IV.4. PRESENTATION DES DONNEES
ISSUES DE L'ENTREVUE
Nos données qualitatives ont été obtenues
à partir des informations recueillies au cours du protocole d'entretien
que nous avions confectionné pour la circonstance. Ce guide d'entretien
s'adressait aux responsables des services centraux et extérieurs du
Ministère de l'Education de Base.
Parmi les responsables des services centraux, nous avions
rencontré l'Inspecteur de pédagogie de l'enseignement maternel
primaire et normal, le chef de division des affaires juridiques, le chef de
division des projets, de la planification et de la coopération, le chef
de cellule de suivi de l'opération des contractualisation, le chef de
cellule de l'orientation scolaire, un Inspecteur national de
pédagogie.
Parmi les responsables des services
déconcentrés, nous avions rencontré les inspecteurs
d'arrondissement et les Directeurs d'école.
Le guide d'entretien comprenait cinq (05) questions ouvertes.
La possibilité était donnée à
l'intéressé de répondre par écrit ou alors en
entretien directif.
1ère question : En quoi
consiste la gratuité de l'école primaire au
Cameroun ?
Des avis recueillis, il ressort que la gratuité au
niveau du gouvernement s'inscrit dans le cadre de l'éducation pour tous
et suivant les objectifs à l'éducation primaire. Cette
gratuité est matérialisée au Cameroun par l'accès
libre de tous sans condition et sans distinction de genre à
l'école.
2ème question : Quels sont
les éléments qui rendent effective la gratuité de
l'école au Cameroun ?
A ce niveau, les avis sont partagés selon qu'on
travaille dans les services centraux ou dans les services extérieurs.
Les responsables des services centraux évoquent les
différentes mesures officielles qui ont été prises depuis
l'annonce du Chef de l'Etat de la suppression des frais exigibles à
l'école primaire publique. Il s'agit donc de la suppression de ces frais
exigibles, l'introduction du paquet minimum dans les écoles et les
crédits de fonctionnement. Par ailleurs, ces Responsables
évoquent également le recrutement des enseignants dans le cadre
de la contractualisation de ceux-ci, la construction et l'équipement des
salles de classe, l'achat des manuels scolaires dans certaines écoles
avec l'aide de l'UNICEF.
Pour les Responsables des services extérieurs, les
mesures prises pour accompagner la gratuité restent inopérantes
du moins insignifiantes. La suppression des frais exigibles a apporté
d'autres problèmes où l'on ne saurait véritablement parler
de l'école gratuite car l'apport des parents reste très utile au
fonctionnement de ces établissements, pensent-ils.
3ème question : Quels sont
les obstacles à la gratuité de l'enseignement primaire au
Cameroun ?
Parlant des obstacles, les responsables des services centraux
pointent un doigt accusateur aux Directeurs d'école qui ne respectent
pas les instructions présidentielles et ministérielles notamment
en ce qui concerne la suppression des frais exigibles. Certains Directeurs
continuent d'exiger sous d'autres formes des frais aux parents
d'élève. Les mêmes Responsables reconnaissent
également que les moyens financiers dont disposent l'Etat sont
limités pour pouvoir acheter les manuels scolaires nécessaires
à tous les élèves. Ils déplorent également
l'arrivée tardive du paquet minimum dans les écoles.
Les Responsables des services extérieurs quant à
eux, trouvent très insignifiant et inadéquat le paquet minimum.
Les Directeurs d'école déclarent qu'avec les retards qu'accuse le
paquet minimum et la caisse d'avance, ils sont obligés de solliciter les
parents à travers les A.P.E pour faire fonctionner les écoles.
Certains parents aussi ont tendance à se désengager totalement de
toute responsabilité vis-à-vis de l'école. Devant cet
état de chose, la gratuité devient un leurre. Parce que les
parents contribuent désormais plus qu'avant la suppression des frais
exigibles. A cela, s'ajoutent les effectifs pléthoriques surtout en zone
urbaine où la demande en éducation est très forte.
4ème question :
La gratuité en question prend-t-elle en compte l'aspect
qualité des apprentissages ?
Parlant de la qualité des apprentissages, les
différents responsables interrogés s'accordent à
énumérer les différentes actions qui sont initiées
par l'Etat pour améliorer la qualité des apprentissages. Il
s'agit entre autre, des journées pédagogiques qui sont
fréquemment organisées, du recrutement ou la contractualisation
massif des instituteurs formés dans les ENIEG, de la construction et de
l'équipement des infrastructures scolaires, des distributions des
fournitures et des manuels scolaires dans les Zones d'Education Prioritaire
(ZEP), des bourses scolaires offertes aux meilleurs élèves,
l'affectation des enseignants vers les zones reculées où les
besoins sont réels, la promotion collective remplace les redoublement
massifs.
5ème question : Les
suggestions pour la mise en oeuvre effective de la gratuité au
Cameroun.
Concernant les suggestions, les Responsables des services
centraux pensent que l'Etat fait beaucoup et va continuer à faire plus
pour la mise en oeuvre effective de la gratuité seulement, chacun doit
prendre ses responsabilités. Ils invitent les Directeurs d'école
à respecter les instructions présidentielles en matière
d'accès libre et gratuit des enfants en âge scolaire à
l'école. L'Etat continuera à respecter ses engagements
conformément aux dispositions constitutionnelles à savoir
s'occuper de la formation des camerounais en rendant l'école accessible
à tous, en fournissant des manuels scolaires et des matériels
didactiques aux élèves et aux enseignants. Tout cela se fera en
fonction, bien sûr, des disponibilités budgétaires.
Pour les Directeurs d'école, la gratuité de
l'école ne doit pas être un vain mot. Elle suppose que les parents
ne supportent aucune charge sur le plan financier. Pour y arriver, le contenu
du paquet minimum doit être revu pour cesser d'être minimum et
répondre aux besoins de l'école. Ils souhaitent que les caisses
d'avance soient directement gérées par les Chefs
d'établissement pour éviter la longue chaîne qui entrave le
processus d'acquisition de celles-ci. Ils pensent également que la
formation des enseignants du primaire aux NTIC doit être obligatoire et
gratuite pour tous. Enfin, la rémunération des enseignants doit
être revue à la hausse pour éviter la clochardisation et
les actes de corruption qui gangrènent le système éducatif
camerounais.
En somme, notre guide d'entretien nous a permis de constater
que les avis sont plus au moins partagés entre les Responsables des
services centraux et les services extérieurs en ce qui concerne la mise
en oeuvre de la gratuité de l'école primaire au Cameroun.
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