La problématique de l'humanisme dans " qu'est ce qu'une vie réussie? " de Luc Ferry( Télécharger le fichier original )par Ericbert TAMBOU Université catholique d'Afrique Centrale Yaoundé - Licence en philosophie 2011 |
Conclusion partielleAu demeurant, notre préoccupation au cours de ce chapitre a consisté à évoquer quelques points par lesquels le message de l'humanisme de l'homme-dieu reste une sagesse pour notre époque : il s'agit de la pensée élargie qui grâce au voyage et à l'apprentissage des autres langues se présente comme l'avenir de l'humanité et l'amour du singulier qui est une invitation à aimer chez l'autre ce qu'il a de subjectif et de personnel. D'autre part, nous avons mis en lumière quelques limites de l'humanisme de l'homme-dieu de Luc Ferry. Celles-ci nous ont permis de montrer que la transcendance de Dieu est extérieure et intérieure à l'homme, que l'humanisation se fait aussi par le biais d'une expérience spirituelle et mystique. Mais aussi nous avons montré que le sacré n'a de sens que dans le cadre de la religion car il est son expression. Ceci nous a permis pour finir, d'évoquer en perspective la figure que pourrait prendre l'humanisme dans notre temps. Nous avons proposé un humanisme de la finitude c'est-à-dire un humanisme qui en reconnaissant ses limites qui sont naturelles, socio-politiques et métaphysiques, renoncent par humilité et lucidité à les dépasser. CONCLUSION GÉNÉRALENotre travail avait pour but de présenter le nouvel humanisme de l'homme-dieu ou humanisme spiritualiste. Celui-ci part d'un principe : certaines valeurs sont supérieures à la vie et à l'existence à savoir l'amour, la justice, la beauté et la vérité. Cet humanisme ne recourt pas à une explication théologique ou à une démonstration logique faisant autorité, mais il accepte une part d'inexpliqué dans l'homme située au-delà de la nature. Cet humanisme de l'homme-dieu, incarné dans l'immanence d'une conscience, relie tous les hommes entre eux. Il renferme en lui une part de sacré qui vise l'universel, l'éternité, voire l'immortalité. Pour arriver à cette conclusion, il nous a semblé judicieux de préciser le contexte d'émergence de la pensée de Luc Ferry. Ce dernier écrit et pense dans un monde laïcisé et désenchanté où le réel est organisé par la science et la technique. Ensuite nous avons fait allusion à Nietzsche qui, avec sa déconstruction de la métaphysique va accompagner le désenchantement du monde occidental. A la question «qu'est-ce qu'une vie réussie ?'', qui lui a servi de fil conducteur, Luc Ferry propose un humanisme non hostile à la transcendance, mais qui la situe au coeur même de l'humain. Le recours à cette transcendance horizontale se fonde selon lui sur le caractère irréductible de la liberté humaine ainsi que sur la persistance en nous des valeurs éthiques, scientifiques et même esthétiques. Ce nouvel humanisme englobe le renouveau de la vocation éthique de la théorie à partir de la conception autoréflexive de la science contemporaine, une nouvelle humanisation du cosmos qui passe par le concept kantien de la «pensée élargie'' et enfin une doctrine humaniste du salut reposant sur quatre piliers à savoir : la prise en compte de la singularité, le recours au critère nietzschéen de l'intensité harmonieuse de la vie, l'exigence retrouvée de l'amour chrétien et la capacité stoïcienne d'éprouver l'instant présent comme éternité. Ces quatre dimensions constituent pour Luc Ferry la réponse à la question de la vie réussie. Bien qu'il demeure pour notre époque un message de sagesse avec son invitation à aimer en l'autre ce qu'il a de singulier mais aussi par l'exigence de la «pensée élargie'', avenir de l'humanité, pour séduisant que soit cet humanisme l'homme-dieu, il n'est cependant pas entièrement convaincant. C'est la raison pour laquelle nous nous sommes permis d'émettre quelques réserves. A travers ces réserves, nous avons montré qu'après tout Dieu est présent en l'homme, qu'il y a à côté de la philosophie l'expérience mystique et spirituelle qui ouvre la voie à l'humanisation et enfin que le sacré est une catégorie d'interprétation religieuse et par conséquent ne peut être défini que dans le cadre de la religion. Au terme de cette présentation, nous sommes arrivés à penser, à cause de la finitude de l'homme, que le véritable humanisme qu'il faut pour notre temps est un humanisme de la finitude qui, reconnaissant ses limites naturelles, socio-politiques et métaphysiques renonce à les dépasser par humilité afin de mieux penser et accepter sa condition humaine. Au demeurant donc, l'humanisme de l'homme-dieu tel que nous le propose Luc Ferry, pose finalement avec gravité la question au philosophe comme au théologien sur ce que leur réflexion rend possible en termes de vivre et d'horizon de sens pour l'humanité. Ouvrages de Luc Ferry : 1. Apprendre à vivre. Traité de philosophie à l'usage des jeunes générations, Paris, Plon, 2006. 2. L'homme-Dieu ou le sens de la vie, Paris, Grasset, 1996. 3. Qu'est ce qu'une vie réussie ?, Paris, Grasset, 2002. Ouvrages philosophiques : 1. AUROUX Sylvain (dir.), Les notions philosophiques, t1, Paris, PUF, 2002. 2. CAPELLE Philippe, COMPTE-SPONVILLE André, Dieu existe t-il encore ?, Paris, Cerf, 2006. 3. DELSOL Chantal, Éloge de la singularité. Essai sur la modernité tardive, Paris, La Table Ronde, 2007. 4. DESCARTES René, Lettre à Mersenne, 15 avril 1630. 5. MESLIN Michel, L'expérience humaine du divin. Fondements d'une anthropologie religieuse, Paris, Cerf, 1988. 6. MILOSZ Czeslaw, Visions de la baie de San Francisco, Paris, Fayard, 1980. 7. MONTAIGNE Michel, Essais, Paris, PUF, 2004. 8. NIETZSCHE Friedrich, Ainsi parlait Zarathoustra, trad. Bianquis, Paris, GF-Flammarion, 1997. · Ecce homo. Nietzsche contre Wagner, trad. Blondel, Paris, GF-Flammarion, 1992. · La volonté de puissance, t.1, trad. Bianquis, Paris, Gallimard, 2007. 9. OTTO Rudolf, Le sacré. L'élément non rationnel dans l'idée du divin et sa relation avec le rationnel, Paris, Payot, 1969. 10. PASCAL Blaise, Pensées, coll. Livre de Poche, Paris, Librairie Générale Française, 1962. 11. SAINT AUGUSTIN, Confessions, trad. Arnauld d'Andilly, Paris, Gallimard, 1993. Autres ouvrages: 1. AKOUN André (dir.), Dictionnaire de sociologie, Paris, Le Robert/Seuil, 1999. 2. JEAN PAUL II, Lettre encyclique «Veritatis Splendor'', Paris, Mame/Plon, 1993. Articles, Revues et Cours: 1. ANTOINE Agnès, L' « humanisme spiritualiste » de Luc Ferry, in Esprit n°227, décembre 2006. 2. DANIEL Jean, «Le seul bagage qui vaille...'' in Le Nouvel Observateur, Hors série, n°28, Novembre 1996. 3. NDEH Dominique, Cours de philosophie de la religion, inédit, 2008-2009. 4. Panorama, n°358, Septembre 2002. Pages électroniques : 1. http://fr.wikipedia.org/wiki/Bouddhisme. 2. http://www.kanjamadi.com/mahamadsangare.html |
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