Le déni de grossesse Mémoire 2012
Université Nice Sophia Antipolis - École de
Sages-femmes de Nice page 35/89
Le déni de grossesse Mémoire 2012
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Le déni de grossesse Mémoire 2012
2.4 CLINIQUE DU DENI DE GROSSESSE
2.4.1 La grossesse en déni ou « grossesse
blanche »
Si le déni de grossesse ne cesse de surprendre
aujourd'hui encore, c'est probablement par les signes ou plutôt l'absence
de signes qui accompagnent le phénomène. Tronquée de toute
grossesse psychique, la grossesse physique existe et se poursuit, à
l'insu de tous et surtout de la future mère, que l'absence ou le peu de
signes de grossesse peut renforcer dans son déni.
2.4.1.1 Signes sympathiques de grossesse
Les nausées, l'hypersomnie, la tension mammaire sont
des manifestations liées aux importantes modifications hormonales
engendrées par la grossesse. Usuellement inconstants dans leur survenue
et leur importance d'une femme à l'autre, ces signes sympathiques sont
le plus souvent inexistants chez les patientes en déni de grossesse.
Celles qui les remarquent les attribuent à une autre cause, les amenant
à poursuivre ainsi leur vie quotidienne comme si de rien n'était.
Certaines font du sport de manière intensive jusque très
tardivement dans la grossesse, ou accomplissent des tâches fatigantes
dans leur travail sans en ressentir la moindre gêne.
2.4.1.2 Aménorrhée et saignements
vaginaux
L'arrêt de menstruations est un fait pleinement connu
dans le grand public, et constitue donc pour la plupart des grossesses
débutantes le signe d'appel d'un test de grossesse ou d'une consultation
de contrôle chez un médecin.
Dans le déni de grossesse, lorsque
l'aménorrhée est effective et constatée, la femme lui
attribue une cause tierce telle qu'un stress important (au travail ou dans sa
vie sentimentale), un nouveau régime alimentaire, un changement de
contraception qui aurait déréglé ou momentanément
arrêté ses cycles menstruels, ou encore un début de
ménopause si son âge concorde. Cette rationalisation de
l'aménorrhée est d'autant plus fréquente voire
fondée si la patiente présentait déjà des cycles
irréguliers avant cette grossesse.
D'après les études menées,
l'aménorrhée n'est pas une constante dans les cas de déni.
La question de saignements vaginaux persistants et pouvant être
assimilés à des
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menstruations a longtemps constitué un sujet de
débat concernant le déni de grossesse : de nombreuses femmes
après leur déni parlent spontanément de leurs cycles
irréguliers maintenus pendant la première partie voire durant
toute leur grossesse, et qui les auraient ainsi induites en erreur. Selon
l'étude du Pr. Christoph Brezinka, 12 patientes interrogées
signalaient des saignements irréguliers et ce jusqu'au huitième
mois de grossesse pour certaines, 4 autres avaient des saignements
réguliers ressemblant en tout point à des règles. Seules 7
patientes sur 27 étaient en aménorrhée, et 2 d'entre elles
pensaient débuter la ménopause.
J. Wessel dans une nouvelle étude conduite en 2005
[18] a soumis des patientes à des dosages hormonaux après
l'accouchement faisant suite à leur déni de grossesse. Sur les 28
patientes s'étant prêtées à l'expérience, 6
n'avaient jamais saigné, 22 avaient saigné au moins une fois au
cours de leur grossesse déniée, et 7 disaient présenter
des saignements comparables aux règles. Leurs dosages de TSH, DHEA,
oestradiol, progestérone et testostérone n'ont
révélé aucune différence notable comparés
à ceux réalisés chez 126 autres femmes ayant vécu
une grossesse normale, ce qui ne permet pas pour le moment d'expliquer ou
d'authentifier leurs propos quant à des cycles persistants pendant leur
grossesse déniée.
Outre des étiologies encore floues de
décollement placentaire ou de pathologies associées pendant ces
grossesses ignorées, la persistance de saignements vaginaux est
aujourd'hui scientifiquement expliquée chez les patientes sous
contraception orale. Celles-ci commettent une erreur dans la prise du
contraceptif, et continuent leur contraception dans l'ignorance de la grossesse
débutante. La desquamation périodique de l'endomètre
s'effectue toujours dans le canal cervical malgré la grossesse
sus-jacente, donnant ainsi lieu à une hémorragie de privation que
toute femme sous contraceptif oral connait généralement, et qui
dans le contexte de déni de grossesse entretient l'illusion d'absence de
gestation [23] [25].
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