II. 3. 2. Théorie de la
reproduction
La théorie de la reproduction est riche aussi bien en
idées qu'en auteurs qui la défendent. En effet, la théorie
de la reproduction postule que l'école n'est pas, comme le
prétend le discours officiel, cette institution juste et neutre dans ses
règles, ses épreuves, son mode de transmission de connaissances
ou son fonctionnement tout court. Parmi les auteurs les plus en vue de cette
théorie, nous retenons Bourdieu et Passeron, Berthelot, Mbala Owono.
La question fondamentale qui guide les analyses de ces
sociologues de l'éducation est : qui réussit et qui
échoue à l'école ?
Bourdieu et Passeron (1971 : 31) sont catégoriques
lorsqu'ils précisent que « le système
d'enseignement contribue de manière irremplaçable à
perpétuer la structure des rapports de classe et de même coup
à la légitimer. » Autrement dit, la
société étant fondée sur la base des classes,
l'école étant le reflet de la société, elle
comporte également des inégalités, des injustices et des
tares qui minent la société. L'école n'est pas une
institution neutre, elle crée et accentue les inégalités
sociales. L'école est considérée dans ici, comme un
instrument de sélection sociale où les riches seuls pourront
toujours avoir la possibilité d'envoyer leurs enfants à
l'école pour recevoir une éducation de qualité, alors que
les pauvres verront leurs enfants exclus du circuit scolaire. La
réussite et même l'inscription à l'école
apparaissent alors déterminées par l'appartenance à une
classe. Mbala Owono (1986), dans une étude réalisée au
Cameroun sur les facteurs de réussite scolaire au secondaire a
confirmé l'hypothèse selon laquelle la réussite au
secondaire est déterminée par l'origine sociale des
élèves. Les enfants qui réussissent sont ceux qui sont
issus des familles aisées.
En somme, contrairement au discours officiel qui proclame
l'égalité des chances et la mobilité sociale à
l'école, et pour notre étude de la gratuité,
l'école semble ne pas fonctionner sur des logiques des apparences. Dans
notre cas, la gratuité de l'école primaire semble fonctionner sur
la base de l'école productrice des inégalités. Autrement
dit, qui inscrit l'enfant à l'école publique et qui inscrit
son enfant à l'école privée ? En clair, les
parents auront toujours à débourser des sommes d'argent pour
l'éducation de leurs enfants soit pour payer les enseignants dits
maîtres des parents dans le cadre des A.P.E.E, soit pour payer des
uniformes ou des fournitures scolaires, soit alors pour participer à la
construction des salles de classe qui n'existent toujours pas et surtout en
zone rurale.
La théorie de la reproduction défend la
thèse selon laquelle la gratuité reste une illusion. C'est un
piège pour les pauvres, car la qualité de l'éducation a un
prix. « Il faut dénoncer cette tromperie pas
très morale, pas très honnête qui consiste à faire
croire que tous sont égaux devant la formation initiale. Pays de droits
de l'homme oblige », soulignent Baehrel et Henderson (op.cit)
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