Le déni de grossesse Mémoire 2012
Université Nice Sophia Antipolis - École de
Sages-femmes de Nice page 57/89
Le déni de grossesse Mémoire 2012
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Le déni de grossesse Mémoire 2012
Le déni de grossesse Mémoire 2012
5 DENI DE GROSSESSE ET NEONATICIDE
5.1 DEFINITIONS - ETAT DES LIEUX
Fait le plus dramatique et le plus aisément
véhiculé par les médias, le néonaticide est
heureusement l'une des conséquences les plus rares du déni de
grossesse.
Philippe Resnick, psychiatre, a défini en 1970 le
néonaticide comme « le meurtre ou l'assassinat par sa mère
d'un enfant âgé de moins de 24 heures ». Il se distinguerait
selon lui du filicide, le meurtre d'un enfant âgé de plus de 24
heures, notamment de part les antécédents de la mère, son
diagnostic psychiatrique, le motif d'un tel geste et les circonstances dans
lesquelles il se réalise.
Malgré l'évolution des modes de contraception,
la réglementation de l'accouchement sous X et de la remise à
l'adoption, le taux de néonaticides en France serait stabilisé
à une moyenne de 70 cas par an depuis plus de 30 ans. Il est cependant
difficile d'établir une estimation exacte, certains accouchements
clandestins suivis de néonaticide n'étant probablement jamais
découverts. [11]
Le néonaticide est sujet classiquement à deux
distinctions :
? Le néonaticide passif, traduisant usuellement la
mort par omission de soins, par négligence ou par abandon : le
nouveau-né décède des suites d'un traumatisme
crânien consécutif à la naissance ou à une chute
directe après l'expulsion ; se noie dans la cuvette des toilettes
où une femme en déni a souvent le réflexe de se rendre au
ressenti des contractions ; meurt asphyxié, d'hypothermie...
? Le néonaticide actif, qui connote le fait de donner
la mort par un acte agressif direct, soit une détermination subite de
« supprimer » l'enfant : le nouveau-né meurt par
étouffement avec la main ou un gant, par étranglement à
mains nues ; dans des cas plus rares, on observe des coups de couteau ou de
ciseaux, un arrachement du cordon...
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Sages-femmes de Nice page 58/89
A noter que les accouchements inopinés faisant suite
à un déni ont fréquemment lieu à domicile ou dans
des endroits isolés en milieu public comme les toilettes ; cela serait
dû à la stimulation du mobile foetal en progression sur la
région anale, provoquant ainsi une sensation de défécation
- bien connue du personnel accoucheur, qui en temps normal guette cette
sensation pour évaluer la descente du foetus dans le bassin maternel, et
éventuellement commencer les efforts expulsifs. Face à cette
sensation impérieuse, les femmes en déni et en proie de
surcroît aux douleurs de l'accouchement ont souvent le réflexe de
se rendre aux toilettes, où elles accouchent dans les minutes qui
suivent.
Suivant les différentes situations, le corps du
nouveau-né peut être retrouvé conservé au
congélateur ou dans un sac plastique dans le garage, inhumé dans
le jardin, dans une poubelle, incinéré...
Le lien entre déni de grossesse et néonaticide
n'a pas été formellement démontré, les
études menées s'avérant jusque-là discordantes dans
leurs résultats [13] [18] [43]. On peut cependant constater que le
risque de néonaticide est plus élevé - estimé par
certains spécialistes à 4 néonaticides pour 5 dénis
totaux - si l'accouchement a lieu de manière brutale et inopinée,
a fortiori si la femme en déni total reste seule tout au long de
l'expulsion et du post-partum immédiat.
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