La problématique de l'humanisme dans " qu'est ce qu'une vie réussie? " de Luc Ferry( Télécharger le fichier original )par Ericbert TAMBOU Université catholique d'Afrique Centrale Yaoundé - Licence en philosophie 2011 |
III. Une nouvelle approche de la question du bonheurAprès trois siècles de déconstruction de tous les idéaux (cosmos des anciens, le Dieu des chrétiens, les utopies), le monde a perdu la sagesse. Faute de sens et parce qu'il faut bien des buts dans la vie, il se rabat sur le rêve éveillé des succès mondains et professionnels qu'il érige en absolu. Il faut donc selon Luc Ferry repenser une sagesse, une sagesse des modernes qui ne s'appuie ni sur la sagesse antique trop marquée par une cosmologie périmée, ni sur la vision chrétienne trop attachée à une foi qui relève désormais du choix intime. Cette sagesse nouvelle nous la présenterons suivant trois axes : théorie, éthique et sotériologie. 1. Théorie : l'âge de l'autoréflexionLuc Ferry distingue trois âges de la science. Le premier nous vient de la Grèce Antique. « Contemplation de l'ordre du monde, compréhension de la structure du cosmos, elle n'est pas (...) une science indifférente aux valeurs ou, pour parler le langage de Max Weber, «axiologiquement neutre''. »39(*) La science grecque lie de manière intrinsèque connaissance et valeurs car en découvrant la nature, elle met elle-même en évidence un comportement moral pour l'homme. Le second âge, qui est celui de la révolution scientifique moderne (avec Copernic et Newton), écrit Luc Ferry, « voit émerger à l'encontre du monde grec, l'idée d'une connaissance radicalement indifférente à la question des valeurs. »40(*) La science désormais dit «ce qui est'' et non «ce qui doit être''. La science n'est plus normative ; elle ne nous indique plus rien sur le plan éthique. Le troisième et dernier âge selon Luc Ferry, met en cause et complète le second âge. Ce troisième âge est celui de « l'autocritique ou autoréflexion qui caractérise au plus haut point l'humanisme contemporain post-nietzschéen. »41(*) Cet âge de la science poursuit Luc Ferry, apparaît à la fin de la deuxième guerre mondiale après l'interrogation sur les méfaits et les dangers de la science et surtout après la destruction par la bombe nucléaire de Hiroshima et Nagasaki. Cette autocritique va s'étendre sur tous les domaines où la science pourrait avoir des implications morales et politiques. C'est ainsi que naîtront la bioéthique et l'écologie. « La science cesse d'être autoritaire pour commencer de s'appliquer à elle-même ses propres principes, ceux de l'esprit critique et de la réflexion - lesquels, du coup, deviennent bien autocritique ou autoréflexion. »42(*) * 39 Ibid., p. 459. * 40 Ibid., p. 460. * 41 Luc FERRY, Apprendre à vivre. Traité de philosophie à l'usage des jeunes générations, op. cit., p. 277. * 42 Ibid., p. 278. |
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