WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Le déni de grossesse: revue de littérature ; essai de réflexion sur la prise en charge de patientes en déni.

( Télécharger le fichier original )
par Laure SAINTE-ROSE FANCHINE
Université de Nice Sophia Antipolis IAE - Diplôme d'état de sage-femme 2012
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

1 GROSSESSE PHYSIOLOGIQUE : DIMENSIONS PHYSIQUE, PSYCHIQUE ET SOCIALE

Depuis des années, la littérature et les médias véhiculent quantité de renseignements, conseils, anecdotes, récits sur ce qu'est une grossesse et en quoi elle modifie le corps et la vie d'une femme.

Il n'est pas rare qu'une future/nouvelle maman interrogée fournisse volontiers des détails sur le déroulement physique de sa (ses) grossesse(s) - tels que le temps qu'ont duré les nausées ou celui passé en salle de naissance, ce qu'elle faisait quand elle a perçu les premiers mouvements du foetus, ses envies, ses dégoûts. En revanche, l'évocation du vécu psychique et émotionnel de cette période est souvent plus difficile, rarement spontané. La grossesse n'est pas seulement un phénomène physique comme beaucoup veulent encore le croire, et pour pouvoir envisager un phénomène tel que le déni de grossesse, il est apparu indispensable d'aborder en premier lieu et de manière succincte le contexte psychologique de la grossesse, ou encore appelé gestation psychique.

Pour éviter toute longueur ou répétition, le versant physique de la grossesse ne sera pas décrit dans l'immédiat. Il sera cependant évoqué en comparaison avec les manifestations cliniques du déni de grossesse, traitées dans un chapitre ultérieur.

1.1 GESTATION PSYCHIQUE, L'AUTRE FACETTE DE LA GROSSESSE

1.1.1 Vécu psychique de la grossesse : quelques notions de base

Tous les spécialistes s'accordent à dire que la grossesse, source de profonds changements physiques, est également une phase marquée de doutes et de questionnements. Expérience de maturation psychologique, voire même véritable crise identitaire pour certains, la gestation psychique est imprégnée de troubles de l'humeur physiologiques qui témoignent d'une grande vulnérabilité chez la femme enceinte.

Université Nice Sophia Antipolis - École de Sages-femmes de Nice page 10/89

Dès 1858, Marce cité par Annie Gorre-Ferragu dans sa thèse de médecine [11] décrit la grossesse comme « un de ces états physiologiques dans lequel le système nerveux peut acquérir une mobilité et une impressionnabilité excessive ». Une hypersensibilité croissante pendant la grossesse, que Donald Winicott rattache à la préoccupation maternelle primaire, état psychiatrique très particulier qui après la naissance, permettra à la mère de comprendre et de répondre aux besoins de son enfant de la meilleure manière qui soit.

De même, A. Gorre-Ferragu [11] dans sa thèse de médecine dénote un fort mécanisme d'introversion propre à la grossesse : l'investissement psychique maternel pour le foetus est intense, au détriment de son intérêt pour le monde environnant professionnel, social, ou ludique. Cet hyperinvestissement mental, loin d'être pathologique, constituerait les prémices de la relation mère-enfant, mais il est relativement peu présent de manière spontanée dans le discours des futures mères. Cependant, selon la psychiatre psychanalyste Monique Bydlowski, l'anxiété maternelle entraîne l'effet inverse en cas de grossesse suivant un décès périnatal, et on assiste alors à une riche verbalisation du processus.

Les préoccupations anxieuses sont légion pendant la grossesse, diverses dans leur expression psychique voire somatique, mais toujours présentes et à différents degrés selon l'histoire de la patiente. Qu'elles s'expriment par la crainte d'une fausse-couche au premier trimestre ou de l'éventualité de malformations foetales au second, par la peur au troisième trimestre de complications à l'accouchement ou de ne pas savoir s'occuper du nouveau-né, toutes ces préoccupations sont centrées sur la grossesse et son déroulement.

En psychanalyse, le terme de « transparence psychique » est attribué à la grossesse, qui devient un temps de pensées et de désirs clairs, propice à un travail psychanalytique. Le psychisme maternel est soumis d'après M. Bydlowski à une « grande perméabilité mentale où des fragments de l'inconscient viennent à la conscience » [11]. Des conflits intrapsychiques et non résolus remontent à la conscience, synonymes souvent de douleur et d'angoisse. Par cette transparence psychique, la femme enceinte connaît un véritable « état de grâce », via lequel elle peut affronter son passé en revivant des expériences oubliées ou refoulées de l'enfance ou de l'adolescence, puis accepter et sublimer ces souvenirs. Si la patiente en analyse ou en

Université Nice Sophia Antipolis - École de Sages-femmes de Nice page 11/89

suivi psychothérapeutique connaît donc une amélioration de son état psychique le temps de sa grossesse, il est également courant que cette vulnérabilité physiologique et psychologique puisse conduire à des décompensations voire des bouffées délirantes après l'accouchement.

Pour anticiper ce qui sera traité plus tard, la transparence psychique pourrait constituer l'un des mécanismes à l'origine du déni de grossesse : le déni en évitant l'idée de grossesse, évite la reviviscence d'un passé trop douloureux et donc considéré comme insoutenable pour le psychisme maternel.

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Et il n'est rien de plus beau que l'instant qui précède le voyage, l'instant ou l'horizon de demain vient nous rendre visite et nous dire ses promesses"   Milan Kundera