6.1.3 Le déni de grossesse : un problème de
santé publique
Les études évoquées
précédemment, dont les résultats sont significativement
proches, présentent le déni de grossesse comme un
phénomène non isolé, largement répandu dans tous
les pays et populations étudiés. Trois fois plus fréquent
que les révisions utérines (1/1500) et jusqu'à cinq fois
plus fréquent qu'une crise d'éclampsie (1/2500) [43], le
déni de grossesse constitue plus que jamais un souci de santé
publique : avec une prévalence de 1 sur 500 naissances, on estime sa
survenue à 1600 cas chaque année en France tous degrés de
gravité confondus.
Le phénomène est d'autant plus alarmant qu'il
est universel et touche tous les types de population, qu'il est
sous-estimé par le personnel soignant peu formé, et qu'il peut
donner lieu à d'importantes complications médicales (pathologies
gravidiques non suivies...), obstétricales (fausse-couche tardive, mort
foetale in utero, accouchement inopiné, néonaticide...),
psychiques et sociales (sidération, décompensation psychique ;
exclusion du cercle familial, incarcération...). Selon J. Wessel [43],
il n'est pas d'autre phénomène aussi dangereux et qui soit aussi
peu considéré à l'heure actuelle : bien que le déni
de grossesse n'ait jusque-là pas permis de classification dans le DSM,
il est tout à fait possible d'élaborer une prise en charge
adaptée.
Université Nice Sophia Antipolis - École de
Sages-femmes de Nice page 69/89
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