WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Le déni de grossesse: revue de littérature ; essai de réflexion sur la prise en charge de patientes en déni.

( Télécharger le fichier original )
par Laure SAINTE-ROSE FANCHINE
Université de Nice Sophia Antipolis IAE - Diplôme d'état de sage-femme 2012
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

1.3.3 Désir de grossesse, désir d'enfant ?

Notre bon sens commun voudrait que le désir de la grossesse aille toujours de pair avec le désir d'un enfant. Or les exemples précédents décrivent ces patientes qui désirent être enceintes sans toutefois souhaiter un enfant, tandis que d'autres n'arrivent pas à se projeter dans l'enfant réel, donnant suite à des situations qui sans être aussi dramatiques qu'un déni de grossesse suivi ou non d'un néonaticide, peuvent s'avérer navrantes voire catastrophiques sur le long terme et dans le bon développement de l'enfant (maltraitance, délaissement, abus sexuel...). Désir de grossesse et désir d'enfant ne sont donc pas toujours corrélés.

Le désir de grossesse symbolise davantage la fonction reproductrice qu'une véritable volonté consciente de devenir parent. Pour certaines femmes, notamment celles sous contraception prolongée, la grossesse incarne plus ou moins consciemment un moyen de vérifier leurs capacités de fécondité, de s'assurer du caractère fonctionnel et intact de leur corps, de leur potentiel reproducteur sur un plan uniquement physiologique. Parmi les adolescentes, le désir voire même la préméditation d'une grossesse traduit surtout une recherche de leur féminité, elles qui sont aux prises avec une des crises identitaires majeures de leur existence. La grossesse permettrait d'acquérir à leurs yeux un autre statut social et psychique, et ce souhait reste coupé de toute volonté d'accueillir un nouvel individu à part entière, idée qu'elles n'ont souvent pas même envisagée.

Il peut y avoir volonté délibérée d'avoir un enfant, cet « enfant programmé » qui répond à l'idéal de la normalité et de l'épanouissement, mais avec absence de « l'enfant désiré », donc absence de désir d'enfant. Le désir d'enfant n'est par conséquent pas qu'une volonté consciente et exprimée de fonder une famille pour tendre à un idéal : il est avant tout lié à notre inconscient.

La psychanalyse freudienne conçoit l'idée d'avoir un enfant comme la réalisation d'un désir infantile de la fillette d'autrefois. Par ce désir elle peut s'accomplir en tant que femme, prolonge sa mère pour devenir en finalité sa propre mère. Le désir d'enfant nécessite pour se réaliser une image de référence, la mère idéale, d'où un processus d'idéalisation qui se met en place principalement chez la primipare, et cela même si elle a connu d'importants conflits avec sa mère.

Université Nice Sophia Antipolis - École de Sages-femmes de Nice page 18/89

Pour M. Bydlowski [13], désirer un enfant, c'est « reconnaître sa propre mère à l'intérieur de soi ». Elle a observé que des femmes qui présentait des relations passées ou présentes difficiles avec leur mère, ont tendance à refouler leur désir d'enfant, d'où l'hypothèse de nécessité d'un attachement préoedipien suffisamment bon pour qu'elles souhaitent devenir mère à leur tour.

Le désir d'enfant est donc un processus complexe, qui prend sa source dans les voeux conscients mais aussi dans les représentations inconscientes de chaque parent, issues de sa propre histoire. Parce qu'il dépend du contexte historique et social de chacun, de sa représentation de la mère et de l'identification de l'adulte à ses propres parents, le désir d'enfant est dans un devenir imprévisible à l'avance. Il implique de mentaliser de futures images parentales à partir du vécu, de conceptualiser au sein du couple un enfant en tant qu'individu distinct et qui prendra en finalité sa place dans l'arbre de filiation.

Dans cette optique, la grossesse n'est qu'un « passage nécessaire » [11]. Toute conception et gestation constituent l'incarnation d'un désir sexuel et d'un projet en un développement biologique tangible : l'enfant à naître, l'individu qu'il sera.

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Le don sans la technique n'est qu'une maladie"