2.1.2 Prise de conscience en France : l'affaire des «
bébés congelés »
C'est vraisemblablement avec l'affaire Courjault que le
déni de grossesse, qui hantait pourtant les faits divers depuis
plusieurs décennies, se retrouve propulsé en première page
sous sa forme la plus frappante et la plus dramatique : l'accouchement à
domicile, suivi du décès de l'enfant - et, dans ce cas
particulier, de la conservation de son corps par sa mère.
En juillet 2006 à Séoul, la découverte de
deux cadavres de nouveau-nés dans un congélateur défraie
la chronique. Le couple incriminé, Véronique et Jean-Louis
Courjault, nie farouchement sa responsabilité et invoque
l'hypothèse d'un complot, jusqu'à ce que les tests ADN
authentifient les deux corps comme étant leurs enfants. L'affaire prend
une tonalité internationale lorsque les autorités
françaises reprennent l'enquête et aboutissent aux mêmes
conclusions que leurs homologues sud-coréens. C'est finalement
près de trois mois plus tard que Véronique Courjault avoue avoir
accouché clandestinement, puis tué et congelé les deux
bébés en 2002 et 2003, ainsi qu'un autre enfant en 1999 alors
qu'elle résidait encore en France. Un non-lieu est prononcé pour
Jean-Louis Courjault, tandis que son épouse est condamnée en 2009
à huit ans de prison pour les trois infanticides, puis
bénéficie d'une mise en liberté conditionnelle en 2010.
Depuis 2006, les affaires de déni de grossesse se
multiplient dans les médias, et le phénomène, qui tour
à tour sidère, révulse et fascine, est désormais
connu d'un public toujours plus large. Cependant, cette médiatisation
que l'on pourrait qualifier de démesurée ne reflète
guère la réalité : l'accouchement inopiné à
domicile suivi de la
Université Nice Sophia Antipolis - École de
Sages-femmes de Nice page 24/89
mort - accidentelle ou provoquée - du nouveau-né
ne représente, nous le verrons plus tard, qu'une mince proportion des
cas de dénis de grossesse.
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