exigibles a entraîné une augmentation considérable des effectifs d'élèves à l'enseignement primaire public. Cette situation a sérieusement compromis la qualité des apprentissages à cause surtout de l'accès d'un plus grand nombre de fils de parents pauvres à l'école.

Le paquet minimum supposé remplacé les frais exigibles après leur suppression, ne satisfait pas toujours au besoins de l'école. Le paquet minimum constitue plutôt un vaste réseau de détournement d'importants fonds alloués à cette opération au regard de la longue chaîne existante dans la procédure d'acquisition de ce paquet. Ce faisant, l'insuffisance du paquet minimum en quantité et en qualité et des retards observés pour son acquisition compromettent considérablement la qualité des apprentissages à l'enseignement public.

Aux insuffisances du paquet minimum, l'administration scolaire est obligée de recourir aux contributions des parents dans le cadre des APE qui restent malgré tout une nécessité pour améliorer la qualité de l'éducation. Même si on peut regretter que les frais d'APE sont parfois deux fois plus supérieurs aux frais exigibles supprimés. Nous avions donc relevé que les contributions des parents améliorent la qualité des apprentissages et remettent fortement en question la gratuité proclamée de l'école.

Enfin, un autre indicateur de la gratuité que nous avons retenu est le recrutement des enseignants dans le cadre de la contractualisation des instituteurs. Ici, la contractualisation des instituteurs a une influence positive sur la qualité des apprentissages dans ce sens qu'elle améliore l'encadrement pédagogique des élèves. Cependant, l'impact positif de cette opération n'est pas encore perceptible à cause du mode de gestion et d'affectation de ces instituteurs. Il faut dire que ce mode n'obéit pas aux exigences et normes de la gouvernance éducative.

A la suite de ce constat, nous avons formulé quelques suggestions et recommandations dans l'optique d'améliorer substantiellement l'offre d'éducation. On ne saurait parler de la gratuité sans prendre en compte la dimension de la qualité. Aussi pensons-nous que la disposition constitutionnelle sur l'obligation scolaire ne peut être applicable que si et seulement si l'école primaire est réellement gratuite pour favoriser l'égalité des chances et assurer le droit à l'éducation de tous.

Nos recommandations sont allées à l'endroit des pouvoirs publics, des Responsables d'écoles et des enseignants et enfin, des parents d'élèves. Nous avons abouti à la nécessité et l'urgence d'une décentralisation des ressources éducatives pour permettre une gestion efficiente et efficace impliquant la participation réelle de tous les acteurs de la communauté éducative.

La décentralisation apparaît donc en dernière analyse comme une exigence de modernité et d'efficacité du système éducatif camerounais.

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"Il faut répondre au mal par la rectitude, au bien par le bien."   Confucius