5.2 FACTEURS POUVANT FAVORISER UN NEONATICIDE
Dans ses recherches pour sa thèse de médecine
[12], N. Grangaud a rassemblé les facteurs considérés
à l'unanimité par les auteurs comme ayant un impact positif dans
la survenue et/ou la psychodynamique d'un infanticide :
? Le non-désir d'enfant ;
? La grossesse blanche sous toutes ses formes, depuis la
dissimulation jusqu'à la dénégation et le déni de
grossesse, entrainant à divers degrés une absence
d'élaboration psychique de la grossesse, de l'enfant, de l'accouchement
et de la filiation ;
? Une passivité face à la grossesse ;
·
Université Nice Sophia Antipolis - École de
Sages-femmes de Nice page 59/89
Un accouchement subit, inopiné ;
· La solitude au moment de l'accouchement ;
· L'obnubilation somato-psychique entraînée
par l'accouchement ;
· La panique provoquée par la réalité
prenant corps, et entraînant ainsi un acte impulsif dans le but de
supprimer une preuve de sexualité ;
· Une dynamique familiale particulière, soit des
moeurs paternelles très rigides, une relation à la mère
lointaine ou bien hyper-protectrice mais n'intercédant pas correctement
entre père et fille ;
· Un géniteur absent.
5.3 PSYCHISME DE LA MERE NEONATICIDE : DIFFERENTES
OPINIONS
Les études, ainsi que les observations en pratique des
spécialistes, placent l'absence d'élaboration psychique de la
grossesse - comme dans le déni total - comme un facteur de risque majeur
de néonaticide. Lorsque vient le moment de l'accouchement, la femme en
déni doit exécuter ce travail psychique primordial à toute
représentation de l'enfant, pour pouvoir ensuite le considérer
comme un être vivant et différencié d'elle à la
naissance. Si la femme fait face seule au traumatisme de l'accouchement, sa
réalisation psychique ne peut s'accomplir ; et la douleur et
l'incompréhension peuvent la conduire à des actes
inconsidérés et irréfléchis, parfois brutaux, sur
la personne de l'enfant qu'elle ne peut identifier comme tel.
Diverses hypothèses ont été émises
quant au pourquoi du néonaticide, en particulier lorsque le
décès de l'enfant est dû à des causes non naturelles
(étranglement, coups de ciseaux...). Nous ne citerons que quelques-unes
parmi les plus générales et les plus récentes.
5.3.1 La notion d'état de choc
C'est un fait prédominant : les mères en proie
au déni total accouchent dans la douleur et la sidération [15].
Toute pensée quant à une grossesse leur ayant été
épargnée, elles n'ont aucune idée véritable de ce
qui leur arrive, et lorsque l'enfant paraît, elles sont victimes d'une
confusion extrême, qui les conduit à « enlever »
l'objet
Université Nice Sophia Antipolis - École de
Sages-femmes de Nice page 60/89
de leur douleur, à s'en saisir pour faire cesser leur
souffrance par tous les moyens - un véritable cauchemar dans lequel
elles se débattent de manière désordonnée.
|