La problématique de l'humanisme dans " qu'est ce qu'une vie réussie? " de Luc Ferry( Télécharger le fichier original )par Ericbert TAMBOU Université catholique d'Afrique Centrale Yaoundé - Licence en philosophie 2011 |
3. La doctrine du salut : pour une spiritualité laïquePlaidant en faveur d'un nouvel humanisme, Luc Ferry poursuit la quête de ce que les Grecs et les chrétiens nommaient la doctrine du salut. Contrairement à ses pairs Grecs et Chrétiens, Luc Ferry entend par doctrine du salut, « une invitation à vaincre les peurs pour se réconcilier avec la vie et se «sauver par soi-même''. »49(*) Cette nouvelle doctrine du salut qualifiée par Luc Ferry de « doctrine humaniste du salut »50(*) comporte quatre piliers qui pourraient être considérés comme le « socle d'une spiritualité laïque »51(*) : la singularité, l'intensité de la vie, la sagesse de l'amour et l'instant éternel. La singularitéCe premier pilier est issu directement de l'idéal de la pensée élargie. Il nous invite à la « singularisation de nos expériences, pour ne pas dire de nos vies »52(*) qui nous arrache à nous-mêmes pour comprendre autrui. Le monde se construit, se fait et s'enrichit par des singularités surtout quand elles acceptent de parler le langage de l'universel. Par la singularité, les cultures s'enrichissent les unes les autres. En cela, la singularité rejoint l'idéal de la pensée élargie, car « en m'arrachant à moi-même pour comprendre autrui, en élargissant le champ de mes expériences, je me singularise puisque je dépasse tout à la fois le particulier de ma condition d'origine pour accéder, sinon à l'universalité, du moins à une prise en compte chaque fois plus large et plus riche des possibilités qui sont celles de l'humanité tout entière. »53(*) Il faut noter ici comme le rappelle si bien Luc Ferry, qu'accepter la diversité (les singularités) ce n'est pas la révérer. Pour comprendre l'autre et mesurer ce qui nous sépare de lui, il ne faut pas renoncer à soi. L'intensité de la vieAssumer le critère nietzschéen de l'intensité : voilà le second pilier d'une spiritualité laïque. La vie la plus riche, la plus intense, la plus singulière et la plus élargie était celle qui aux yeux de Nietzsche synchronisait harmonieusement en elle « la plus grande diversité possible d'expérience agrandissant notre point de vue sur l'humanité. »54(*) En l'absence de toute référence extérieure ou supérieure à l'individu, la vie bonne, c'est la vie la plus pleinement vécue, celle dans laquelle on est tout à la fois « vraiment soi-même'' et pleinement investi dans les activités de son choix. Ce critère nietzschéen nous invite à une vie plus élargie, ouverte au monde et aux autres. On vit d'autant plus intensément que l'on s'ouvre le plus à l'autre, à la nouveauté, à la diversité des cultures et des êtres. Un tel chemin culmine dans l'expérience de l'amour. * 49 Ibid., p. 471. * 50 Idem. * 51 Ibid., p. 472. * 52 Idem. * 53 Luc FERRY, Apprendre à vivre. Traité de philosophie à l'usage des jeunes générations, op. cit., p. 292. * 54 Luc FERRY, Qu'est ce qu'une vie réussie ?, op. cit., p. 476. |
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