4.4.2 Déni total : conséquences psychiques
à l'accouchement
La femme qui n'a eu aucune conscience de sa grossesse se
retrouve totalement démunie lorsque survient l'accouchement. Les
douleurs abdominales, qu'elle assimile à des troubles digestifs et non
à des contractions - puisqu'elle n'est pas enceinte - s'avèrent
vite inhumaines, la plongent dans un état de morcellement,
d'incompréhension et de panique qui la dépasse.
Sidérée, souvent elle ne cherche pas à
Université Nice Sophia Antipolis - École de
Sages-femmes de Nice page 56/89
appeler à l'aide. Grippe intestinale ? Règles
douloureuses ? Une infection urinaire carabinée ou bien une autre
colique néphrétique ? Peut-être le « fibrome qui sort
» ? Persuadée qu'elle va mourir, elle s'accroche
désespérément à ces rationalisations et lutte
véritablement pour sa survie, contre cette perte d'elle-même
qu'est en réalité l'accouchement. Elle qui n'a pas pu se
représenter sa grossesse, peut encore moins envisager l'enfant qui
naît comme un être vivant. Sa réalité prend figure de
cauchemar. Elle est seule face à sa douleur, et agit en
conséquence : lorsque la tête de l'enfant paraît, elle s'en
saisit d'instinct et tente par tous les moyens même les plus
extrêmes de s'en défaire, de se libérer de cette souffrance
insurmontable qui la disloque.
« L'épreuve de la naissance est un danger
réel pour la vie de la femme et un danger pour sa vie psychique, du fait
des éprouvés de démantèlement et de
désorganisation ». [25]
4.4.3 Déni total : conséquences physiques et
obstétricales
Peut-être du fait du déni qui va jusqu'à
occulter les premières contractions, le travail semble beaucoup moins
long et bien moins douloureux, cela même et surtout chez la primipare
comme l'observait déjà Marcé. Dans l'étude de
Denain et Valenciennes [32], la grande majorité des naissances suite
à un déni total avait eu lieu à domicile ou aux urgences.
Les patientes acheminées à temps en salle de naissance par le
SAMU arrivaient pour la plupart à une dilatation cervicale
supérieure à 5 cm, parfois même sur le point d'expulser.
Ces accouchements dits foudroyants, ajoutés à
un tel contexte de déni, entraînent de nombreuses complications :
hémorragies vaginales, dilacération du col, rétention
placentaire et hémorragies de la délivrance...
Si la plus grande complication de l'accouchement
inopiné après un déni total - soit le décès
maternel - est fort rare, le décès du nouveau-né dans de
telles conditions est malheureusement beaucoup plus fréquent.
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