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Problématique de la gratuité de l'école: cas de la circonscription scolaire d'Akpro-Missérété au Bénin

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par Arnaud DANGBENON
Université d'Abomey-Calavi (Bénin) - Maà®trise option développement communautaire 2010
  

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2.2 Cadre théorique

Rendre gratuite l'école suppose une réflexion qui analyse les tenants et aboutissants d'une telle initiative. Cela suppose une analyse des déterminants ainsi que des impacts d'une telle mesure sur la condition humaine. Ainsi, cette étude prend appui sur la théorie du capital humain, développé pour la première fois en 1961, par l'économiste américain Theodore Schultz, approfondi puis vulgarisé à partir de 1965, par Gary Stanley Becker , qui obtint en 1992 le ' prix Nobel d'économie pour son développement de cette théorie.

LA THEORIE DU CAPITAL HUMAIN

Cette théorie postule que « le capital humain est l'ensemble des compétences, qualifications et autres capacités possédées par un individu à des fins productives. Il peut être inné ou s'acquérir durant le cursus scolaire, universitaire ou au cours d'expériences professionnelles, par la transmission de savoirs et qualifications ». Le capital humain initial revêt des formes comme l'intelligence, la force physique ou les connaissances transmises par la famille. Il répond plus à des facteurs génétiques ou familiaux qu'économiques et est supposé peu modulable au cours du temps.

Ses coûts d'acquisition sont faibles, attribuables en partie à l'attention portée à l'enfant par les parents et les bénéfices, en termes monétaires, sont supposés fixes dans le temps. Les compétences acquises sont considérées, dans la théorie du capital humain (Becker, 1964), à la fois comme un bien de consommation durable (on peut acquérir des connaissances à tout âge), un bien spécifique (les compétences de chacun leur sont propres, limitées par leurs capacités physiques et intellectuelles et non exploitables sans leur volonté) et un bien de production (ces compétences déterminent la productivité de l'individu et doivent à ce titre être considérées comme un facteur de production au même titre que la terre et les machines).

La théorie du capital humain est construite par analogie à la théorie du capital physique. L'éducation et la formation sont considérées comme des investissements que l'individu effectue rationnellement afin de constituer un capital productif inséparable de sa personne.

Pour celui-ci, toute formation est coûteuse. Tant que la scolarité est obligatoire, l'individu n'a pas d'autres choix que l'étude. Les coûts relatifs à l'acquisition de connaissances ne sont que des coûts directs (frais de scolarité et d'entretien). Sitôt que la scolarité n'est plus obligatoire, l'individu a comme alternative, à l'étude ou la formation professionnelle, le travail. Les coûts relatifs sont alors de deux sortes : d'une part, un coût d'opportunité équivalent au salaire auquel l'individu pourrait prétendre s'il travaillait à temps complet (ce salaire dépend de ses compétences à la période considérée et peut être amputé du salaire qu'il perçoit effectivement si l'individu partage son temps entre l'étude ou la formation et un emploi rémunéré) ; d'autre part, un coût direct relatif aux frais engagés pour cet investissement. En retour, les connaissances acquises procurent à l'individu une source durable de revenus lorsqu'elles sont utilisées dans le cadre de ses activités professionnelles. L'acquisition de capital humain contribue, en effet, à accroître les compétences de l'individu et ainsi sa productivité marginale. La théorie du capital humain fonctionne par analogie à celle du capital financier ou physique. On considère que le capital humain est formé de trois éléments : les compétences, les expériences et les savoirs qui, ensemble, déterminent une certaine aptitude de l'individu à travailler. De même que le capital physique, le capital humain peut s'acquérir (par l'éducation), se préserver et se développer (par un entretien à travers des formations continues et/ou l'attention portée à la santé de l'individu). De même, il doit pouvoir produire un bénéfice (les revenus perçus lors de la mise à disposition des compétences). On peut distinguer le capital humain spécifique, qui comprend les compétences non transférables, et le capital humain générique avec ses compétences transférables. Selon la mise en valeur de l'un ou de l'autre par l'investissement, l'individu est pris en compte différemment dans l'économie de gestion.

Qui dit capital, dit investissements. Avec ce nouveau concept de capital humain, s'ouvre toute une gamme d'investissements autour des axes majeurs de l'éducation et de la santé. L'investissement en capital humain consiste donc dans l'ensemble des dépenses effectuées dans ce sens. Ces dépenses sont estimées en deux temps : on a d'une part les coûts directs (frais de scolarité, de médecine...) et de l'autre les coûts d'opportunité. Ces derniers résident dans l'arbitrage des individus dans leur gestion du capital humain. Par exemple, choisir de poursuivre ses études universitaires, plutôt que d'entrer immédiatement après le Bac dans la vie active, a un coût d'opportunité estimé, le plus souvent, avantageux par rapport à la situation inverse. Dans tous les cas, on espère un retour d'investissement.

Encourager l'éducation pour tous est donc une dépense d'investissement que l'Etat doit consentir pour en arriver à un meilleur bien- être social des individus par la construction d'un capital humain. Selon l'OCDE, en matière économique, le capital humain a une incidence positive à deux niveaux.

· Au niveau micro-économique (l'individu), on mesure le taux de rendement des investissements en formation sur les revenus du travail (la détention de diplômes est corrélée à la hiérarchie des revenus).

· Au niveau macro-économique, le taux de rendement social mesure l'impact des investissements sur la croissance économique et l'ensemble de la société.

Le niveau d'enseignement ne joue cependant pas le même rôle selon le niveau de développement des pays. Dans les pays développés, l'enseignement supérieur joue un rôle significatif dans la croissance. Le nombre d'ingénieurs et de scientifiques a un impact positif sur la productivité. Dans les pays les moins développés, c'est l'enseignement primaire et secondaire qui joue ce rôle. Cette théorie met également en évidence l'impact du capital humain sur tous les aspects du bien-être : on constate une corrélation entre l'élévation du capital humain et la réduction des inégalités de revenus, l'amélioration de la santé, le recul de la délinquance, la participation à la vie publique.

Nous pouvons résumer notre approche comme suit :

Investissements en éducation

Investissement en éducation

Formation générique transférable (éducation primaire et secondaire)

Formation spécifique non transférable (enseignement supérieur, formation continue professionnelle)

Surtout dans les pays en voie de développement surtout dans les pays développés

Accroissement du capital humain

Accroissement des revenus (niveau micro-économique

Développement social et économique, bien-être social (niveau macro-économique)

Dans un contexte de marche vers le développement, rendre gratuite l'école serait donc un investissement qui aura pour finalité d'améliorer le capital humain. Assurer le minimum de compétences, c'est-à-dire des compétences transférables, utilisables à tous les niveaux peut permettre à l'individu, soit de poursuivre ses études, soit de rentrer dans la vie active en optimisant ses revenus. Cela permet un développement social et économique harmonieux et contribue à la réduction des inégalités de revenus. Par ailleurs, l'individu dont les revenus s'accroissent a plus de facilité à investir dans sa formation spécifique pour accroitre encore plus ses revenus et dans l'éducation de sa famille.

La théorie du capital humain explique donc comment l'investissement en éducation peut concourir à un développement social et économique d'un pays. Ainsi rendre gratuite l'école est un investissement que l'Etat doit consentir pour favoriser son essor rapide et tendre vers le bien-être des citoyens.

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"Le doute est le commencement de la sagesse"   Aristote